L'écho du silence

Chapitre 16 - Lucca

Je pousse la porte d'entrée en silence. Il est presque 19 heures, et j'ai passé la journée dehors avec mes potes, à profiter du soleil sur la plage. L'air est encore chaud, mais la fraîcheur de la maison me fait du bien. J'enlève mes baskets et me dirige vers ma chambre, mais une voix m'arrête. C'est maman. Elle parle fort, presque en criant. Je m'immobilise, le cœur battant.

Je retire mes écouteurs et tends l'oreille. Elle est au téléphone. Sa voix est tendue, cassante, et je sais que quelque chose ne va pas. Je m'approche discrètement du salon, où elle est assise sur le canapé, le visage marqué par la colère.

     - Arnaud, je ne comprends pas ! comment tu peux dire ça après tous les efforts qu'on a faits ?! s'écrie-t-elle, les yeux brillant de larmes.

Je m'arrête net. Elle est en train de parler à Arnaud. Et de quoi ? D'efforts ? J'ai l'impression que je suis sur le point d'entendre quelque chose que je ne devrais pas. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher d'écouter.

     - On faisait des progrès, toi et moi... Je le voyais, j'y croyais presque ! Tu avais recommencé à t'impliquer ! Alors pourquoi tu veux tout arrêter maintenant ?

Sa voix se brise. Je m'approche encore un peu, sans me faire remarquer, juste assez pour voir son visage bouleversé. Elle est belle, même quand elle est en colère, mais là, elle est différente. Elle est vulnérable.

     - Tu veux qu'on fasse une pause ? Comme ça ?! s'écrie-t-elle à nouveau, incrédule. Et tu crois que c'est en prenant du recul qu'on va réussir à se retrouver ?

Je ne peux pas entendre la réponse d'Arnaud, mais sa voix gronde au téléphone. Je devine qu'il est en colère, même si je ne sais pas exactement pourquoi. Pourtant, maman continue à se battre, sa voix brisée par l'incompréhension.

     - Alors quoi ? Tu abandonnes ?! Tu crois que ça suffira de tout laisser tomber, comme si de rien n'était ?

Elle serre le téléphone dans sa main, son regard perdu dans le vide. Puis, brusquement, elle se lève du canapé.

     - Très bien ! Fais ce que tu veux ! Mais ne t'attends pas à ce que je t'attende éternellement, Arnaud ! hurle-t-elle avant de raccrocher.

Le bruit du téléphone qui se heurte au carrelage résonne dans la pièce, un son sec et violent. Tout devient silencieux. Le calme lourd, pesant, juste après l'orage. Mais ce n'est pas fini. D'un coup, comme si tout le poids du monde s'abattait sur elle, maman éclate en sanglots.

Je n'ai jamais vu ma mère pleurer comme ça. Elle se laisse tomber à genoux, ses mains couvrant son visage, et ses épaules secouées par des sanglots incontrôlables. Mon cœur se serre si fort que j'ai du mal à respirer. Je m'avance, sans trop savoir quoi faire, incapable de la laisser dans cet état.

     - Maman... dis-je doucement en entrant dans la pièce.

Elle sursaute en entendant ma voix. Elle essaie rapidement de sécher ses larmes, mais c'est inutile. Elle est trop bouleversée.

     - Lucca... je... je suis désolée, bredouille-t-elle entre deux sanglots.

Je m'approche et me mets à genoux à côté d'elle. C'est étrange de la voir comme ça, si vulnérable. Elle qui est toujours forte, qui fait tout pour nous protéger, nous soutenir... Maintenant, c'est elle qui s'effondre, et je ne sais pas quoi faire. Je passe maladroitement un bras autour de ses épaules, et elle s'effondre encore plus dans mes bras.

     - Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demandai-je doucement, même si je devine la réponse.

Elle essaie de parler, mais ses mots sont noyés dans ses pleurs. Elle prend une grande inspiration pour essayer de se calmer, mais c'est peine perdue.