Chapitre 7 - Arnaud

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Le paysage s'étend devant nous alors que nous nous rapprochons de Biguglia. La route sinueuse longe la mer, offrant une vue magnifique, mais mon cœur est lourd d'angoisse. À côté de moi, Jenifer est silencieuse, le regard fixé sur le paysage qui défile. Je sens sa tension, sa nervosité palpable. Gianni, dort paisiblement à l'arrière, son visage paisible contrastant avec l'angoisse qui nous habite.

Depuis qu'on a recommencé à parler de ce centre médico-éducatif, c'est comme si la distance s'était réinstallée entre nous. Et je sens bien qu'elle s'enfonce dans ses pensées, qu'elle essaie de tout porter seule. Mais je suis là maintenant. Je veux être là pour elle, pour lui.

En arrivant, je me gare dans le parking, et je prends un moment pour respirer profondément. Avant d'ouvrir la porte, je glisse ma main sur le genou de Jenifer, cherchant à la rassurer. "On est là, ensemble, tu sais", je lui murmure, essayant d'injecter un peu de force dans mes mots. Elle tourne la tête vers moi, ses yeux brillants d'inquiétude, mais elle acquiesce doucement, reconnaissant ma tentative de soutien.

Lorsque je sors de la voiture, je remarque que Gianni a ouvert ses yeux. Jenifer lui ouvre la portière et le détache. Il décide de marcher mais il prend la main de sa maman. Je peux sentir Jenifer devant moi, luttant avec ses propres émotions. Le centre se dresse devant nous, avec ses murs colorés et ses dessins d'enfants, mais tout cela ne suffit pas à apaiser l'angoisse qui pèse sur elle.

Je repense à cette conversation qu'on a eue, il y a deux jours, quand elle m'a confié à quel point l'idée de séparer Gianni d'elle, même quelques heures, la terrifiait. "Je ne sais pas s'il va comprendre, Arnaud. Et si ça le perturbait ? Et si c'était une erreur ?"

Je m'avance vers elle, et lui offre un sourire encourageant.

- Regarde, c'est un endroit accueillant. Je suis sûr que ça va bien se passer.

Mais son regard est toujours perdu dans le vide, cherchant des réponses qu'elle n'a pas. Je lui dépose un baiser sur la tempe et prends sa main dans la mienne, une connexion tangible qui m'aide à me sentir moins perdu.

À l'intérieur, nous sommes accueillis par Madame Angeli, la directrice du centre. Elle est chaleureuse, avec un sourire apaisant qui pourrait dissiper un peu de notre anxiété.

- Bienvenue à Biguglia ! Je suis ravie de vous rencontrer, et surtout de faire la connaissance de ce petit homme, dit-elle en se penchant légèrement vers Gianni, qui se colle à la jambe de ma femme.

- Bonjour, Gianni, dit-elle d'une voix douce, essayant de capter son attention.

Je vois Jenifer se raidir à mes côtés.

- Il est un peu timide, explique-t-elle en passant sa main dans les cheveux de notre fils. C'est une étape difficile pour lui, comme pour nous.

Madame Angeli sourit avec bienveillance.

- C'est tout à fait normal. Nous avons l'habitude ici, et nous allons l'aider à s'adapter. Chaque enfant est unique, et nous allons prendre le temps qu'il faut.

Nous commençons la visite du centre, et à chaque pas, je peux sentir la tension de Jenifer. Elle garde Gianni serré contre elle, comme s'il était son bouclier contre cette nouvelle réalité. J'essaie de lui faire comprendre que c'est pour le mieux, mais les mots semblent futiles face à son anxiété.

Madame Angeli nous fait découvrir les différents espaces du centre. Nous visitons d'abord une salle de motricité, où des enfants jouent joyeusement sous l'œil vigilant des éducateurs. Je remarque les sourires, les rires, et même les petites disputes qui semblent si normales dans ce cadre.

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant