Chapitre 18

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ZAYN

Le départ de l'hôpital me pèse comme jamais. Les heures de visite sont terminées, et même si je sais que les infirmières vont veiller sur elles, je me sens désemparé. Les laisser là, surtout Aria... c'est comme abandonner une partie de moi. La voir dans cet état, brisée et silencieuse, me broie le cœur. Elle ne parle pas, elle ne réagit pas - c'est comme si elle avait construit un mur entre elle et le reste du monde, entre elle et moi.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté planté devant sa chambre, hésitant, le poids du silence de ses yeux tournés vers la fenêtre, de ses larmes muettes. La porte se referme derrière moi, et je serre les poings pour ne pas craquer. Harry, Liam, Niall et Louis m'attendent dans le couloir, le même désespoir dans leurs yeux. Personne n'ose vraiment parler, les mots seraient de toute façon vides de sens.

Sur le trajet du retour, c'est un silence lourd, presque étouffant, qui remplit la voiture. Chacun de nous est perdu dans ses pensées, à sa manière. Je les observe, Harry surtout - le voir comme ça me serre le cœur, il est dévasté. Aria est sa sœur, et même s'il essaie de se contenir, je le sens à deux doigts de l'effondrement. Louis, lui, ne tient plus en place, prêt à tout pour soutenir Eleanor, tandis que Niall fixe le paysage, l'air absent.

Quand on arrive enfin à la maison, le silence persiste, tout aussi pesant que sur le chemin. J'ai l'impression que chaque pièce est empreinte de leur absence, que chaque coin de cette maison murmure leur souvenir. Aria... sa voix, son rire, sa chaleur - tout semble si loin, maintenant.

Je monte dans ma chambre, la sensation d'un vide immense me rongeant. Je m'assieds au bord du lit, les coudes sur les genoux, mes mains couvrant mon visage. Je veux me battre pour elle, pour la ramener, pour briser ce mur qui la sépare de nous. Mais pour la première fois, je ne sais pas comment.

La nuit s'étire, interminable. Le silence autour de moi est lourd, presque oppressant, comme un rappel constant de ce qu'on a perdu. Mon esprit n'arrête pas de retourner en boucle tout ce qui s'est passé, chaque détail, chaque moment où j'ai cru qu'on l'avait perdue. Je ressens un mélange de culpabilité, de frustration et d'impuissance. Si seulement j'avais été plus rapide, si seulement j'avais pu être là, elle ne serait pas dans cet état.

Je me lève finalement, incapable de rester dans cette pièce vide. Dans le salon, j'aperçois Harry assis dans l'obscurité, ses épaules affaissées, perdu dans ses pensées. Je m'approche et m'assieds à côté de lui sans un mot. On reste là, plongés dans le silence, chacun luttant avec ses propres démons.

"Je ne sais pas si elle va revenir, Zayn," murmure-t-il, sa voix brisée. "Elle est là physiquement, mais... c'est comme si elle était encore prisonnière."

Ses mots me frappent en plein cœur, parce qu'ils résonnent avec mes propres craintes. Aria est revenue, mais ce n'est plus tout à fait elle. Elle a toujours été si forte, si pleine de vie, et maintenant... ce silence, ce regard vide... je ne sais pas comment l'atteindre.

"Elle va revenir, Harry. Il faut juste du temps," dis-je, essayant de me convaincre autant que lui.

Il hoche la tête sans grande conviction, et je me rends compte à quel point cela pèse sur lui aussi. C'est sa sœur, sa famille. Nous sommes tous liés, mais pour lui, cette douleur est encore plus profonde.

Le lendemain matin, on retourne à l'hôpital dès que les visites sont permises. Je veux être là, même si je sais qu'Aria ne va peut-être pas réagir, même si elle ne prononcera peut-être pas un mot. Voir son visage, être près d'elle, c'est tout ce qui compte pour moi en ce moment.

Quand on entre dans la chambre, Aria est allongée, le regard fixé au plafond. Son plâtre à la jambe et à son bras rendent sa fragilité encore plus palpable. Je m'assois à côté de son lit, la prenant doucement par la main, même si je sais qu'elle ne va pas réagir.

"Je suis là, Aria," murmuré-je doucement. "Je ne vais nulle part."

Les garçons sont là aussi, chacun d'entre nous tentant de lui apporter un peu de présence, un peu de chaleur. Mais elle reste silencieuse, son regard vague, perdue dans ses pensées. J'essaie de ne pas craquer devant elle, de ne pas laisser voir à quel point ça me déchire de la voir comme ça. Mais au fond de moi, je ne peux m'empêcher de penser que, quoi qu'il en coûte, je serai là jusqu'à ce qu'elle revienne à nous.

Je serre doucement sa main, espérant que, quelque part en elle, elle peut sentir ma présence, mon amour, et que cela lui donnera la force de revenir.

Alors que nous sommes tous plongés dans le silence, un murmure brise soudain le calme pesant de la chambre. Je lève les yeux, surpris, et vois Eleanor qui, depuis son propre lit, s'efforce de parler. Sa voix est fragile, comme si chaque mot était un effort, mais il y a une force dans son regard, une détermination qui me frappe.

"Elle... elle m'a protégée," dit-elle doucement, en fixant Aria, encore immobile dans son lit. "Aria... elle a toujours été entre lui et moi."

Nous retenons tous notre souffle, absorbant chaque mot d'Eleanor. Elle inspire profondément, comme si elle cherchait le courage de se rappeler de ces moments sombres.

"Il... il devenait violent, menaçant. Parfois, je pensais que c'était la fin, que je n'allais pas m'en sortir." Elle détourne le regard, les larmes aux yeux. "Mais Aria... elle ne reculait jamais. À chaque fois que Josh voulait s'en prendre à moi, elle s'interposait. Elle... elle prenait tout à ma place."

Son récit me glace le sang. Les images se forment malgré moi : Aria, debout, faisant face à ce monstre pour protéger Eleanor. Le courage et la force dont elle a dû faire preuve pour supporter seule toute cette violence, tout ce poids... Je serre sa main un peu plus fort, la rage et la tristesse bouillonnant en moi.

"Je pense que... que c'est pour ça que je suis encore là," continue Eleanor, sa voix tremblant d'émotion. "Aria n'a jamais cessé de me protéger. C'est elle qui a pris les coups, les insultes... elle s'interposait même quand elle n'avait plus la force de rester debout. Elle... elle me disait que ça irait, qu'elle pouvait encaisser..."

Elle éclate en sanglots, et Louis se précipite à ses côtés pour la prendre dans ses bras. Nous sommes tous submergés par l'émotion, secoués par ce que nous venons d'apprendre. Aria a tout pris sur elle, sans un mot, sans rien laisser paraître. Elle a supporté le pire, simplement pour protéger Eleanor. Elle a absorbé cette douleur, cette violence, pour que quelqu'un d'autre n'ait pas à en souffrir.

Je fixe Aria, le cœur brisé, incapable d'accepter qu'elle ait traversé cela seule. Elle nous a caché cette horreur pour que nous ne nous inquiétions pas, pour que personne n'ait à partager son fardeau. C'est comme si elle avait voulu porter le poids de tout le monde, même si cela signifiait se sacrifier elle-même.

Eleanor prend une longue inspiration, tentant de contenir ses larmes, mais ses mains tremblent. Louis la serre doucement contre lui, l'encourageant à continuer, et elle finit par reprendre.

"Parfois... il l'emmenait," murmure-t-elle, la voix brisée. "Pendant des heures. Et moi... je restais seule, à écouter ses hurlements... Je savais qu'il lui faisait des choses horribles. J'essayais de l'appeler, mais elle ne pouvait pas me répondre."

Elle se tait un instant, le regard plongé dans ses souvenirs. Nous restons silencieux, bouleversés par ce qu'elle décrit, imaginant la terreur qu'Aria a dû vivre.

"Quand elle revenait, elle avait le visage marqué, épuisée, mais elle refusait de me dire ce qui s'était passé," poursuit-elle, les yeux embués de larmes. "Elle disait juste que ça irait, qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, qu'elle pouvait gérer. Elle portait tout ça pour moi, pour que je ne vive pas ce cauchemar."

Elle s'arrête, sanglotant, et je sens mon cœur se serrer. L'idée qu'Aria ait dû endurer tout cela sans rien dire, dans le seul but de protéger Eleanor...
J'ai la rage, qu'est ce qu'il a pu lui faire pour qu'elle soit dans cet état là ?

Renaissance Tome 2 « terminer »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant