Jeux de pouvoir

XLVII.

(...)
quelques minutes plus tard

Alors que je me dirige vers le hangar, je sens une énergie vibrer sous ma peau. Ce n'est plus la nervosité qui me gagne, mais cette montée d'adrénaline familière, celle qui annonce que tout est sur le point de se jouer. Emir m'a prévenue plus tôt, son regard sérieux posé sur moi.

" Il est temps, tu devrais te rendre au hangar pour choisir tes armes "

Il n'y avait pas d'hésitation dans sa voix, juste une réalité simple et inévitable. Ce soir, c'est moi qui entre dans l'arène, et je n'ai pas le droit à l'erreur. Mais au lieu de me sentir écrasée par cette responsabilité, je ressens une certaine excitation. Comme si, enfin, tout ce pour quoi j'ai été préparée allait se concrétiser.

Je continue à marcher d'un pas assuré, mes talons résonnant sur le sol. Autour de moi, la tension est palpable. Les regards se tournent vers moi à mesure que je m'approche de l'entrée du hangar, des regards froids, teintés de mépris. Les hommes ici n'ont jamais apprécié ma présence. Peut-être que c'est parce que je représente quelque chose qu'ils ne peuvent pas contrôler, ou peut-être simplement parce que je suis une femme dans un monde d'hommes. Mais honnêtement, je m'en fiche. Ils peuvent me regarder de travers autant qu'ils veulent, je ne leur dois rien.

En franchissant la grande porte du hangar, l'odeur de métal et d'huile me frappe immédiatement. Les lumières blafardes des néons créent des ombres nettes sur les murs, et je sens chaque paire d'yeux suivre mes mouvements. Je ne leur accorde pas un regard. Qu'ils me détestent, qu'ils me sous-estiment, cela n'a aucune importance. Ils n'ont pas idée de ce dont je suis capable.

Je me dirige directement vers la grande table au centre de la pièce, là où toutes les armes sont disposées. C'est presque théâtral, la manière dont elles sont présentées, comme un buffet mortel : pistolets, revolvers, fusils à pompe, fusils d'assaut... Chaque arme est soigneusement alignée. Un peu plus loin, je repère des couteaux de différentes tailles et formes, des lames de combat, des dagues, et même quelques poignards au manche orné de gravures complexes. Tout y est, chaque outil de destruction, chaque extension de la violence que je suis censée manier ce soir.

Je m'approche d'un Glock 19, solide, compact, fiable, puis je jette un coup d'œil au Beretta posé juste à côté. Mon esprit calcule rapidement. Ensuite, mon regard se pose sur une dague fine, élégante mais mortelle, parfaite pour les moments où la discrétion sera mon alliée. Mes doigts effleurent la lame, appréciant la sensation du métal froid sous ma peau. Un sourire en coin étire mes lèvres.

Je sais que derrière moi, certains chuchotent. Ils doivent se demander si je suis à la hauteur, s'ils vont pouvoir me voir échouer. Mais je ne leur offre pas ce plaisir. Je choisis chaque arme avec précision, chaque geste étudié, calculé. Le Glock, deux chargeurs supplémentaires, un petit poignard que je glisse discrètement à ma ceinture, et une autre lame plus longue que je dissimule dans ma botte. Un peu de préparation ne fait jamais de mal, surtout quand les choses risquent de dégénérer.

Je sens leurs regards s'intensifier, comme si ma simple présence ici leur était insupportable. Mais je ne leur offre pas la satisfaction d'un échange. Je suis au-dessus de ça. Je suis là pour une mission, et rien d'autre n'a d'importance. Ils peuvent nourrir leur haine, leur jalousie, leur ressentiment, cela ne changera rien. Ce soir, je ne suis pas là pour prouver ma valeur à eux, mais pour accomplir ce qui doit l'être.

En terminant de sélectionner mes armes, je me redresse, glissant la dague dans la gaine à ma taille, et je prends une profonde inspiration. Le poids des armes contre mon corps me rappelle que je suis prête. Tout ce qui se joue ce soir est à portée de main.

Je fais un dernier tour d'horizon de la pièce, mon regard défiant ceux qui me jugent encore. Puis, sans un mot, je tourne les talons, prête à affronter ce qui m'attend dehors. Ce moment de calme avant la tempête, c'est là que je me sens le plus forte. Parce que je sais que lorsque tout commencera, c'est moi qui dicterai le rythme.

Et peu importe combien d'yeux remplis de haine ou de doute me scrutent ce soir. Ils verront bientôt que je ne suis pas celle qu'ils croient.