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Paul sentit une douleur lancinante lui labourer l'intérieur de la tête avant même de remuer la première paupière. Il mit de longues minutes à se réveiller complètement. Il releva péniblement la figure et jeta un regard circulaire. La vision encore troublée, il put néanmoins distinguer des murs en béton, nus, exempts de toute décoration. Une semi-obscurité régnait dans ce local froid qui ressemblait à une cave. Aucune fenêtre pour y laisser pénétrer la lumière du jour, qui ne s'infiltrait que très parcimonieusement grâce à la présence d'un unique soupirail.


La sortie de sa léthargie ne faisait qu'accroître son mal de crâne qui atteignit son paroxysme lorsqu'il essaya de bouger. Il prit alors conscience qu'il avait les mains liées dans le dos, solidement attachées à la chaise de bois sur laquelle il se trouvait assis. Face à lui, une massive porte métallique achevait de rendre hermétique cet endroit lugubre.


Recouvrant petit à petit ses facultés, le jeune Français se posa les premières questions : où était-il ? Qui le retenait prisonnier ?


Il comprit vite qu'il serait vain de tenter de se libérer de ses liens. Il se rendit compte dans un second temps que ses pieds aussi étaient entravés. Sa vue s'améliorait. Tout devenait moins flou autour de lui. En revanche, sa redoutable céphalée persistait. Il attendit ainsi un certain temps.


Pendant qu'il patientait, il finit par repérer deux petites lumières rouges à chacune des extrémités du mur qui encadrait la porte, devant lui, juste au niveau de la jointure avec le plafond. « Des caméras, se dit-il. On me filme. »


Subitement, un bruit de ferraille résonna et le lourd battant qui lui faisait face s'écarta pour laisser entrer une femme d'une quarantaine d'années à l'air revêche, dont la chevelure brune s'étirait vers la nuque en formant un chignon qui lui donnait une mine encore plus sévère. Deux pas derrière elle, Paul reconnut l'homme qui l'avait assommé dans la Renault. Il la suivait comme un petit chien. Il ne portait plus ses lunettes noires. Il referma l'épais vantail d'acier après leur passage.


Tous deux restèrent debout, ce qui leur donnait un ascendant sur le chef de rang du George V qui les observait sans rien dire, en écarquillant les yeux.


C'est la femme, vêtue d'une chemisette en lin de couleur crème et d'un simple blue-jean surmontant une paire de baskets, qui prit la parole en se postant très près de son prisonnier et en le toisant de haut :

- Alors jeune homme, bien dormi ?

- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? attaqua Paul d'emblée en éludant la question ironique de sa geôlière.

- C'est moi qui pose les questions ici ! asséna sèchement la matrone. Où as-tu planqué la lettre ?

- Quelle lettre ?


Agacée, l'inconnue se tourna vers l'homme à la Mercedes et lui dit : « on dirait que le gamin veut jouer au plus malin... » Puis, considérant à nouveau son otage, elle menaça :

- Eh bien on va jouer, mon ami.

- Je ne suis pas votre ami, rétorqua Paul. Et d'abord vous, qui êtes-vous ? Vous parlez français sans accent. Vous êtes française ?

- Je t'ai déjà dit que c'est moi qui pose les questions. Tu le comprends le français, toi ? On dirait pas ! persifla-t-elle, de plus en plus contrariée.

Le quatrième secret de soeur LuciaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant