Nous sommes en octobre, et le soleil d'automne réchauffe doucement la maison de mes grands-parents à Bonifacio. C'est une belle journée, calme et simple comme on les aime. On est tous réunis ici : maman, Arnaud, Nina, Gianni, Volt, et moi. On profite du jardin, où les feuilles des figuiers commencent à tomber. C'est un de ces moments où tout paraît facile, comme suspendu hors du temps.
Volt gambade autour de Gianni, qui éclate de rire à chaque fois que le chiot s'approche de lui pour lui lécher les mains. Il adore ça. Maman et Arnaud sont assis dans la véranda, discutant avec mes grands-parents, tandis que Nina et moi restons un peu en retrait. Elle bouquine sur le banc en pierre à l'ombre d'un olivier, et moi, je surveille Gianni de loin. Depuis l'arrivée de Volt, il est plus détendu, mais il est aussi beaucoup plus aventureux, et ça m'inquiète parfois.
Je remarque soudain que le portail du jardin n'a pas été refermé. Le portail donne sur une ruelle tranquille, mais je connais Volt : curieux, imprévisible, et toujours à l'affût de la moindre escapade. Mon cœur se serre. Si Gianni voit Volt filer, il va probablement le suivre, sans même réaliser le danger.
Avant que je n'aie le temps de réagir, Volt se glisse par l'ouverture et disparaît derrière le portail. Et, comme je le craignais, Gianni lâche la laisse et court après lui.
- Gianni, attends ! crie-je, mais il ne m'entend pas, trop concentré sur Volt.
J'inspire profondément et me lance à sa poursuite, mon cœur battant à tout rompre. Je le vois franchir le portail et s'engager dans la ruelle, les yeux rivés sur Volt. Il est tellement absorbé qu'il ne remarque même pas où il met les pieds. Soudain, il trébuche sur une branche tombée et tombe à genoux, mais cela ne l'arrête pas. Il se relève aussi vite, continuant de courir. Ma panique monte.
- Gianni, arrête ! crie-je encore.
Mais rien n'y fait. Il continue, ignorant tout, jusqu'au moment où Volt tourne brusquement et traverse la route un peu plus loin. Le ventre noué, je sprinte de toutes mes forces et parviens à attraper le bras de Gianni avant qu'il ne tente de suivre Volt à travers la route.
En m'arrêtant brusquement, je perds l'équilibre et tombe à genoux, entraînant Gianni dans ma chute. La douleur me lance au genou, mais je m'en fiche. Le plus important, c'est qu'il soit hors de danger.
Gianni me regarde, abasourdi, puis son visage change, se froissant de tristesse et de peur.
- Volt est parti... gémit-il, des larmes commençant à lui monter aux yeux.
Je le serre dans mes bras, essayant de le réconforter.
- Non, Gianni, il n'est pas parti, regarde, il s'est juste arrêté de l'autre côté de la route, je chuchote pour le calmer.
Mais Gianni est inconsolable. Ses petits poings se crispent sur mon pull, et il commence à pleurer, secoué de sanglots.
La voix de maman retentit derrière moi. Elle et Arnaud ont entendu le bruit de nos pas précipités et sont sortis du jardin. Elle comprend instantanément la situation en voyant le portail entrouvert et Volt de l'autre côté de la route.
- Gianni ! crie-t-elle, la voix légèrement tremblante. Tu ne dois jamais courir après Volt comme ça ni sortir comme ça de la maison ! C'est dangereux !
Maman s'agenouille près de nous, et Gianni sursaute en l'entendant élever la voix. Il se met à pleurer encore plus fort, tout bouleversé.
- Volt... Il est parti... pleurniche-t-il, la voix brisée.
Maman reprend son calme, son regard s'adoucissant aussitôt. Elle l'attire contre elle et le berce doucement.
- Je suis désolée, mon cœur. J'ai eu peur. Mais tu ne dois pas faire ça, d'accord ? chuchote-t-elle en posant un baiser sur ses cheveux.
Arnaud s'approche pour récupérer Volt, qui attend patiemment de l'autre côté de la route. Nina est restée en arrière, le visage un peu figé, observant la scène avec inquiétude. De mon côté, je me rends compte que mon genou saigne légèrement à travers mon pantalon déchiré.
Maman finit par remarquer ma blessure et se tourne vers moi, l'air inquiète.
- Lucca, ça va ? me demande-t-elle en posant une main douce sur mon épaule.
Je hoche la tête, essayant de minimiser l'incident.
- Oui, c'est rien, ça va.
Arnaud revient avec Volt en laisse, et Gianni se calme un peu, voyant son chien sain et sauf. Volt s'approche doucement de lui, comme pour lui demander pardon. Gianni lui caresse la tête, un faible sourire se dessinant sur son visage encore humide de larmes.
- Volt... murmure-t-il, la voix encore tremblante.
C'est un tout petit mot, mais pour Gianni, chaque mot est une victoire, et ça nous redonne à tous un peu de baume au cœur.
Nina s'approche alors de moi et, sans un mot, tend une main pour m'aider à me relever. Elle me sourit timidement.
- Allez, on va nettoyer ça, dit-elle en désignant mon genou écorché.
J'accepte son aide et me lève en grimaçant légèrement. Maman me lance un regard reconnaissant, et Arnaud me donne une tape amicale sur l'épaule.
- Merci, Lucca, murmure-t-il doucement. Grâce à toi, Gianni va bien.
Il n'en dit pas plus, mais son regard en dit long. Je baisse les yeux, gêné, mais heureux d'avoir pu protéger mon petit frère. Finalement, toute la famille rentre à l'intérieur. Arnaud referme soigneusement le portail cette fois, et Volt, tout calmement, suit Gianni sans un bruit. Le drame est passé, et on retrouve peu à peu notre sérénité.
En rentrant, je me promets intérieurement de rester toujours aux côtés de Gianni, quoi qu'il arrive. C'est dans des moments comme celui-là que je comprends ce que ça signifie vraiment d'être un grand frère.
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Plus que 5...Voici le trente-quatrième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !
:)
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L'écho du silence
FanfictionJenifer, chanteuse à succès, et Arnaud, chef cuisinier, mènent une vie bien remplie avec leurs trois enfants : Lucca, Nina, et Gianni, leur plus jeune fils de 4 ans atteint d'autisme. Dans cette famille recomposée, chacun tente de trouver sa place f...