Chapitre 24 - Extérieur

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La voiture roule lentement dans l'allée, ses pneus crissant doucement sur le gravier. Jen jette un coup d'œil vers Arnaud, affalé dans le siège passager. Il est là, éveillé, mais l'air si fragile. Ses yeux sont fermés, ses paupières tremblantes. Même ce trajet du retour l'a épuisé.

Ils arrivent enfin devant la maison, familière mais empreinte d'une étrangeté après ces semaines passées à l'hôpital. Jen sort en première, ouvrant la portière pour aider Arnaud à descendre. Elle voit ses jambes trembler légèrement alors qu'il se lève, et elle est prête à le soutenir. Mais il refuse, un faible sourire aux lèvres.

     - Je vais y arriver, Jen.

Elle hoche la tête, restant tout de même près de lui. Chaque pas est une petite victoire. Lorsqu'ils atteignent la porte d'entrée, elle la pousse doucement. Et là, un éclat de surprise lui coupe le souffle.

Des ballons sont accrochés aux murs, une banderole "Bienvenue à la maison, Papa" suspendue au plafond, tremblotant légèrement sous l'effet de la brise. Une odeur sucrée de gâteau emplit l'air, et au milieu du salon, les enfants sont là, leurs visages illuminés d'une excitation palpable.

Nina et Lucca, leurs sourires nerveux mais radieux, se tiennent près de la table, tandis que Gianni, tenant fermement sa petite voiture rouge, se fige en voyant son père. Jen cligne des yeux, ne s'attendant pas à ce qu'ils aient préparé tout ça.

     - Surprise ! s'écrie Lucca.

Arnaud se fige, surpris, les émotions passant sur son visage fatigué, mais touché par cette scène. Jen pose une main sur son bras, inquiète de sa réaction. Il est si faible, elle ne voulait pas le bousculer.

     - On voulait te faire une fête de retour, annonce Lucca, un sourire gêné aux lèvres. On pensait que ça te ferait plaisir...

Nina s'avance, tenant une petite assiette de gâteaux dans ses mains, ses yeux scrutant le visage de son père, cherchant à y lire une réaction.

     - Tu vas mieux maintenant, alors... on s'est dit que c'était bien de marquer le coup.

Arnaud les regarde un à un, son regard passant de Lucca à Nina, puis enfin à Gianni, dont l'enthousiasme est palpable mais contenu. Un sourire se dessine sur ses lèvres, faible mais sincère. Jen l'observe en silence, son cœur se serrant devant cette scène.

     - Vous avez bien fait, murmure-t-il, ses mots vacillants mais emplis d'une gratitude profonde.

Gianni, plus discret, reste en retrait, tenant sa peluche lapin. Il ne dit rien, mais ses yeux suivent son père avec une attention silencieuse.

     - Merci Nini, murmure Arnaud en posant une main sur la tête de son fils.

L'effort est visible, mais l'émotion aussi. Jen sent l'atmosphère changer, quelque chose de doux, de tendre, malgré tout ce qui flotte encore entre eux.

     - Je suis touché... vraiment, ajoute-t-il, se tournant vers Nina et Lucca.

Jen se tient en retrait, laissant le moment aux enfants. Mais elle sent la fatigue d'Arnaud grandir, chaque minute qui passe pesant un peu plus sur ses épaules. Il lutte pour rester debout, ses jambes fléchissant légèrement sous lui.

     - Venez, on s'assoit, dit-elle doucement, prenant son bras pour l'aider à s'installer sur le canapé.

Les enfants s'assoient autour de la table basse, où les assiettes de gâteaux et les verres de jus les attendent. Jen jette un coup d'œil à Arnaud, son visage pâle mais apaisé, et un mince sourire traverse son propre visage. Elle ne s'attendait pas à cette fête, mais elle est heureuse que les enfants aient pensé à marquer ce moment. Cela apporte une légèreté bienvenue dans l'air qui, quelques minutes plus tôt, était chargé de tension.

     - J'ai fait le gâteau, annonce fièrement Nina. Bon, d'accord, avec un peu d'aide de Lucca... mais c'est surtout moi !

Lucca la taquine d'un regard, mais sourit en coin, satisfait du résultat.

     - C'est un beau travail d'équipe, dit Arnaud avec difficulté, mais son sourire ne s'efface pas. Vous avez géré.

Jen observe, la scène lui semble presque irréelle. Une partie d'elle veut les rejoindre dans cette bulle de bonheur, mais une autre reste en retrait, consciente de ce qui plane au-dessus de leurs têtes. Rien n'a été dit encore. Leur séparation, mise en pause par l'accident, n'a pas disparu. Elle est là, suspendue, et elle sait qu'ils devront y revenir. Mais pas maintenant.

Gianni, assis entre son père et sa mère, regarde le gâteau avec intérêt, serrant sa peluche dans ses mains, mais il ne dit rien, simplement ravi d'être là. Jen se demande ce qui traverse l'esprit de son fils, si innocent et si pur.

     - Tu restes dans la maison maintenant papa hein..? demande Gianni, brisant le silence.

La question frappe Jen de plein fouet. Elle sait que pour Gianni, tout semble compliqué. Son père est rentré, donc il pense que tout va bien, que tout peut redevenir comme avant. Mais ce n'est pas si simple. Elle échange un regard avec Arnaud, cherchant des réponses dans ses yeux. Il a l'air aussi perdu qu'elle face à cette innocence.

     - Oui mon grand, murmure Arnaud, posant une main sur la tête de son fils. Je vais rester ici... pour un moment.

Gianni semble satisfait de la réponse, sans chercher à comprendre davantage. Mais Jen sent la tension sous-jacente dans les mots d'Arnaud. Rien n'est résolu entre eux, mais pour l'instant, ils peuvent mettre de côté ces questions. Au moins pour aujourd'hui.

Nina, sentant l'atmosphère devenir plus lourde, se lève et prend une petite assiette de gâteau, qu'elle tend à son père.

     - Tu devrais goûter, c'est peut-être le meilleur gâteau que tu auras jamais mangé ! plaisante-t-il, essayant de détendre l'atmosphère.

Arnaud sourit faiblement et prend l'assiette.

     - Je n'en doute pas, dit-il avant de prendre une petite bouchée.

Le silence revient alors que tout le monde commence à grignoter. Jen observe Arnaud, les enfants, la table décorée... Ce moment, aussi doux soit-il, est teinté de fragilité. Ils sont là, tous ensemble, mais le poids des non-dits ne disparaît pas.

Finalement, Arnaud pose son assiette et ferme les yeux, s'enfonçant un peu plus dans le canapé. La fatigue le rattrape. Jen se lève, elle dépose un plaid sur son mari et ensuite elle commence à débarrasser, laissant les enfants continuer à discuter et plaisanter doucement. Elle jette un dernier regard à Arnaud, endormi, et se permet un soupir. Pour l'instant, c'est suffisant. Ils sont à la maison, ensemble, et c'est tout ce qui compte aujourd'hui. Mais elle sait que la route devant eux sera longue et semée d'embûches.

Pour l'instant, il est là, et c'est tout ce qui importe.

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Voici le vingt-quatrième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant