Des coups de klaxon répétés dans la rue Berthe réveillèrent Paul et sonnèrent la fin de sa grasse matinée dans la chambre de son appartement de Montmartre. Il s'étira puis s'assit au bord du lit. Il attrapa son téléphone sur sa table de chevet et regarda l'heure. Il était neuf heures quarante-cinq. Le jeune homme éprouva une légère déception : il aurait voulu dormir davantage. Il se leva et passa sous la douche. En se frictionnant sous l'eau à peine tiède il repensa à cette dernière rencontre avec son arrière-grand-mère à Lille. Le fait que Lucia lui soit à nouveau apparue sans dire ce qu'il devait faire de sa lettre posthume le contrariait et l'angoissait beaucoup. La confirmation de la mort suspecte de la sœur Marie-Ana ajoutait à son stress. Une seule chose le réconfortait parmi tout ce qui lui traversait l'esprit : Chadi était enfin en France et chaque heure qui s'écoulait le rapprochait un peu plus de lui. Bientôt il serait là, dans ses bras.


Après cette étape à la salle de bains Paul enfila un tee-shirt et un bermuda en jean mais resta dans ses chaussons. Il gagna la cuisine et prit deux tranches de pain qu'il posa sur la toile cirée de la petite table carrée sur laquelle se trouvait un pot de miel. Il disposa une tasse sur le support de la cafetière électrique qu'il actionna avant de prendre une assiette dans le placard et un couteau dans le tiroir devant lui. Puis il s'installa et commença à étaler du miel sur sa première tartine.


Soudain, trois coups bien sonores retentirent à la porte du logement. Pourtant personne n'avait sonné à l'entrée de l'immeuble, ce qui étonna Paul. Mais il se dit que cela était déjà arrivé, notamment quand le facteur apportait un recommandé ou un colis. Il quitta sa chaise et alla ouvrir.


Sur le seuil, un type à la stature intimidante lui faisait face. Il portait un costume sombre mais pas de cravate. Son visage aux traits austères était fermé. Son regard perçant avait quelque chose de métallique. Paul eut l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Sans se souvenir vraiment. En une fraction de seconde, il flaira le danger et tenta de rabattre le battant dont il tenait encore la poignée dans sa main droite. Mais l'homme, rapide comme l'éclair, mit un pied entre le mur et la porte, empêchant la fermeture de celle-ci. Puis il la poussa violemment sur le jeune garçon qui eut juste le temps de faire un pas en arrière pour éviter de la prendre dans la figure. L'individu entra et referma précipitamment derrière lui. Puis il se jeta sur Paul, comme une furie. D'une main il lui serra la gorge en exerçant une pression qui le fit presque suffoquer et de l'autre il extirpa de sa veste un pistolet. Il appuya le canon de l'arme sur la joue du garçon qu'il plaqua contre la paroi séparant le petit vestibule du salon.


C'est à cet instant que Paul reconnut son agresseur. Ses iris le fixaient intensément et oui, il en était sûr : il s'agissait de l'inconnu qui l'avait suivi le jour de son rendez-vous pour l'ouverture d'un coffre au siège de la Société Générale. Les images de cet épisode lui revinrent à la mémoire et défilèrent dans sa tête en accéléré. Il revoyait ce même énergumène l'attendre à sa sortie de la banque et le prendre en filature jusqu'à ce qu'il parvienne à le semer en piquant un sprint dans le dédale des étals des Galeries Lafayette.


Visiblement satisfait de l'effroi qu'il constatait dans le regard de sa proie, le nervi desserra son étreinte puis lâcha le cou. Il recula en continuant à pointer son pistolet, menaçant. D'une voix ferme à l'accent russe très prononcé, il lança :

- Si tu te tiens tranquille et si tu fais ce que je te dis, il n'y aura pas de problème.

- Qui êtes-vous ? balbutia Paul, sans grand espoir d'obtenir une réponse.

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Le quatrième secret de soeur LuciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant