À Coimbra, dans leur chambre d'hôtel plongée dans l'obscurité, les deux garçons dormaient. Les inspirations et expirations de Paul rythmaient un sommeil profond. Chadi, quant à lui, transpirait et se retournait sans cesse dans le grand lit, sans doute en proie à un mauvais rêve. Soudain, il ouvrit les yeux et mit quelques instants à réaliser où il se trouvait. Le torse nu, il passa une main sur ses pectoraux et constata qu'il était en nage. Avec son autre main, il attrapa son smartphone posé sur la table de nuit et regarda l'écran : il affichait minuit et sept minutes. Le Marocain s'assit contre son oreiller, se frotta les paupières et observa son compagnon étendu à côté de lui, ou plutôt sa silhouette que les ténèbres transformaient en une ombre rassurante. Pas de doute : le Français restait paisiblement blotti entre les bras de Morphée.


La fenêtre permettait à la lune de refléter sur les murs de la pièce une infime clarté dont Chadi profita pour admirer durant de longues minutes les lignes du corps de son ami, qu'il parvenait à distinguer dans la pénombre. Il se sentait plus amoureux que jamais et à cet instant il le désirait. Il se retenait par respect pour le repos réparateur dont Paul avait grand besoin.


Tout à coup, le jeune Arabe fut arraché à sa contemplation nocturne par le souvenir de l'étrange rêve qu'il venait de faire. Les images de celui-ci firent irruption dans son cerveau et revinrent à sa mémoire de façon assez précise : il voyait l'intérieur du carmel où sœur Lucia avait vécu, lequel subissait une inondation d'ampleur. Dans le songe, les couloirs et les cellules du couvent, sombres et froids, disparaissaient sous les assauts d'une crue aussi impitoyable que mystérieuse. Des religieuses se noyaient et hurlaient pour qu'on leur vienne en aide. L'une d'elles allait être engloutie par les flots au moment où Chadi s'était réveillé en sueur.


Il demeura pensif un certain temps. Bien sûr, ladernière étape de la journée précédente, devant le carmel Santa Teresa,expliquait le décor de son cauchemar. Puis ses lèvres s'étirèrent pour formerun large sourire : une idée germait dans son esprit. Il reprit son i-phoneet tapa sur un moteur de recherche : « bleus de travail – achat enligne ».


Le quatrième secret de soeur LuciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant