Chapitre 1

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Le campement était déjà en effervescence, pourtant il restait au moins deux bonnes heures avant le lever du soleil. Les soldats s'affairaient en tous sens, chaque homme avait une tâche bien définie et s'y appliquait avec rigueur; si bien que le camp fut démonté et les hommes prêts pour le voyage en moins d'une heure. 

- Commandant, nous sommes prêts, mais nous devons encore attendre, une patrouille n'est pas encore rentrée.

- Où sont-ils partis, Lieutenant ?

- Vers le sud, à la frontière de Galena, mon Commandant.

- Bien, je leur laisse une demi-heure, après nous enverrons des hommes à leur recherche.

- A vos ordres, Commandant !

Le Lieutenant partit, le Commandant Arian De Nevers se dirigea vers le sommet de la colline, l'aube apparaissait et la lumière était magnifique. Le ciel était dégagé. "Ce sera encore une belle journée", pensa-t-il tout en admirant la campagne environnante.

Dans un peu plus de dix jours, il serait rentré chez lui, où il pourrait enfin prendre un bain et un repas digne de ce nom. Ce n'est pas qu'il n'aimait pas la vie au grand air et dormir sous une tente, au contraire. Il était avant tout un homme de terrain et d'action, mais cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il avait quitté sa bonne ville natale, Meryre, la capitale du Milyan. Il avait hâte de revoir cette cité magnifique où la lumière du soleil se reflétait sur les murs d'enceinte blanchis à la chaux; de sentir l'air marin et  de retrouver l'effervescence du port grouillant de vie . Il adorait admirer la ville du haut d'une des nombreuses tours de pierre du château d'Erimir et contempler la mer des heures durant. 

Arian fut tiré de ses pensées par son Lieutenant, qui l'informa que les hommes étaient rentrés et qu'ils avaient fait un prisonnier. Le Commandant se dirigea à leur rencontre. Le prisonnier avait été conduit dans un des chariots au centre du campement. Un garde lui ouvrit la porte de bois et Arian pénétra à l'intérieur. Il y faisait sombre, une drôle d'odeur de renfermé y régnait. Au fond, contre la paroi, on pouvait distinguer une silhouette recroquevillée sur elle-même.

Le chariot était assez grand et haut pour que le Commandant puisse s'y tenir debout. Il s'approcha prudemment, bien que le prisonnier fût ligoté et s'immobilisa à quelques pas. L'individu ne réagit pas à son approche.

- Redresse-toi.

Il s'approcha encore, toujours aucune réaction, il voulut poursuivre, mais une attaque fulgurante l'en empêcha. Le prisonnier avait défait ses liens et s'était jeté sur lui, il s'empara de son couteau accroché à sa ceinture et lui glissa le tranchant de la lame sous la gorge, réduisant le Commandant à l'impuissance.  

- Ne faites plus un mouvement, je n'hésiterai pas un instant à vous trancher la gorge.

Arian fut plus saisi par la voix, que par la menace. C'était une voix de femme, ça ne faisait aucun doute.

- Vous n'avez aucune chance, l'endroit est truffé de soldats.

- C'est bien pour ça que vous n'êtes pas encore mort.

Arian ne pouvait voir son assaillante, mais au ton de sa voix, il perçut qu'elle ne plaisantait pas. Comment avait-il pu se faire surprendre comme ça et par une femme de surcroit ? S'il s'en sortait vivant, il se promit d'être encore plus prudent à l'avenir.

- Maintenant, dit-elle, on va sortir tous les deux et vous allez dire à vos hommes de me laisser partir. Allez, je vous suis !

Ils avancèrent lentement, le Commandant étant penché en arrière, vu leur différence de taille ; Arian était grand, quant à son assaillante, elle devait faire une bonne tête de moins. Ils descendirent du chariot. Il ne fallut pas plus d'une seconde pour que les soldats présents remarquent qu'il se passait quelque chose d'anormal. Ils réagirent immédiatement, ils dégainèrent leur arme et firent barrage.

- Ne faites rien de stupide, ou je lui tranche la gorge ! cria-t-elle.

Les soldats regardèrent leur supérieur, dans l'attente d'un signe quelconque, mais celui-ci ne pouvait pas bouger. La femme appuya plus fort sur la lame et du sang perla de son cou. Elle relâcha légèrement la pression, pour qu'il puisse donner ses ordres.

- Reculez, dit-il, laissez-nous passer.

A peine avait-il prononcé ces mots, qu'il entendit un sifflement à son oreille. Ne sentant plus la lame sur sa gorge, il tenta un regard derrière lui; son assaillante s'était effondrée sous la violence du tir a bout portant. Un carreau d'arbalète lui transperçait l'épaule. On se saisit d'elle immédiatement et sans ménagement. 

- Ramenez-la au chariot et attachez-la correctement cette fois-ci ! ordonna-t-il, tout en se tâtant le cou.

- Commandant, tout va bien ?

- Ce n'est rien Lieutenant, juste une égratignure. Qui a tiré cette flèche ?

Un soldat approcha. 

- C'est moi Commandant.

- Et bien soldat, encore heureux que vous soyez un excellent archer. Ce n'était pas un tir facile. Merci beaucoup !

- Je n'ai fait que mon devoir et je n'ai tiré que quand j'étais sûr de ne pas vous toucher, Commandant.

- Vous avez pris une excellente initiative soldat. Ce n'est pas tout ça, continua-t-il, mais il est plus que temps de se mettre en route, on a pris assez de retard. Qu'on m'apporte mon cheval et en route ! Je veux plusieurs hommes pour escorter le chariot.

- À vos ordres, Commandant ! Allez, en route, cria le Lieutenant.

Tout le bataillon se mit en marche, le Commandant et le Lieutenant en tête, suivis de la cavalerie et des fantassins et enfin du convoi et du chariot où se trouvait la prisonnière.

Une fois sur le dos de sa monture, Arian souffla un grand coup, il l'avait échappé belle. Pendant un instant, il avait cru sa dernière heure arrivée. Mais il doutait que cette inconnue ait vraiment eu l'intention de lui faire du mal. Cet incident avait eu pour conséquence d'éveiller sa curiosité au sujet de cette femme. Il tenterait une nouvelle approche ce soir . 

( Voilà le premier chapitre , j'espère qu'il va vous donner l'envie de lire la suite )
* Carte réalisé par Battosaii

Akira : Tome 1 : L'ombre du passé. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant