Chapitre 32 - Arnaud

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C'est drôle, je n'ai jamais pensé qu'on en reviendrait là, Jen et moi, à faire ce genre d'aller-retours entre deux vies. Elle a toujours été une artiste, une femme de scène. C'est son essence. Mais depuis qu'elle a mis sa carrière en pause pour s'occuper des enfants, surtout de Gianni, je m'étais habitué à une vie plus stable. Un quotidien centré sur la famille, où les choses sont calmes, routinières, même si la situation entre elle et moi est loin d'être simple.

Nous ne sommes pas vraiment un couple à nouveau, mais on vit ensemble. Pas de disputes, pas de cris, juste une cohabitation tranquille, presque confortable. En tout cas, pour les enfants, ça semble fonctionner. Je me surprends parfois à me demander si, un jour, les choses redeviendront comme avant, ou même si elles devraient.

Aujourd'hui, c'est un jour où tout semble plus animé, plus électrique. Je regarde Nina et Gianni dans le rétroviseur alors que nous roulons vers l'aéroport de Figari. Tous les deux sont plus ou moins agités, l'excitation palpable. Lucca est assit côté passager. Ils savent que leur mère revient de Paris aujourd'hui. Son dernier séjour là-bas n'a duré que trois jours, mais c'est comme si chaque absence semblait plus longue qu'elle ne l'est réellement. Pour eux, c'est un mélange de joie et d'impatience. Pour moi, c'est un peu plus complexe.

- Papa, tu crois qu'elle a bientôt terminé d'enregistrer l'album ? demande Nina, ses yeux brillants d'excitation.

- Je ne pense pas, ma puce. Elle a encore du travail à faire. Elle choisit les morceaux petit à petit.

Le trafic est fluide, pour une fois. Nous arrivons rapidement à l'aéroport. Gianni est silencieux comme toujours, mais je sens qu'il est aussi heureux de revoir sa mère. Il ne le montre pas de la même manière que Nina ou Lucca, mais ses petits gestes sont suffisants pour que je comprenne. Ses doigts tapotent nerveusement contre ses genoux, et ses yeux ne quittent pas la fenêtre.

- Maman va être contente de te revoir, Gianni, je lui dis doucement, en le regardant dans le rétroviseur.

Il me jette un coup d'œil et hoche la tête. Pas un mot, mais je sais qu'il le pense. Volt n'est pas avec nous cette fois, car l'aéroport n'est pas vraiment l'endroit pour un chiot surexcité. Mais je sais que Gianni aurait préféré l'avoir à ses côtés. Ce chien est devenu son ombre.

Lorsque nous arrivons au terminal des arrivées, je cherche une place où me garer. Une fois la voiture stationnée, les enfants sautent presque hors du véhicule, impatients de retrouver leur mère. Lucca et Nina courent presque déjà devant, tandis que Gianni s'accroche à ma main. Il a toujours cette petite réserve qui le tient un peu en retrait, surtout dans les lieux bondés.

Je souris malgré moi en les voyant tous les trois aussi excités. Pour eux, chaque retour de Jen est comme un événement. Elle passe tellement de temps à jongler entre ses obligations professionnelles et nous qu'ils savourent chaque instant où elle est de retour à la maison.

Je les suis dans le hall des arrivées, cherchant des yeux la silhouette de Jen parmi la foule. Elle a toujours ce même air détaché, presque inaccessible, au milieu de ses déplacements professionnels, mais je sais que ce n'est qu'une façade. Dès qu'elle aperçoit les enfants, elle sourit, et tout le reste disparaît.

Elle est là, juste à côté des portes automatiques, tirant une petite valise derrière elle. Même fatiguée, elle a cet éclat. Nina est la première à la voir et se précipite vers elle. Jen l'accueille dans ses bras, éclatant de rire en la serrant contre elle. Lucca arrive juste derrière, plus discret, mais je vois bien qu'il est heureux de la revoir lui aussi. Jen passe une main dans les cheveux de son fils, souriante, avant de tourner son regard vers moi et Gianni.

- Ça va, mon petit cœur ? demande-t-elle doucement en se penchant vers Gianni.

Il la fixe un instant, ses grands yeux sombres pleins de reconnaissance. Puis, sans un mot, il se précipite dans ses bras, enfouissant son visage dans le creux de son cou. Jen le serre contre elle, le berçant doucement, comme elle le fait toujours avec lui. Avec Gianni, tout est plus délicat. Il a ce besoin constant d'elle, bien plus que les autres enfants. Leur lien est particulier, indéfectible, et je sais que cela a été difficile pour elle de s'en éloigner même pour quelques jours.

Je m'avance à mon tour, mes mains dans les poches. Quand elle relève la tête pour me regarder, je peux voir la fatigue dans ses yeux, mais aussi cette lueur de détermination. Je l'admire pour ça, même si parfois cela me dépasse.

- Bienvenue à la maison, je dis simplement en lui souriant.

Elle me rend mon sourire, doux, mais un peu épuisé.

- Merci, Arnaud.

Après les retrouvailles, nous récupérons ses affaires et nous nous dirigeons vers la voiture. Gianni ne lâche plus la main de sa mère, comme s'il craignait qu'elle disparaisse de nouveau. Le trajet du retour est calme. Nina et Lucca discutent entre eux à l'arrière, évoquant des histoires d'école et de projets pour le week-end. Gianni, lui, tient la main de Jen qu'elle passe derrière son siège, sa tête reposant sur l'appui-tête de son siège-auto, presque prêt à s'endormir.

En rentrant à la maison, je sens que Jen est prête à se poser, mais les enfants ne lui laissent pas vraiment ce luxe. Dès que nous franchissons la porte, ils l'entourent, réclamant son attention. Nina insiste pour lui montrer un travail du lycée qu'elle a fait en son absence, tandis que Lucca, plus réservé, veut lui parler de son dernier match de football.

Gianni, lui, ne dit rien, mais reste collé à elle comme une ombre. Volt, en revanche, semble très heureux de retrouver tout le monde, bondissant autour de nous avec son énergie débordante. Jen le caresse distraitement, tout en écoutant les enfants raconter leurs histoires, mais je peux voir à quel point elle est fatiguée.

Je prends les devants et propose aux enfants de la laisser un peu tranquille pour qu'elle se repose. Nina fait la moue, mais accepte finalement. Lucca, comme toujours plus compréhensif, acquiesce sans un mot. Quant à Gianni, il ne semble pas prêt à se séparer d'elle, mais Jen parvient à le convaincre de rejoindre sa chambre pour un moment.

Nous nous retrouvons finalement seuls dans le salon. Elle soupire profondément en se laissant tomber sur le canapé.

- Ça fait du bien d'être de retour, murmure-t-elle en fermant les yeux.

- Tu as l'air épuisée, je réponds en m'asseyant à côté d'elle. Comment ça s'est passé à Paris ?

Elle prend une seconde avant de répondre, comme si elle devait rassembler ses pensées.

- Ça avance bien. Je choisis les textes, j'écoute des maquettes. Ils sont tous pressés que je termine, mais je prends mon temps. Je veux que cet album soit parfait. Elle marque une pause avant d'ajouter :

- Mais c'est fatigant, ces allers-retours.

Je hoche la tête.

- C'est beaucoup pour toi, et pour les enfants aussi.

Elle ouvre les yeux et tourne son regard vers moi.

- Je sais... Je me demande parfois si j'ai pris la bonne décision.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Elle aime la musique, ça la nourrit. Mais je vois aussi à quel point c'est difficile de jongler entre tout ça. Peut-être que je devrais lui dire d'y aller plus doucement, de se ménager. Mais en même temps, je sais qu'elle n'écouterait pas. C'est Jen, et elle est toujours allée jusqu'au bout des choses.

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Plus que 8...

Voici le trente-deuxième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant