Le quatrième secret de soeur Lucia

34.

Après une longue journée harassante passée sur la plage des Sablettes à s'occuper des vacanciers venus bronzer au bord de l'Atlantique sous le soleil brûlant de Mohammédia, Yassine pénétra dans le hall de son immeuble avec la ferme intention de rester à l'ombre toute la soirée et de se détendre.

Il lui tardait aussi de retrouver son ami Chadi qui devait passer chez lui sa dernière nuit avant de s'envoler le lendemain matin dans un avion de la Royal Air Maroc à destination de Paris. Le jeune plagiste avait essayé de joindre à plusieurs reprises son hôte sur son mobile pour l'informer de l'heure approximative de son retour, sans y être parvenu. Il tomba directement sur la messagerie vocale à chaque fois et cela l'intriguait.

Quand il arriva au niveau de son appartement, Yassine comprit immédiatement que quelque chose d'anormal s'était produit. Un stress intense s'empara de lui et ses sacs lui tombèrent des mains à la seconde où il vit la porte d'entrée de son logement grande ouverte. Il regarda la serrure et ne décela aucune effraction. Il ramassa ses affaires et entra. Ce qu'il découvrit le plongea à la fois dans le désarroi et dans une vive perplexité.

Le modeste meublé était sens dessus dessous. Yassine se retint de pleurer. Tous les placards, demeurés ouverts, avaient été vidés de leur contenu. Une multitude d'objets personnels, ses bibelots, les ustensiles de cuisine jonchaient le plancher dans un désordre indescriptible. Quelques effets appartenant à Chadi en faisaient partie. Le logis semblait avoir été fouillé de fond en comble, jusqu'aux WC en passant par la salle de bains et la chambre. Aucune pièce ne fut épargnée. Quelques meubles gisaient renversés sur le sol. Une vraie scène de chaos digne du passage d'un ouragan.

Yassine se rendit compte de la disparition de son ordinateur, ce qui le mit en rage. Planté au milieu du séjour, encore sonné par ce triste spectacle, il remarqua parmi l'amas de choses qui traînaient par terre le visage voilé de la figurine représentant la Vierge-Marie avec laquelle Chadi voyageait. Il s'accroupit et s'aperçut en la saisissant qu'il n'en tenait dans sa main qu'un morceau. Elle avait été brisée en deux. Le Marocain trouva sa partie inférieure à quelques centimètres de là, à côté d'un de ses livres préférés. Il observa les deux bouts de la pieuse statuette serrés entre ses doigts et releva qu'elle était creuse. Il se redressa, posa les fragments de ce qu'il subodorait être une relique sur un tabouret et retira son smartphone de son pantalon pour tenter à nouveau de joindre son pote Chadi.

Il n'entendit même pas de tonalité et futinstantanément basculé sur la boîte vocale.