Chapitre 6 - Nina

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Le mercredi midi est enfin arrivé, et avec les garçons nous n'avons pas école, enfin avec Lucca nous avions quelques cours quand même ce matin. Avec la chaleur douce de juin, j'ai décidé de proposer à Jen un pique-nique dans une crique, loin des foules. Ça nous ferait du bien, surtout après la tension de ces derniers jours. Je suis persuadée que la nature apaiserait un peu les esprits.

Quand nous avons quitté la maison, j'ai remarqué la manière dont Jenifer se tenait, légèrement sur la défensive. Les échos de la dispute avec papa pesaient encore sur ses épaules, et je me suis demandé comment elle allait gérer cette journée. Mais je n'ai pas voulu en parler, de peur de briser la magie du moment.

- Prête pour ce bon repas Jen ? lui ai-je demandé en lui adressant un sourire encourageant.

Elle a pris une grande inspiration avant de hocher la tête, un petit sourire timide aux lèvres. Lucca, de son côté, traîne un peu derrière nous, les yeux rivés sur son téléphone. Gianni, avec son regard curieux, observe chaque caillou sur notre chemin, fasciné par les petites choses.

Arrivés à la crique, le paysage s'ouvre devant nous. Le sable est chaud sous nos pieds, et l'eau brille sous le soleil. Jenifer déplie la nappe sur le sable, et je commence à sortir les délicieux en-cas que nous avons préparés ensemble.

- Maman ! s'exclame Gianni soudain, pointant un joli coquillage.

Jenifer se penche vers lui, son visage illuminé d'intérêt. Même si Gianni ne parle pas beaucoup, je vois la connexion qu'il a avec elle. Il lui montre son trésor, et je sens une vague de chaleur se répandre en moi, heureuse de les voir ensemble.

Lucca, lui, a décidé d'explorer un peu plus loin, le regard distant, sans dire un mot. Ça me fait toujours un peu de peine qu'il ne soit pas plus proche de Gianni, mais je sais qu'il est en quête de son propre espace.

Nous commençons à manger, partageant des rires et des histoires tout en savourant les délices que nous avons apportés. Le soleil brille, et je peux voir que Jenifer se détend lentement, ses épaules se relâchant au fur et à mesure que nous profitons de ce moment ensemble.

Après le repas, la nappe est recouverte de miettes, et il est temps pour chacun de prendre un peu de temps pour soi. Lucca propose d'aller se promener le long de la crique.

- Je vais faire un tour, dit-il, toujours dans son ton distant.

Jenifer acquiesce avec un petit sourire, contente qu'il prenne l'initiative de s'éloigner.

- Fais attention à toi, Lucca. Ne t'éloigne pas trop ! lui rappelle-t-elle, mais je sais qu'il ne l'entendra pas vraiment.

Gianni, quant à lui, a choisi de rester près de sa mère. Il s'assoit à côté d'elle, jouant tranquillement avec les coquillages qu'il a ramassés. Même s'il ne parle pas, je vois à quel point il est réconforté par sa présence. Jenifer se penche vers lui, lui caressant doucement les cheveux.

- Tu sais, Gianni, commence-t-elle, son ton plein de tendresse, je suis toujours là pour toi. Si tu veux dire quelque chose, tu peux toujours venir me voir.

Gianni lève les yeux vers elle sans jamais la regarder dans les yeux et sourit timidement, son regard brillant de compréhension. C'est incroyable de voir à quel point il est proche d'elle, même sans mots.

Il lui tend, juste quelques secondes après un petit coquillage avec un symbole de spirale sur une des faces.

Jenifer se penche en avant, fascinée.

- Oh, un œil de Sainte-Lucie ! s'exclame-t-elle avec enthousiasme. Tu sais ce que ça signifie ?

Il secoue la tête, intrigué.

- C'est un symbole de chance et de protection, explique-t-elle, ses yeux scintillant. Les gens croyaient qu'il pouvait les protéger des mauvais sorts.

Gianni observe attentivement le coquillage, et même s'il ne peut pas s'exprimer, je vois qu'il est attentif à chaque mot de Jenifer. C'est comme s'il comprenait la signification plus profonde de ce petit trésor qu'il tient entre ses mains.

Le temps passe, et la chaleur de l'après-midi continue de nous envelopper. Je me lève pour aller faire des photos et des vidéos de la mer. En revenant, je jette un coup d'œil à Lucca, qui s'est éloigné, absorbé dans ses pensées. J'espère qu'il trouve un peu de répit dans cette solitude.

De retour près de ma mère et de Gianni, je m'assois à côté d'eux. Jenifer a posé le coquillage à côté d'elle, et Gianni joue avec quelques petits cailloux, plongé dans son univers. Le lien entre eux est palpable, et je me sens réconfortée en les voyant ensemble.

- Jen, dis-je doucement, je pense que ce pique-nique est exactement ce dont nous avions besoin.

Elle me sourit, un sourire plein de gratitude.

- Oui, tu as raison, chérie. Ça me rappelle qu'il est important de prendre du temps pour nous.

À ce moment, je sens une légère tension dans l'air. Même si papa n'est pas là, la dispute qu'ils ont eue récemment pèse encore sur l'atmosphère. Jenifer semble préoccupée, et je voudrais qu'elle se sente mieux.

Nous continuons à discuter de choses banales, mais je ne peux m'empêcher de penser à la situation tendue avec papa. Jenifer mérite des excuses, et j'espère qu'il réalisera combien elle a besoin de lui.

Soudain, alors que le soleil commence à descendre dans le ciel, j'aperçois une silhouette au loin. C'est papa ! Il marche vers nous, un bouquet de pivoines à la main. Un grand sourire s'affiche sur mon visage. Ce n'était pas du tout prévu qu'il vienne mais je suis tellement contente qu'il ai pris cette initiative. Je peux voir l'hésitation sur son visage, mais il semble vraiment déterminé.

- Je suis désolé, dit-il en s'approchant et en se mettant devant Jenifer, le regard sincère. Je voulais te dire que je regrette ce qui s'est passé.

Le silence s'installe, chacun attendant une réaction.

- Merci, mais je...

Elle s'interrompt, visiblement touchée par son geste.

- Ce n'est pas suffisant, Arnaud...

Je vois la déception dans ses yeux, et je me demande si cette réaction va les éloigner encore plus.

- Mais je veux essayer, je veux que tu saches que je tiens à toi et à notre famille.

Il s'approche d'elle et tend le bouquet.

- C'est beau et je sais que tu veux, mais tu as malgré tout, beaucoup à prouver. murmure-t-elle.

- Merci de me laisser cette chance. Je suis prêt à tout pour que notre famille aille mieux.

Jenifer prend une grande inspiration, et je vois une lueur d'espoir dans son regard. Peut-être que cette journée, ce pique-nique, pourrait réellement marquer le début d'une nouvelle dynamique pour nous tous.

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Voici le sixième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant