Chapitre 18 - Arnaud

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Ce samedi matin, le soleil brille haut dans le ciel corse, enveloppant la route de sa lumière dorée. L'air est frais, le genre d'air qui m'apporte un semblant de clarté. Mais dans mon esprit, la tempête fait rage. Cela fait trois semaines que Jen et moi avons mis notre relation en pause, enfin... que j'ai pris la décision, mais je n'arrête pas de me demander si j'ai vraiment fait le bon choix. En quittant la maison, j'ai ressenti un vide immense, une absence qui semble engloutir tout espoir.

Je me concentre sur la route. Je sais que Nina est en colère contre moi, qu'elle espérait que tout cela ne serait qu'une phase passagère.

Quant à Gianni, il semble toujours perdu, incapable de comprendre pourquoi son père prend des décisions si radicales.

Et Lucca, celui que je considère comme mon fils, il est occupé avec ses amis, loin des conflits familiaux.

Mon téléphone vibre sur le siège passager, attirant mon attention. C'est un message de ma sœur. Elle me demande des nouvelles des enfants, si tout se passe bien à la maison. Je ne suis pas d'humeur à répondre. Mais un sentiment de culpabilité me pousse à lire son message.

De Laura à Arnaud
11h34

"Comment vont les enfants ? On peut se voir bientôt ?"

Je me demande si elle pourrait comprendre tout ce qui se passe. Je lui réponds par un simple « ça va » avant de poser le téléphone à côté de moi.

Les souvenirs de la matinée m'assaillent à nouveau. Jen, ce regard dévasté sur son visage, la douleur dans ses yeux. Je pense à ce que j'ai fait, à ce que j'ai laissé derrière moi. J'ai encore un peu d'espoir pour elle, pour nous, mais je suis trop fatigué. Je ressens un amour immense pour chacun des enfants, pour Jen, et pourtant, j'ai pris la décision de partir. J'ai l'impression d'être un lâche.

En roulant, le paysage est magnifique. Les montagnes corses s'élèvent majestueusement, leurs sommets caressés par les nuages. Personnellement, ce genre d'arrière plan me réconforte. Je me sens en paix un instant, jusqu'à ce que je réalise que tout cela peut changer en un instant.

Puis, soudain, tout bascule.

Une voiture surgit de nulle part. Je n'ai pas le temps de réagir. Le choc est brutal. L'impact me projette contre le volant avec une force inouïe, mes côtes se heurtent à la structure du véhicule.

Avant même de comprendre ce qui se passe, ma voiture dérape, file sur le bitume et heurte violemment la paroi rocheuse qui borde la route. Le crissement de la carrosserie sur la pierre résonne comme un cri, un cri que je suis le seul à entendre.

L'air est brutalement arraché de mes poumons. Je suis étourdi, mes pensées s'entrechoquent. Dans un dernier élan de lucidité, je réalise que la voiture qui m'a percuté prend la fuite, disparaissant aussi rapidement qu'elle est apparue. La douleur explose dans ma poitrine, et je comprends que je suis gravement blessé.

Je tente de bouger, mais chaque mouvement semble être une lutte contre une force invisible. Mes mains tremblent alors que je cherche mon téléphone, mais il est tombé sous le siège, hors de portée. Je veux appeler de l'aide, mais la douleur est si intense que je n'arrive pas à penser correctement.

Ma vision se brouille, et je peine à rester éveillé. Le goût métallique du sang envahit ma bouche, mes pensées se font plus lentes.

Les larmes coulent sur mes joues, mélangées au sang qui s'échappe de mes blessures. Je suis seul ici, sur cette route désertée, loin de tout. Je pense à mes enfants, à Nina, à Gianni, et même à Lucca qui est probablement en train de jouer son match, insouciant de ce qui se passe ici.

Et Jen... Mon cœur se serre en pensant à elle. Je réalise que je l'aime tellement, que j'aime chacun de mes enfants. J'aurais dû rester, j'aurais dû me battre pour nous. Mais maintenant, il est trop tard. La peur me ronge alors que je prends conscience de la gravité de la situation.

Je ferme les yeux un instant, me concentrant sur ma respiration, mais chaque inspiration est une douleur lancinante.

J'essaye de réouvrir les yeux mais la lumière du jour devient floue. Je ne veux pas que ce soit la fin. Je ne peux pas partir comme ça, sans leur dire au revoir.

La montagne, la route, tout devient indistinct. Je ne sais pas combien de temps passe. Mon corps est lourd, engourdi. Je tente d'appeler, de crier, mais il n'y a personne pour m'entendre. Mon esprit s'évade, et je me demande si je reverrai un jour mes enfants, si je pourrai encore tenir Jen dans mes bras.

Je veux les revoir. Je veux leur parler encore une fois, leur dire que je suis désolé. Désolé de ne pas avoir trouvé la force de rester, de ne pas avoir réussi à tenir.

Le froid m'envahit. Je commence à trembler, à perdre toute sensation dans mes membres. Mon souffle devient laborieux, chaque inspiration me coûte un effort immense. Je ne peux pas abandonner. Pas maintenant. Mais tout devient noir.

Je pense une dernière fois à celle qui est encore ma femme, à ses yeux remplis de larmes ce matin. Est-ce que je vais pouvoir la revoir ?

Le silence autour de moi est complet. Tout s'efface.

Le noir m'enveloppe.

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Voici le dix-huitième chapitre ! Vous aurez le prochain demain.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les commentaires ! À demain !

:)

L'écho du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant