Le bal des papillons (Tome 2) Après les cendres... le réveil

51. Je n'aurai pas le dessus

Joshua me traîne jusqu'au comptoir derrière lequel il me force à m'accroupir à ses côtés.

Il se comporte comme une proie acculée et désespérée. Une sueur moite et malodorante couvre sa peau. Il respire difficilement comme s'il était en plein marathon. Son regard fuyant ne pas plus d'une seule seconde sur un même point. Joshua est totalement en panique et semble carrément perdre pied.

Le voir ainsi est loin de me rassurer. Maintenant que j'ai réussi à mettre Zoé et Océane à l'abri, je prends pleinement conscience du danger que je cours. Au fond de mon être, je sais que Joshua est capable du pire si cela peut lui permettre de sauver sa peau ou de sauver les apparences.

Sauf qu'il a l'air en dehors de la réalité. Comme dans un état second, un état de folie pure. Il faut que j'essaie de le raisonner, de le rendre réellement conscient de ses actes.

Le téléphone sonne à nouveau. Bien évidemment, il refuse d'y répondre et bien évidemment j'obéis lorsqu'il m'intime l'ordre de rester moi aussi immobile. Je ne souhaite pas le froisser encore plus.

– Je n'ai jamais voulu ça, finit-il par lâcher.

– Je sais.

Et c'est vrai. Ce connard psychopathe ne voulait pas se faire démasquer.

– J'ai vu que je te plaisais dès notre première rencontre. Il y a des regards, des gestes, qui ne trompent pas.

Cette raclure a pris ma politesse, car il ne s'agissait que de cela, pour des signes d'attirance. Il a un sérieux grain.

– Je n'avais jamais trompé ma femme avant toi. J'ai essayé de lutter contre tes avances. Mais on ne peut pas contrôler ses sentiments, tu le sais bien.

Mes avances ?! Je suis tellement choquée par ses propos que je suis dans l'incapacité la plus total de lui répondre.

– Après cette nuit là, tu m'as ignoré. On ne se voyait plus. J'ai essayé de venir te parler chez toi, au parc, mais ça ne se passait jamais comme prévu. Ta chienne se mettait entre nous. Maxence aussi.

Il ose parler de Foxie ! Je me retiens de lui sauter au visage. Car j'ai la présence d'esprit de savoir que je n'aurai pas le dessus.

– Et puis j'ai appris par les médias que tu portais plainte pour viol ! Et que tu souffrais d'amnésie aussi. Alors j'ai compris, tout était de la faute de cette amnésie. Elle t'a fait oublier cette nuit mais aussi tout notre jeu de séduction.

De séduction ? Cet homme a volé mon sac à main pour obtenir mon adresse et mes clés afin de s'introduire chez moi sans y être invité. Cet homme m'a épiée et suivie pendant des mois. Cet homme a assassiné ma chienne. Cet homme m'a violée en me menaçant d'un couteau. Et il ose me parler de séduction ?

- Et même quand tu as recouvré tes souvenirs, il te sont revenus totalement déformés. Et entre-temps, tu es tombée amoureuse de Maxence.

Entre-temps ? Cela fait bientôt six ans que mon cœur ne bat que pour lui, même si je n'en avait pas toujours conscience.

– Notre relation n'est pas possible Calie. Tu as Maxence et moi j'ai Lucie.

– Oui, je comprends, je murmure en espérant de toute mon âme paraître la plus convaincante possible.

– J'ai bien réfléchi, je ne peux pas tout quitter pour toi. Tu comprends ?

– Je le sais bien. Tu sais dans d'autres circonstances, ça aurait pu être possible entre nous Josh...

Ce surnom, ces mots me brûlent la bouche et me donnent la nausée. Je ne les dis que pour gagner du temps.

Le téléphone a sonné plusieurs fois au début de notre tête-à-tête mais cela fait bien vingt minutes que seul le silence nous entoure désormais.