40. Protège-moi

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La crise de spasmophilie qui résulte de la résurgence de tout ce qu'il s'est réellement passé cette nuit là est la plus forte que je n'ai jamais vécue. Maxence parvient à me calmer au prix d'efforts exceptionnels. Je crois bien que je lui ai donné, malgré moi, plusieurs coups en me débattant inconsciemment.

J'en ressors épuisée comme je ne l'ai jamais été. Dans un état catatonique.

Je n'ai pas dit un mot. Je ne pleure plus. Je ne bouge plus. Je ne pense même plus. Je suis en état de choc.

Devant ma léthargie, mon mutisme, mon regard fixe et l'absence totale de réaction de ma part, je perçois que Maxence prend la décision de m'amener à l'hôpital.

Face aux médecins, je n'arrive pas à décrocher un mot ou à répondre à leurs ordres. Je les entends évoquer un internement. Et je m'en moque royalement.

Je veux juste qu'on me laisse tranquille. Je voudrais oublier. Je voudrais ne plus rien ressentir. Je voudrais ne plus exister. Je voudrais mourir.

S'ils me placent dans un service psychiatrique, peut-être qu'ils me donneront un traitement si puissant que je pourrais anesthésier mon esprit ? Mes pensées ? Tout ce que je ressens ? Tout oublier...

– Calie ! Parle-nous. Dis quelque chose je t'en supplie. Réagis s'il-te-plaît sinon ils vont t'interner...

Sa voix trouve un chemin jusqu'au plus profond de mon âme. Je ne saurais expliquer pourquoi mais l'entendre, sentir sa présence près de moi me donne envie de revenir à moi.

– Je... Je veux parler à Océane et Chloé.

– D'accord, je les appelle immédiatement.

Les médecins m'ont entendu répondre. Ils reviennent vers moi et me donnent quelques consignes que j'exécute sans entrain. Cependant, cela a l'air d'être suffisant puisque mon transfert en psychiatrie est annulé.

Ils interrogent à nouveau Maxence sur ce qu'il s'est passé juste avant que je me retrouve dans cet état. Selon eux j'ai toutes les caractéristiques d'un syndrome post-traumatique.

Mes deux amies arrivent plutôt rapidement et en même temps. J'aperçois Léo et Paul, particulièrement inquiets, dans le couloir. J'apprécie que mon cousin respecte ma demande et reste à l'extérieur de ma chambre. Maxence, sans que j'aie besoin de le lui demander, les rejoint. Je me retrouve seule devant ma meilleure amie et mon ancienne colocataire.

Je leur raconte tout : ce qu'il s'est passé entre Maxence et moi puis... le viol. Sans préambule. Sans fard. Ne leur épargnant aucun détail car je suis bien incapable de trier les informations et les souvenirs qui ont pris possession de mon cerveau.

– Chloé... Je voudrais que tu sois mon avocate s'il-te-plaît. Je ne pourrais pas être accompagnée par quelqu'un d'autre que toi et je...

– Calie n'en dit pas plus. Bien sur que j'accepte.

Je hoche la tête dans un signe de remerciement.

– Cécé, j'ai besoin de ton aide. Protège-moi...

– Je suis là Calie. Moi aussi tous les autres.

Je m'effondre en pleurs dans leurs bras. Mes larmes coulent longtemps. Très longtemps.

Mes deux amies attendent que ce soit moi qui romps notre étreinte.

– Tu ne te souviens pas du tout de son visage ?, m'interroge Océane.

– Non. Mes souvenirs ne me laissent aucun indice sur son identité.

– On va le faire tomber quand même. Ça prendra le temps qu'il faudra mais il va payer.

Le bal des papillons (Tome 2)    Après les cendres... le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant