Je suis assise à côté du lit d'Arnaud, mes doigts toujours entrelacés aux siens. Sa main, faible mais présente, serre doucement la mienne. Il est là. Réveillé. Cela fait quelques heures seulement, et même si c'est un miracle, je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Il est si faible, et pourtant... il est revenu.
Je l'observe, son visage encore marqué par la fatigue, ses yeux à demi-ouverts, tentant de rester connectés avec le monde. Il n'a pas encore parlé beaucoup, juste quelques mots, mais c'était suffisant pour me faire comprendre qu'il nous entend. Je caresse doucement sa main, la peau chaude sous mes doigts me rassure un peu.
Je brise finalement le silence, ma voix un murmure à peine audible.
- Arnaud...
Il tourne lentement la tête vers moi. Ses yeux rencontrent les miens et je sens une vague d'émotion m'envahir. Ses lèvres s'entrouvrent, mais il ne parle pas tout de suite. Il semble chercher la force de dire quelque chose, mais son corps est encore trop faible pour suivre son esprit.
- Je suis là, tu m'entends ? murmuré-je, mes doigts caressant doucement le dos de sa main.
Il cligne des yeux lentement, comme pour me dire qu'il m'entend. Je le vois essayer de formuler un mot, mais il semble lutter contre l'épuisement.
- Jen...
Sa voix est faible, mais c'est le plus beau son que j'aie entendu depuis des jours. Mon cœur se serre, et je sens les larmes monter, mais je les retiens. Je me penche doucement vers lui, mes doigts toujours liés aux siens.
- Oui, c'est moi, je suis là, je ne te quitte pas.
Je ressens à ce moment une immense tendresse, mais aussi une douleur sourde. Il a traversé tellement de choses, et pourtant, il essaie de rester fort, pour moi, pour nous. Ses doigts serrent un peu plus les miens, un geste minuscule, mais assez pour me dire qu'il comprend.
Gianni est assis juste à côté, sa petite voiture rouge dans les mains, observant en silence. Il n'a pas encore parlé depuis que son père s'est réveillé, mais je sais qu'il est attentif à chaque détail. Il a ce regard sérieux, concentré, comme s'il essayait de tout comprendre.
Je jette un coup d'œil à Gianni et lui adresse un sourire rassurant.
- Tu vois, chaton, papa est réveillé. Il est encore fatigué, mais il va mieux, dis-je doucement.
Gianni hoche la tête sans répondre. Il fixe Arnaud avec une intensité que je ne peux décrire. Je sais que dans sa tête, il essaie de donner un sens à tout ce qui s'est passé, à ce changement soudain.
Arnaud tourne légèrement la tête vers Gianni, ses yeux cherchant ceux de son fils. Même s'il est encore faible, je sens cette connexion entre eux, ce lien qui ne s'est jamais brisé malgré tout. Ses lèvres bougent à nouveau, mais les mots restent coincés. Je m'approche un peu plus, posant doucement ma main sur son épaule.
- Nini est là, tu le vois ? Il est venu te voir, lui aussi, dis-je à voix basse, comme pour l'encourager à ne pas trop se fatiguer.
Arnaud cligne des yeux, comme s'il cherchait à comprendre, à assimiler tout ce qui s'est passé pendant son absence. Il semble à la fois soulagé et perdu.
- Combien de temps... ?
Sa voix est à peine un souffle, et il doit faire un effort immense pour prononcer ces mots. Mon cœur se serre. Il a besoin de savoir, et je dois lui dire la vérité, même si cela risque de le bouleverser.
- Ça fait trois semaines, murmuré-je doucement, tentant de garder un ton calme pour ne pas inquiéter Gianni.
Il ferme les yeux un instant, essayant de comprendre. Je vois ses lèvres se pincer légèrement, et ses sourcils se froncent comme s'il cherchait à retrouver le fil des événements. Lorsqu'il rouvre les yeux, je peux lire l'inquiétude dans son regard.
- Lucca... Nina... réussit-il à murmurer.
Je lui serre la main un peu plus fort, essayant de lui transmettre toute la force que je peux.
- Ils vont bien, je te le promets. Nina est venue te voir hier. Et Lucca est à la maison avec elle. Ils reviendront bientôt, je te le jure.
Il hoche lentement la tête, ses yeux se fermant à nouveau sous le poids de la fatigue. Mais cette fois, je vois un peu de soulagement sur son visage. Ses enfants vont bien, et c'est tout ce qui compte pour lui.
Je me penche vers lui, déposant un baiser léger sur son front. Sa peau est chaude, rassurante, et je reste un instant ainsi, mes lèvres posées sur lui, sentant enfin que quelque chose s'apaise en moi.
- Jen... souffla-t-il, sa voix à peine audible.
Je recule un peu, plongeant mon regard dans le sien, et c'est là que je le vois. Une lueur de détermination, d'amour. Ses lèvres tremblent légèrement, et je sens qu'il cherche à dire quelque chose d'important.
- Je t'aime, murmure-t-il faiblement.
Mon cœur manque un battement. C'est la première fois qu'il me le dit depuis qu'il s'est réveillé. Ces mots, si simples, mais si pleins de sens. Je ne peux plus retenir mes larmes cette fois. Elles coulent doucement, silencieusement, mais je continue de sourire. Un sourire chargé d'amour, de soulagement, de promesses.
Je me penche à nouveau vers lui, mes lèvres effleurant les siennes dans un baiser tendre.
- Moi aussi, je t'aime, Arnaud. Tu m'as tellement manqué, dis-je, ma voix brisée par l'émotion.
Gianni nous regarde en silence, son regard oscillant entre moi et Arnaud, comme s'il essayait de comprendre l'ampleur de ce moment. Je l'attire doucement contre moi, enroulant un bras autour de ses petites épaules.
- On est tous là, Arnaud, on est là pour toi, et tout ira bien maintenant.
Il ferme doucement les yeux, épuisé, mais je sens une sérénité nouvelle dans la manière dont il repose sa tête contre l'oreiller. C'est comme si le poids des deux dernières semaines s'était enfin allégé, comme si le simple fait d'être là, tous ensemble, lui redonnait la force de continuer.
Le silence de la chambre est presque apaisant maintenant, contrairement à l'angoisse qui nous pesait auparavant. Gianni vient sur mes genoux et pose doucement sa tête sur ma poitrine, sa petite voiture toujours dans la main, et je continue de caresser les cheveux d'Arnaud, le regard fixé sur son visage endormi.
Je ne sais pas encore de quoi sera fait demain, ni comment nous allons avancer à partir d'ici, mais je sais une chose : nous sommes ensemble, et c'est tout ce qui compte pour l'instant.
- Repose-toi mon amour, murmuré-je doucement, tout ira bien.
Et alors que je l'observe sombrer à nouveau dans le sommeil, je sens enfin une paix nouvelle m'envahir. Il est revenu, et même si la route sera longue, nous la parcourrons ensemble.
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Voici le vingt-troisième chapitre et dernier de la journée ! On termine quand même sur une bonne nouvelle.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires !
:)
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L'écho du silence
FanfictionJenifer, chanteuse à succès, et Arnaud, chef cuisinier, mènent une vie bien remplie avec leurs trois enfants : Lucca, Nina, et Gianni, leur plus jeune fils de 4 ans atteint d'autisme. Dans cette famille recomposée, chacun tente de trouver sa place f...