XL.

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La brûlure lancinante sur ma cuisse me ramène brusquement à la réalité. L'odeur de chair brûlée flotte dans l'air, mais je me force à garder mon sourire.

Je lève les yeux vers Aylan, mon sourire sarcastique toujours accroché à mes lèvres, une barrière fragile contre la douleur.

— C'est tout ce que tu sais faire ?

Il ne répond pas tout de suite, se contentant de me fixer, son regard noir, impénétrable. Le briquet vacille encore entre ses doigts, une menace silencieuse. Il pourrait me faire plus mal, je le sais, mais je devine aussi qu'il cherche une autre forme de contrôle, quelque chose de plus insidieux que la simple douleur physique.

— T'as vraiment une grande gueule, murmure-t-il en se penchant plus près, ses yeux vrillant dans les miens. Ça va te poser problème, tôt ou tard.

Son ton est froid, calculé, mais je vois la frustration bouillonner sous la surface. Ce n'est pas la douleur qui le satisfait. Il veut me briser, pas seulement me blesser.

Je serre les dents, rassemblant ce qu'il me reste de force mentale, tout en continuant à me libérer, millimètre par millimètre, des chaînes. Chaque mouvement est minime, mais calculé. J'ai déjà survécu à pire. Je peux survivre à lui.

— Peut-être, je réplique, mais pour l'instant, je suis encore là. Toi, par contre... tu sembles avoir un sérieux problème avec ta méthode de persuasion.

Son visage se durcit. Il s'approche encore plus, si près que je sens la chaleur de son souffle sur ma peau. Il finit par lâcher un rire bref, sans joie, avant de faire un pas en arrière, éloignant enfin le briquet de ma cuisse.

— Continue à parler, si ça t'aide à oublier ce qui arrive vraiment, dit-il d'une voix presque calme, mais chargée de menace sous-jacente.

Je sens les chaînes légèrement céder sous mes doigts, mais je reste immobile, continuant à le fixer avec cet air provocateur. Mon sourire est toujours là, même si la douleur sur ma cuisse m'arrache intérieurement.

— Oublier ? je murmure, un éclat d'ironie dans la voix. T'inquiète pas, Aylan, je n'oublie jamais.

Il recule encore, son regard pesant sur moi, cherchant à lire entre les lignes de mes provocations. Son silence est lourd, presque aussi oppressant que l'air froid de la pièce. Je peux voir qu'il essaie de garder le contrôle, mais chaque mot que je prononce le pousse un peu plus près de la rupture. C'est là que réside mon pouvoir, dans cette capacité à déstabiliser.

— Tu sais quoi ? continue-t-il d'un ton plat. Tu crois que tu as toujours un coup d'avance, mais à la fin, c'est moi qui décide comment cette partie se termine.

Il tourne légèrement autour de moi, ses pas mesurés, comme un prédateur jouant avec sa proie. Mais je refuse d'être la proie. Pas cette fois.

Je sens enfin mes poignets libres, les chaînes lâchant leur emprise sur moi, mais je reste encore immobile, calculant le moment parfait pour agir. Il ne se doute de rien, et cette ignorance me donne un léger avantage.

— La fin, hein ? Je parie que t'as déjà tout imaginé, le grand final, tout ça.

Je l'observe, guettant la moindre réaction. Il se fige une seconde, juste assez longtemps pour que je sache que mes mots l'ont touché quelque part. Mon sourire s'agrandit, mais je ne me précipite pas encore. Pas avant d'être sûre que je peux vraiment renverser la situation.

— Et toi, tu penses vraiment pouvoir changer l'issue ? me répond-il, un éclat de défi dans sa voix, comme s'il cherchait à me provoquer à son tour.

Je laisse planer le silence un instant, avant de souffler doucement, mes yeux toujours rivés aux siens.

— Peut-être que c'est déjà fait, Aylan.

Aylan recule lentement, observant mes moindres mouvements. Je reste assise, mes chaînes enfin relâchées autour de mes poignets, mais je ne bouge pas. Je veux voir jusqu'où il est prêt à aller. Mon cœur bat toujours aussi vite, mais je fais de mon mieux pour ne rien montrer. Ce n'est pas le moment de faiblir. Pas devant lui.

Il fait quelques pas en arrière, le briquet toujours entre ses doigts. Son regard est impénétrable, mais je devine qu'il pèse ses options, cherchant un moyen de reprendre le contrôle. Je ne lui donne pas cette satisfaction.

— Alors, qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? je murmure, mon ton volontairement nonchalant, presque moqueur.

Il me fixe, ses yeux cherchant à percer ma façade, mais je ne cille pas. Le silence s'étire entre nous, lourd et chargé de tension. Je sens la brûlure de ma cuisse, mais je refuse de montrer la moindre faiblesse.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? T'es à court d'idées ? je lâche, un sourire provocateur aux lèvres.

Aylan serre le briquet dans sa main, la tension palpable dans chaque ligne de son corps. Mais au lieu de céder à la colère, il se penche vers moi, son visage à quelques centimètres du mien, son regard glacial.

— Ce n'est pas une question de ce que je vais faire. C'est de savoir combien de temps tu vas tenir avant de me supplier.

Je le fixe sans broncher, même si ses mots m'effleurent comme une lame. Il cherche à me pousser à bout, mais je refuse de tomber dans son piège. Je sens la douleur grandir dans ma cuisse, mais je garde mon sourire provocateur en place.

— Supposer que je vais supplier... c'est m'accorder bien trop d'importance, je réponds calmement.

Il sourit, mais ce sourire n'a rien de chaleureux. C'est une promesse de ce qui va suivre. Je le vois réfléchir, puis sans prévenir, il se redresse, me laissant assise là, face à lui, attendant son prochain mouvement.

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