Chapitre 21 - Nina

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Cela fait deux semaines que papa est ici, allongé dans ce lit d'hôpital, sans bouger, sans ouvrir les yeux. Deux semaines de visites silencieuses, de journées passées à attendre un signe, quelque chose. Aujourd'hui, je suis revenue seule, mais hier, Lucca était avec moi. Je lui ai demandé de m'accompagner. On a fait le chemin ensemble, presque main dans la main, sans parler. Comme si on savait que les mots seraient de trop.

Lucca n'a pas dit grand-chose quand on est arrivés. Je pense qu'il en veut encore à papa. Il s'est assis sur la chaise, de l'autre côté du lit, et il l'a regardé pendant de longues minutes, en silence. Moi, j'étais près de mon père, tenant sa main comme je le fais à chaque fois. Et Lucca, lui, fixait le moniteur, les lignes régulières qui défilent sur l'écran, comme s'il essayait de comprendre ce qu'elles signifient vraiment.

Aujourd'hui, c'est différent. Je suis là toute seule. Jen a dit que Lucca devait rester à la maison aujourd'hui pour aider avec Gianni. C'est faux. Il n'aidera pas Jen mais bon. Ce matin Nini a touché la porte d'entrée encore une fois, en espérant sans doute qu'elle s'ouvre enfin et que papa revienne. Jenifer m'a dit qu'il s'accrochait à cette idée, qu'il attendait un retour sans comprendre ce que tout ça voulait dire.

Moi, je suis ici. Je suis celle qui doit être forte pour eux, celle qui doit être là pour papa. Je m'assois sur la chaise en plastique, à côté du lit, et je prends la main de papa dans la mienne. Sa peau est tiède, mais je ne sens pas cette chaleur rassurante qu'il avait autrefois. Je serre un peu plus fort, espérant qu'il me sente, qu'il sache que je suis là, que je l'attends.

     - Papa... dis-je doucement. C'est moi, Nina.

Ma voix est tremblante. Je ne parle pas beaucoup quand je suis ici, mais aujourd'hui, j'ai l'impression que je dois dire quelque chose. Parce que deux semaines, c'est long. Parce que je ne peux pas continuer à rester là, à attendre en silence. Je veux qu'il m'entende, qu'il sache que je ne suis pas partie.

Je ferme les yeux et je me rappelle d'hier, de ce moment où Lucca s'est levé soudainement, incapable de rester assis plus longtemps. Il est allé vers la fenêtre, les poings serrés, ses épaules tendues. Je le connais, c'est comme mon frère. Même s'il ne dit rien, je sais que ça le ronge de l'intérieur, tout comme moi. Il m'a dit une fois que papa allait se réveiller, qu'il en était sûr. Mais je pouvais voir dans ses yeux qu'il n'y croyait qu'à moitié. Lucca est comme ça, il se protège en construisant des murs autour de lui.

Hier, après être resté un moment debout, il s'était approché du lit, mais sans oser le toucher. Il l'avait juste regardé, comme s'il cherchait des réponses dans ce visage endormi. Ensuite, il avait murmuré quelque chose que je n'avais pas bien compris, puis il s'était tourné vers moi, et il avait dit :

     - Nina, tu crois qu'il nous entend ?

Je n'avais pas su quoi répondre. Alors, j'avais juste haussé les épaules. Qu'est-ce que je pouvais dire ? Je ne suis pas sûre, moi non plus. Je ne sais pas comment tout ça fonctionne. Est-ce qu'il nous entend ? Est-ce qu'il sent notre présence ? Je l'espère. Parce que sans ça, tout ce qu'on fait ici, toutes ces visites, tout cet espoir... ça n'aurait pas de sens.

     - Je suis encore là, papa. Tu nous manques, tu sais ? Gianni demande souvent après toi. Il touche la porte, comme s'il espérait que tu rentres à tout moment.

Je me mets à parler, presque sans m'en rendre compte. Les mots sortent, hésitants, mais ils sont là. Je lui parle de Gianni, de Lucca, de maman. Comment la maison est vide sans lui. Comment Gianni ne comprend pas vraiment pourquoi papa n'est plus là, pourquoi tout est si silencieux. Et comment Lucca, lui, essaie de rester fort, mais que je sais que c'est dur pour lui aussi.

     - On a besoin de toi, papa, continue-je, ma gorge serrée. Je ne sais pas comment on va tenir sans toi.

Mes mains tremblent un peu, mais je garde la sienne dans les miennes. C'est ma façon de m'accrocher, d'espérer. J'imagine encore Lucca ici, à ma place, assis à côté de papa. Il ne le dira pas, mais lui aussi a besoin de le voir ouvrir les yeux, de le voir sourire comme avant. Hier, quand on est repartis ensemble, il a évité de parler du retour à la maison. Je sais qu'il préfère oublier cet hôpital, ce lit, ces machines.

Je respire profondément et m'installe un peu plus confortablement sur la chaise. Je sais que ça va être une longue journée. Les heures passent si lentement ici, et chaque minute est une éternité. Pourtant, je suis là, parce que je n'ai pas d'autre choix. Papa a toujours été fort pour nous, alors maintenant c'est à mon tour d'être forte pour lui.

Je repose doucement ma tête contre le bord du lit, comme je l'avais fait tant de fois quand j'étais petite, quand je m'endormais sur son épaule après une longue journée. Je ferme les yeux, et pendant un instant, je fais semblant. Je fais semblant qu'il est réveillé, qu'il va me caresser les cheveux et me dire que tout ira bien.

Mais le silence est toujours là, lourd et pesant.

Et je reste à attendre, comme tous les jours depuis deux semaines.

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Voici le vingt-et-unième chapitre ! Vous aurez le prochain d'ici quelques minutes !

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant