Chapitre 3 - Gianni

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Les portes de l'école sont grandes ouvertes, et je m'avance à petits pas derrière maman. Elle me tient fermement par la main, mais je ne la regarde pas. Mes yeux sont fixés sur le sol, essayant de compter les pavés sous mes pieds. Quand nous arrivons devant la maîtresse, je reste en retrait, toujours les yeux baissés. J'entends tout : les enfants qui rient, des sacs qui s'ouvrent, des cris... trop de bruit.

     - À ce soir mon cœur, dit maman doucement en s'abaissant vers moi.

Je ne dis rien, comme d'habitude. Je la laisse m'embrasser la joue et elle s'éloigne, et immédiatement, tout me semble plus difficile. Mon ventre se serre. Je me tiens près de la porte de la classe, ne sachant pas où aller. La maîtresse me regarde, ses bras croisés.

     - Gianni, va t'asseoir, on commence. Allez, dépêche-toi !

Je marche lentement jusqu'à mon bureau, là où je m'assois toujours. J'aligne mes crayons de couleur, les arrange bien droits. Je ne veux pas écouter la maîtresse. Elle parle trop vite, je n'arrive pas à suivre. Les crayons sont plus simples à comprendre. Je les organise encore, jusqu'à ce qu'ils soient parfaitement droits.

La cloche sonne, c'est la récréation. Les enfants sautent de leurs chaises, et tout devient bruyant d'un coup. Je sursaute, je déteste ce moment. Le bruit des pieds qui traînent, des rires, des cris... ça me donne mal à la tête. Je me lève en dernier, lentement, et je sors vers la cour.

Dehors, le soleil est trop fort. Je plisse les yeux et cherche un coin tranquille. Les enfants courent partout, ils crient, ils jouent. Moi, je ne comprends pas leurs jeux. Ils sont tous ensemble, mais moi, je reste seul, assis contre le mur de l'école, avec mon doudou préféré serré dans mes mains. C'est un lapin tout doux que j'aime beaucoup.

Les autres enfants passent en courant près de moi, ils rigolent. Je les entends dire des choses, mais je ne comprends pas toujours ce qu'ils disent. Quelques-uns me lancent des regards curieux.

     - Pourquoi tu restes tout seul ? Tu ne veux pas jouer ? dit un enfant en passant.

Je ne réponds pas. Je ne peux pas. Ma peluche est plus intéressante. Je serre mon lapin plus fort, il est doux, et ça me calme un peu. Les bruits autour de moi sont encore là, mais je me concentre sur le lapin. C'est plus facile que de penser aux autres.

Mais tout d'un coup, les rires, les cris, le soleil, les enfants qui bougent dans tous les sens... tout devient trop fort. Je sens mon cœur battre trop vite, et le bruit devient insupportable. Je me mets à pleurer, sans vraiment savoir pourquoi. Je veux juste que tout ça s'arrête, que tout redevienne calme. Mes mains frappent le sol, je crie.

La maîtresse accourt en me voyant. Son visage est fermé, elle est en colère.

     - Gianni ! Arrête ça tout de suite ! s'écrie-t-elle, sa voix forte me transperce. Tu ne peux pas réagir comme ça !

Elle m'attrape par le bras, m'obligeant à me relever. Je ne veux pas, je ne peux pas. Mes jambes ne suivent pas, mon corps ne bouge plus. Les autres enfants s'arrêtent pour me regarder. Certains rient encore. Tout ce bruit... c'est insupportable.

     - On rentre. Tu es puni ! crie la maîtresse, son ton dur et froid.

Elle me traîne à l'intérieur, loin de la cour, loin des autres. Je suis incapable de réagir. Je veux juste disparaître. Elle me fait asseoir dans un coin de la classe, face au mur. Elle m'arrache mon doudou des mains.

     - Tu restes là, Gianni. Jusqu'à ce que tu réfléchisses à ce que tu as fait. Et ça, c'est confisqué.

Je fixe le mur devant moi, je me balance d'avant en arrière pour essayer de me calmer. Les larmes coulent encore plus. Pourquoi tout est si compliqué ? Pourquoi tout fait mal dans ma tête ? Je ne comprends pas ce que j'ai fait de mal. Je veux juste que ça s'arrête.

Les enfants vont manger dans la cantine, mais moi, je reste seul dans la classe. Je ne suis pas autorisé à les rejoindre. La maîtresse m'a dit que je dois rester puni, pour "réfléchir à mon comportement". Mais je ne sais pas comment réfléchir à ça. Je ne comprends pas. Tout était trop bruyant, et maintenant je suis puni pour ça.

Elodie, une ATSEM, m'amène une assiette, mais je n'ai pas très faim. Je regarde les carottes, je les déplace avec ma fourchette, mais je ne veux pas les manger. Je veux juste que maman vienne me chercher.

Après le repas, c'est l'heure de la sieste. Je vais chercher mon tapis, comme les autres enfants. Je veux mon lapin... je ne sais pas où maîtresse l'a mis. J'ai besoin de mon doudou... je m'approche... je ne veux pas lui adresser la parole. Je ne la regarde pas non plus.

     - Tu n'auras pas ta peluche pour dormir si c'est ça que tu veux. Retourne à ta place. Lance t-elle.

Les autres enfants s'allongent en chuchotant entre eux. Je retourne m'allonger aussi, je ne peux pas serre mon doudou... Mes yeux se ferment malgré tout, tout seuls grâce à la fatigue, mais ma tête est pleine de pensées.

Je pense à maîtresse, à la façon dont elle m'a crié dessus. Et si elle raconte tout ça à maman ? Maman va être déçue, et peut-être qu'elle va se fâcher elle aussi. Je ne veux pas qu'elle sache que j'ai été puni. Peut-être que si je me cache, si je fais bien tout ce qu'on me demande, elle ne saura rien.

Mais je n'arrive pas à oublier. Les cris, les punitions, le regard des autres enfants... tout ça tourne dans ma tête. Les larmes me piquent les yeux, mais je ne veux pas pleurer. Je veux juste rentrer chez moi.

L'après-midi continue, mais je n'écoute toujours pas. Je suis fatigué après la sieste, et je reste dans mon coin, silencieux. La maîtresse parle à la classe, elle écrit au tableau, mais moi, je regarde mes crayons. Je les aligne encore et encore, c'est la seule chose qui me calme.

     - Gianni, tu vas participer ou tu comptes rester dans ton coin toute la journée ? demande-t-elle brusquement.

Je sens la colère dans sa voix. Mais je ne bouge pas. Je ne veux pas parler, je ne peux pas. Elle soupire, agacée.

     - C'est incroyable... retourne dans le coin de réflexion. C'est la troisième fois aujourd'hui. Tu dois vraiment comprendre ce qu'on attend de toi.

Je retourne encore au coin, face au mur. Le temps passe lentement. Je pense à maman. Elle va être fâchée quand elle saura que j'ai été puni. Et si elle ne voulait plus venir me chercher ? Et si je devais rester ici, avec maîtresse qui me crie dessus ? Ces pensées me font peur, et je me cache un peu plus dans mon silence.

Enfin, la cloche sonne. C'est la fin de la journée. Je range mes affaires soigneusement, d'abord mes crayons, ensuite mon cahier, puis je mets mon sac sur le dos. Les autres enfants se pressent pour sortir, mais moi, je reste immobile, attendant que maman vienne.

Quand elle arrive, je vois tout de suite son sourire, mais je ne réagis pas. Je prends juste sa main, sans un mot. Mais la maîtresse s'approche, elle veut parler à maman. Et elle a mon doudou dans les mains !!

     - Madame Blanchard, je dois vous parler de Gianni, dit-elle d'un ton froid.

Je baisse les yeux. Je sais que ça va mal se passer. La maîtresse commence à tout raconter : la crise à la récréation, les punitions, le coin de réflexion. Maman écoute en silence, mais je sens qu'elle est fatiguée. J'ai peur qu'elle se mette en colère.

     - Gianni a été très difficile aujourd'hui, continue la maîtresse. Il ne respecte pas les consignes et réagit toujours de façon excessive. Il perturbe la classe, et ce n'est plus possible de le gérer comme ça. Êtes-vous disponible demain soir à 16h30 avec votre mari pour qu'on puisse en discuter ?

     - Moi je serai là, je demanderai à mon mari ce soir...

Je serre la main de maman plus fort. Je veux rentrer, je veux que tout ça s'arrête.

Maman me regarde. Je vois qu'elle est fatiguée, mais elle ne dit rien à la maîtresse. Nous quittons l'école en silence, et je continue de craindre ce moment où elle va peut-être me gronder. Dans la voiture, je fixe la fenêtre, priant pour que tout ça soit bientôt terminé.

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Voici le troisième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant