Chapitre 34

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Cela fait maintenant deux semaines que ma mère a été arrêtée, deux semaines où le temps s'étire, lourd de silence et de peine. Avec Eleanor, nous avons fini par tout avouer aux garçons : le médecin nous avait dit que nous étions enceinte. C'était si dur à dire, mais ils avaient le droit de comprendre pourquoi nous étions si bouleversées, pourquoi ce secret pesait si lourd sur nous deux. Leur soutien a été immédiat, presque instinctif, comme s'ils ressentaient l'ampleur de ce que j'avais perdu, ce que moi-même j'essaie encore de comprendre.

Eleanor se relève doucement. Elle commence à retrouver un peu de vie, un éclat fragile mais qui revient peu à peu. Pour moi, c'est différent. Je me sens toujours coincée derrière des murs invisibles. J'essaie de parler, parfois même plus qu'avant, mais c'est loin d'être suffisant, je le sais bien. J'avance lentement, comme un pas après l'autre sur un chemin que je n'ai pas choisi. Certains jours, je réussis à dire quelques mots, et tout semble un peu plus léger, comme si je pouvais retrouver une part de moi-même. Mais d'autres jours, tout redevient difficile, je me replie dans le silence, et c'est comme si je n'avais plus de force pour faire semblant.

Les garçons nous ont aussi appris une nouvelle : leur tournée commencera dans un mois. Ils joueront quelques morceaux de leur nouvel album, des chansons qu'ils avaient mises de côté à cause de tout ce qui s'est passé. Ils semblent prêts à reprendre la route, à retrouver leur rythme, et je suis heureuse pour eux. Mais de mon côté, je me sens encore comme suspendue dans une attente qui m'échappe, comme si quelque chose devait encore se passer pour que je puisse, moi aussi, recommencer à vivre.

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Les jours passent, et peu à peu, une lueur d'espoir commence à percer. Un soir, alors que nous sommes tous réunis dans le salon, je sens un besoin inattendu de partager un moment de vie, un peu de bonheur simple. Je propose timidement aux garçons et à Eleanor de faire une soirée en l'honneur de la tournée qui approche, une soirée pour célébrer la vie, même dans toute sa complexité. C'est comme une petite flamme qui s'allume en moi.

Les garçons sont surpris par mon initiative, mais leurs sourires me réchauffent. Ils acceptent avec enthousiasme, et chacun se met à imaginer ce qu'il pourrait apporter. Un petit frisson de joie me traverse, léger mais sincère - un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis si longtemps.

La soirée arrive, et avec elle, une sensation de renouveau. Les rires emplissent la pièce, et pour la première fois depuis des semaines, je me sens un peu plus libre, comme si la douleur laissait enfin place à autre chose. Les garçons jouent de la guitare et chantent, Eleanor chante doucement, et je m'autorise à fermer les yeux et à me laisser porter par la musique. Dans ce moment suspendu, je sens que je ne suis plus seule, que nous sommes tous là les uns pour les autres, et que, peut-être, je peux commencer à avancer.

Vers la fin de la soirée, un des garçons, Liam, me glisse discrètement un petit carnet. « Écris », me dit-il avec douceur, comme s'il devinait ce que je ressens. « Pose ce que tu as dans le cœur, mets des mots sur tout ce qui te fait mal. Ça aide, tu verras. Même si ce n'est pas des chansons, comme tu as l'habitude d'écrire, mais écrit tout ce que tu veux. »

Ce carnet devient vite un refuge. Chaque jour, j'y écris quelques mots, parfois une phrase, parfois des pages entières. Peu à peu, j'exprime ma peine, mes espoirs, tout ce que je n'ose pas dire à voix haute. Écrire devient ma façon de libérer mon cœur, de comprendre mes émotions, et de laisser entrer un peu plus de lumière.

Et jour après jour, grâce à ce carnet, à Eleanor, aux garçons, je commence à me reconstruire, à sentir que quelque chose de positif est possible. Je ne suis peut-être pas encore guérie, mais je me sens plus forte, prête à voir ce que la vie me réserve encore.

Mais j'aurai dû deviner que cet instant de bonheur, ne durerai pas. Que tout cela n'était pas fini..

Renaissance Tome 2 « terminer »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant