Chapitre 13 - Gianni

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Ça fait un mois que je suis ici. Un mois sans ma maison, sans le bruit de maman dans la cuisine ou papa qui essaye de se rapprocher de moi. Tout est différent, tout est bizarre, et je ne comprends pas pourquoi je dois rester ici. Chaque jour, je me sens un peu plus perdu. Mon doudou ne sent plus comme avant. Avant, il sentait la maison, il sentait maman. Maintenant, il est juste comme les draps ici. Ça me fait mal.

Je suis sur mon lit, tout seul. Je regarde le mur. C'est mercredi aujourd'hui, je le sais parce que ma famille vient me voir le mercredi. Mais je ne veux pas qu'ils viennent. Je ne veux pas qu'ils voient à quel point je ne vais pas bien ici. Pourtant, je sens dans mon ventre cette boule qui grossit, cette envie de les voir... et en même temps, de les repousser.

La porte s'ouvre, et je reconnais tout de suite la voix de maman. Elle est douce, comme d'habitude, mais je n'ai pas envie de l'entendre. Je ferme les yeux fort. Peut-être qu'ils partiront s'ils voient que je ne veux pas les voir.

     - Coucou mon chat, dit-elle doucement. On est là.

Je sens son odeur s'approcher, mais je ne bouge pas. Je garde les yeux fermés, le cœur battant fort dans ma poitrine. Elle a sûrement ramené des photos, des trucs de la maison. Mais je ne veux pas les voir. Ça me rend triste. Alors je reste dos à elle, immobile.

     - Nini... regarde les photos qu'on t'a apportées. Regarde, il y a une photo de nous à la plage cet été.

Je ne regarde pas. Je sens ses doigts sur mon épaule, je sens sa voix, mais je ne veux pas qu'elle continue. Tout en moi se met à bouillir. Pourquoi est-ce qu'ils m'ont laissé ici ? Pourquoi je ne peux pas être avec eux tout le temps ? C'est trop dur. D'un coup, je me retourne brusquement.

     - NON ! crie-je.

Le son de ma voix est plus fort que je ne l'avais prévu. Je me lève du lit en un bond, et je vois les visages de maman, de papa, de Nina et Lucca. Ils me regardent tous avec des yeux inquiets. Mais je ne veux pas de leurs regards, je ne veux pas de leurs sourires. Je ne veux rien.

Je cours vers maman et, sans réfléchir, je la pousse. Pas fort, mais assez pour qu'elle recule d'un pas. Elle me regarde avec des yeux tristes, et ça me met encore plus en colère. Je crie encore, des cris sans mots, juste des sons qui sortent de ma gorge, comme un animal en cage.

Papa essaie de s'approcher, mais je secoue la tête.

     - Pas vous ! crie-je.

Je vois des photos sur le lit, celles que maman a apportées. Je les attrape et, dans ma colère, je les déchire. Les morceaux tombent autour de moi comme des feuilles mortes, et ça me fait encore plus mal. Je jette tout ce que je trouve par terre. Les crayons, les jouets, tout s'éparpille, mais ça ne suffit pas à faire partir ce qui me ronge.

Je sens mes poings se serrer, je frappe le lit, les larmes montent sans que je puisse les arrêter. Ma famille reste figée, ils ne comprennent pas. Ils me regardent comme si je n'étais plus moi-même. Et c'est vrai... je ne sais plus qui je suis ici.

La porte de la chambre s'ouvre brusquement, et un éducateur entre. Il me regarde, il regarde ma famille. Il semble sérieux, comme à chaque fois que je fais quelque chose de mal.

     - Gianni, ça suffit maintenant, dit-il d'une voix ferme. Calme-toi.

Mais je ne peux pas. Je ne peux pas me calmer. Je suis trop en colère, trop perdu. Je crie encore, de toutes mes forces, et je frappe le lit. L'éducateur se tourne vers mes parents.

     - Il faut que vous sortiez. Laissez-le se calmer. Ce n'est pas bon pour lui que vous soyez là quand il est comme ça.

     - Non, je veux rester avec lui, répond maman, la voix tremblante.

Mais l'éducateur secoue la tête et pousse doucement mes parents vers la porte. Je les vois partir, je les vois s'éloigner, et mon cœur s'accélère encore plus. Non, non, je ne veux pas qu'ils partent !

Je me mets à crier encore plus fort. Maman se tourne vers moi une dernière fois, mais l'éducateur lui fait signe de sortir. Elle a les larmes aux yeux, je le sais. Je ne veux pas qu'elle pleure à cause de moi, mais je ne sais plus quoi faire.

Quand la porte se referme, je me retrouve seul avec l'éducateur. Il s'approche, et je me sens piégé. Je veux qu'il parte. Je veux qu'il me laisse tranquille, mais je sais ce qu'il va dire. Je sais ce qui m'attend.

     - Tu sais ce que ça veut dire, Gianni. On va aller dans la chambre d'isolement.

Non. Pas là-bas. Pas cette chambre. Je secoue la tête, je me recule contre le mur. Je ne veux pas y aller. Là-bas, il n'y a rien. Rien du tout. Pas de jouets, pas de matelas. Même pas mon doudou.

L'éducateur me prend par le bras, doucement, mais fermement. Je me débats, je secoue mon bras pour qu'il me lâche.

     - Non ! Pas là ! crie-je.

Mais il ne m'écoute pas. Il me tire doucement, mais je résiste. Je me sens pris au piège. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser. Il m'entraîne dans le couloir, et c'est là que je les vois. Maman, papa, Nina, Lucca. Ils sont là, juste devant la porte, et ils me regardent.

     - Maman ! crie-je.

Je tends les bras vers elle, mais l'éducateur continue de m'entraîner vers la chambre d'isolement. Maman me regarde avec des yeux pleins de larmes, et je vois son visage se tordre de douleur. Elle essaie de venir vers moi, mais l'éducateur l'en empêche.

     - Non, il doit rester seul, dit-il fermement.

     - Maman ! Je veux un câlin ! hurle-je.

Elle me regarde, impuissante, et je me sens encore plus perdu. Pourquoi elle ne vient pas ? Pourquoi elle me laisse ici ? Je crie encore, mais ça ne change rien. L'éducateur ouvre la porte de la chambre vide et me pousse à l'intérieur. Je tombe par terre, et la porte se referme avec un claquement sec.

Je me relève et cours vers la petite fenêtre dans la porte. Maman est de l'autre côté. Je la vois, elle est si proche, mais je ne peux pas la toucher. Je tape contre la vitre avec mes poings.

     - Maman ! Je veux sortir ! Je veux un câlin !

Elle met sa main sur la vitre, comme si elle pouvait me toucher à travers. Je mets ma main contre la sienne, mais je ne sens rien. Juste le froid du verre entre nous.

     - Je suis là mon amour.., je t'aime, dit-elle, sa voix tremblante.

Mais ça ne suffit pas. Je veux sentir ses bras autour de moi. Je veux qu'elle me serre fort, qu'elle me dise que tout va bien. Mais elle ne peut pas. Je suis coincé ici, et elle est de l'autre côté.

Je m'effondre par terre, mes larmes coulant sans s'arrêter. Je suis tout seul. Tout seul dans cette chambre vide, sans maman, sans papa. Je pleure et je crie encore, mais personne ne peut m'aider. Personne ne peut me sortir d'ici.

     - Maman... la maison... murmure-je dans un dernier sanglot.

Mais elle ne peut rien faire. Elle me regarde à travers la vitre, impuissante, et je sens que le vide en moi devient encore plus grand.

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Coucou ! J'ai remarqué depuis quelques chapitres qu'il y a moins de lecture, j'aimerais savoir si vous aviez des choses à me conseiller ou autre !! Je suis preneuse d'idée et de critique (constructive). N'hésitez pas à m'en faire part !

Sinon voici le treizième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

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