Chapitre 1 - Jenifer

25 3 0
                                    

Ce matin encore, je me réveille avec une boule au ventre. La première chose que je fais, c'est regarder l'heure sur mon téléphone posé sur la table de nuit. 6h38. Pas encore l'heure de me lever, mais je sais que je ne pourrai plus me rendormir. Je soupire et me tourne instinctivement du côté d'Arnaud, espérant trouver mon mari endormi à mes côtés, mais, comme chaque matin, il n'est pas là. La place est froide, vide, et cela ne fait que renforcer ce sentiment de solitude qui me ronge peu à peu.

Je garde malgré tout un petit espoir de le retrouver en bas, peut-être en train de prendre son petit déjeuner, même si je sais au fond que c'est improbable. Je me lève, ouvre les volets, laissant entrer les premiers rayons de soleil dans la chambre. La lumière vive éclaire la pièce, mais elle ne réchauffe rien en moi.

J'avance vers la baie vitrée et l'ouvre en grand pour laisser entrer l'air frais de ce matin. La brise marine emplit la chambre d'une senteur salée que j'ai toujours trouvée apaisante, mais qui, aujourd'hui, n'arrive même pas à m'atteindre. Je sors sur le balcon, ce même balcon qui surplombe la côte depuis les hauteurs de notre maison. La mer Méditerranée s'étend devant moi, calme et immense, reflétant les premiers rayons du soleil avec une intensité qui pourrait presque me réchauffer le cœur si seulement j'arrivais à me laisser aller. Je prends une profonde inspiration, sentant l'air pénétrer mes poumons, mais l'effet n'est que superficiel. L'angoisse persiste.

Je reste là un moment, debout, immobile, à observer l'horizon. Le panorama est magnifique, presque trop parfait, comme s'il se moquait de mon état intérieur. Je pense à tout ce qui m'attend aujourd'hui, à ce que je devrai encore affronter, ces responsabilités pesantes qui ne laissent aucun répit. Il n'y a jamais de pause, jamais un moment où je peux simplement être Jenifer, sans devoir tout porter sur mes épaules.

Je finis par rentrer, le cœur encore plus lourd. En passant par la salle de bain, je me débarbouille rapidement, plus par automatisme que par besoin. L'eau froide sur mon visage n'arrive même pas à me réveiller complètement. Mon esprit est ailleurs, déjà envahi par les préoccupations de la journée. Finalement, je descends dans le salon.

Lorsque j'arrive en bas, je tombe sur Arnaud, qui est en train d'enfiler sa paire de chaussures, prêt à partir.

—  Tu pars déjà ? demandai-je d'une voix un peu plus tremblante que je ne l'aurais voulu. C'est samedi, tu pourrais peut-être rester un peu...

— Ouais, il faut que j'y aille tôt, dit-il sans me regarder. C'est le début de la saison, on s'attend à beaucoup de monde aujourd'hui.

— C'est toujours le début de la saison avec toi, murmurai-je, incapable de retenir une pointe d'amertume.

Il s'arrête un instant, ses mains suspendues au-dessus de ses lacets. Il se lève et s'approche de moi, le visage fatigué.

— Pourquoi tu réagis comme ça, Jen ? me demande-t-il, son ton à la fois lassé et sur la défensive.

— Je réagis ? Tu pars tout le temps, répondis-je en croisant les bras sur ma poitrine. Même quand tu es ici, tu n'es pas vraiment là.

— Arrête, ce n'est pas juste, souffle-t-il en passant une main dans ses cheveux. J'ai des responsabilités, tu le sais bien. C'est pas comme si je m'amusais.

— Des responsabilités ? Et moi alors ? Je secoue la tête. Les enfants, la maison... On est une famille, Arnaud.

— Je le sais, dit-il, exaspéré. Mais tu sais que j'ai pas le choix. Ce n'est pas contre toi.

Je détourne le regard, déjà lasse de cette conversation qui tourne en boucle. Il avance vers moi et pose une main sur mon épaule, mais je me recule légèrement.

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant