Chapitre 11 - Gianni

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Tout est différent aujourd'hui. Le bruit des voitures sur la route me fait mal aux oreilles, et la lumière du soleil me tape sur la tête. Il y a trop de choses qui bougent autour de moi, trop de voix, trop d'odeurs. Maman, elle ne me dit rien, mais je sens qu'elle est tendue. Je veux lui dire que je n'aime pas ça. Mais je ne parle pas. Je n'y arrive pas.

On arrive devant ce grand bâtiment. Je le reconnais, je l'ai déjà vu. C'est là où ils veulent que je reste. Le centre de Biguglia. Je n'aime pas ce bâtiment. Il est trop grands, trop froid. La dernière fois qu'on est venus, ça n'a pas été bien. Il y avait des gens que je ne connaissais pas, des bruits que je ne comprenais pas, et je ne pouvais pas voir maman. Ça m'a fait peur.

Je n'aime pas cet endroit. Les couloirs sont trop longs, trop blancs, trop pleins de bruits. Je serre encore plus fort la main de maman. C'est tout ce que j'ai pour me rassurer. Tout le monde parle autour de moi, mais je n'écoute pas. Je sens juste mes pieds traîner sur le sol froid alors que la dame en blouse blanche nous guide à travers le centre de Biguglia.

Je me rappelle la dernière fois. J'étais resté deux heures sans maman, et c'était horrible. Je n'arrivais pas à respirer, tout était trop... trop. Aujourd'hui, c'est pire, parce que je sais que je dois y rester. Dormir ici. Et je n'aime pas ça.

     - Mon chat, ça va aller, dit maman doucement en me caressant la joue, comme si elle sentait ma peur.

Je ne lui réponds pas. Je ne parle pas. Je serre juste mon doudou contre moi, c'est le seul objet qui me rappelle la maison. Tout est trop grand ici. Trop étrange. Je veux être chez moi, avec maman, avec mes repères. Ici, je ne comprends rien.

On s'arrête devant une porte, la dame en blouse l'ouvre, et elle dit que c'est ma chambre. Une chambre rien que pour moi. Mais je n'aime pas ça. Je veux mon lit, avec mes draps doux, avec maman à côté, pas cette pièce froide et ces murs vides. Il y a un lit, une table et une petite fenêtre, mais rien ne ressemble à chez nous.

Maman s'agenouille devant moi, me prend dans ses bras et murmure encore :

- Tu vas dormir ici, chaton. C'est ta nouvelle chambre, mais ça va aller. On viendra te voir mercredi, et on te ramènera à la maison vendredi. D'accord ?

Je ne veux pas dormir ici. Je veux rentrer. Mes yeux se remplissent de larmes, et je sens ma gorge se serrer. Pourquoi est-ce qu'ils me laissent ici ? Pourquoi je ne peux pas rentrer avec eux ?

Papa reste debout à côté, silencieux, et regarde la chambre d'un air inquiet. Lucca et Nina sont derrière, mais Lucca ne s'approche pas. Comme d'habitude, il reste à l'écart, distant. Je sais qu'il ne m'aime pas trop. Ou peut-être qu'il est juste en colère. Je ne comprends pas vraiment. Nina, elle, essaie de sourire, mais ça ne marche pas. Son visage est tendu.

La dame en blouse dit qu'ils doivent partir bientôt, et je sens la panique monter. Je ne veux pas qu'ils partent. Mes mains tremblent, mes jambes ne tiennent plus. Je pleure en silence. J'essaie de me retenir, mais je ne peux pas. Les larmes coulent toutes seules.

- Ça va aller mon cœur, murmure maman en m'essuyant doucement les joues. On est là, d'accord ?

Mais non, ils ne sont pas là. Ils vont partir. Et moi, je vais rester ici, tout seul.

Nina s'approche, elle s'accroupit à ma hauteur et me prend la main. Elle sourit, mais ses yeux sont tristes.

- Gianni, on va se revoir très vite, d'accord ? Je te promets qu'on viendra te voir mercredi. Ce n'est pas si long, tu verras.

Je hoche la tête, mais je ne crois pas à ce qu'elle dit. Je veux juste rentrer. Pourquoi ne comprennent-ils pas que je ne veux pas être ici ? Tout ça me dépasse.

Nina m'embrasse sur la joue et se lève lentement. Elle me fait signe de la main, un petit signe, comme pour dire "au revoir" sans trop y penser. Mais moi, je comprends que c'est pour de vrai. Je vais rester ici. Je regarde le sol, je ne veux pas croiser leurs regards.

Lucca, lui, reste silencieux, mais il finit par s'approcher un peu. Il ne dit rien, ne me touche pas, mais je sens qu'il regarde dans ma direction. Je ne le regarde pas non plus. Je ne veux pas voir son air froid et indifférent. Il finit par murmurer quelque chose à maman que je n'entends pas.

La dame en blouse répète qu'il est temps de dire au revoir. Mon cœur bat de plus en plus vite. Je lâche un sanglot et serre encore plus mon doudou. Mes larmes coulent plus fort maintenant. Je ne peux pas m'arrêter. Tout mon corps tremble.

- Maman... murmure une petite voix en moi.

Je ne voulais pas parler. Mais c'est sorti. "Maman." Je ne la regarde pas, mais je sais qu'elle a compris. J'ai besoin d'elle, je ne veux pas qu'elle parte. Pourquoi ils ne comprennent pas ça ?

Maman me prend dans ses bras. Je sens son odeur, celle qui me rassure, celle de la maison. J'essaie de m'accrocher à elle, mais elle me dépose doucement sur le lit.

- On reviendra vite, mon boubou. Ça va aller. Je te promets que tu vas t'habituer, d'accord ?

Non, ce n'est pas d'accord. Je ne veux pas m'habituer. Je veux être à la maison, avec eux. Mes pleurs s'intensifient, et je me balance doucement sur le lit, serrant mon doudou contre moi. Je me réfugie dans ma bulle, celle où tout est calme, celle où personne ne peut m'atteindre.

Mais même dans ma bulle, je sais qu'ils vont partir. Je le sens.

Je ferme les yeux et j'essaye de respirer. Je compte dans ma tête. Un, deux, trois... Mais ça ne m'aide pas. Rien ne m'aide.

J'attends.

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Voici le onzième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant