46. Je ne suis pas folle

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Nous restons là, debout au milieu de mon salon, dans les bras l'un de l'autre, un long moment.

La conversation que nous venons d'avoir était nécessaire. Et je vois bien que, malgré la dureté des propos tenus, elle nous a fait du bien individuellement mais aussi à nous deux, à notre relation. Quelque chose a changé entre nous. Je nous sens comme libérés et plus proches à la fois.

– Je suis vraiment désolée Calie, mais je dois aller travailler. On m'attend sûrement déjà au restaurant. Est-ce que tu veux rester ici ? Je peux aussi te déposer chez moi sur le trajet ?

J'ai très envie de retourner vivre chez Maxence. Mais justement, c'est chez lui. Je suis persuadée que si je souhaite réellement guérir de toutes mes peurs, je dois aussi les affrontrer. Et que pour cela, il faut que j'apprenne à nouveau à vivre seule, dans ma maison, sans être en permanence apeurée et sur le qui-vive.

– Je vais rester ici. Il faut que j'avance sur mes blocages et mes propres problèmes Maxence. Mais on se revoit vite d'accord ?

– D'accord...

Je vois bien que ma réponse ne lui plaît pas vraiment. Cependant, j'apprécie le fait qu'il n'insiste pas et me laisse maîtresse des choix qui me concernent.

Les heures suivantes, il faut reconnaître que je me sens mieux. J'ai le cœur plus léger et cela me fait tant de bien que je ne pense pas une seule fois à vérifier mes caméras. Je ne sursaute pas non plus au moindre bruit venant de l'extérieur. Je suis ravie de ces changements.

Malheureusement, la nuit venue, toutes mes peurs font un retour retentissant.

Je rumine et les pensées sombres prennent de plus en plus de place dans mon esprit.

Je ne me sens plus vraiment chez moi ici. Le fait de ne pas avoir le sentiment d'être totalement en sécurité y est forcément pour quelque chose.

Je ressens également bien plus l'absence de Foxie qui a, finalement, toujours vécu dans cette maison avec moi depuis que j'ai emménagé en région parisienne.

Dépitée, je n'arrive pas à fermer l'œil de la nuit. Je me rattrappe en journée dès le lendemain tout en ayant pleinement conscience que je suis en train de complètement me dérégler à nouveau.

A la nuit tombée, après avoir vérifier pour la vingt-sixième fois que tout est bien fermé à double tour, je m'installe directement dans mon canapé devant la télévision. Je suis parfaitement lucide : ce soir non plus je ne parviendrai pas à trouver le sommeil. Je me prépare un chocolat chaud et lance le replay d'une émission de cuisine dans laquelle Maxence fait une petite apparition.

Soudain, mon corps est parcouru d'un frisson glacial. Mes poils se hérissent tellement que je le sens jusque dans mon cuir chevelu. Quelque chose ne tourne pas rond. Mon instinct me le hurle violemment.

J'attrape ma télécommande et coupe le son. Ma maison est plongée dans un silence assourdissant. Je saisis mon téléphone et ouvre l'application de mon alarme. Personne ne se tient sur mon perron, aucun mouvement dans chacune des pièces. Comme à chaque fois finalement... Sauf que j'en ai l'intime conviction, cette fois c'est différent.

Il se passe quelque chose...

Les sens en alerte je garde mon téléphone en main. J'essaie de capter le moindre bruit ou signe d'une présence.

Je n'ose pas bouger. Comme si le plus petit mouvement de ma part pouvait déclencher une suite d'évènements dramatiques. Je me dis mentalement, comme lorsque je faisais des cauchemars petite, que s'il y a bien quelqu'un, il abandonnera peut-être l'idée de me faire du mal tant qu'il pense que je ne l'ai pas vu ?

Le bal des papillons (Tome 2)    Après les cendres... le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant