Chapitre 38

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Akira fut jetée sans ménagement dans une autre cellule, mais dans celle-ci, un petit soupirail laissait entrer un peu de lumière.
La porte se rouvrit brusquement et Gork lui lança une robe de laine et referma tout aussi brusquement. Akira enfila la robe, elle était affreusement rêche, mais chaude et ce vêtement lui permit de se sentir moins vulnérable. Elle s'appuya à un des murs et posa ses mains sur son ventre. La jeune femme commençait à prendre la pleine mesure des conséquences que sa révélation pourrait avoir sur un homme tel que Kadar. Ce porc lui avait dit que son état ne changerait rien à ses plans, que voulait-il dire, voulait-il son enfant pour lui, ou bien pire encore, allait-il le tuer pour pouvoir...? Akira était dans l'incertitude et l'angoisse la prit. Elle chercha en vain à récupérer ses pouvoirs, mais Kadar avait une telle emprise sur elle.

- Arian, murmura-t-elle en s'asseyant contre le mur glacé. Qu'ai-je fais ?

Les heures passèrent. Akira finit par se plonger dans une sorte d'état second.

Brusquement, la porte s'ouvrit à la volée et des pas précipités se dirigèrent dans sa direction. La jeune femme ouvrit les yeux malgré elle, pour voir une main se précipiter vers elle et la gifler.

- Tu es fière de toi ? dit Kadar dont la colère était toujours bien présente. Débout, garce !

Akira se releva péniblement, ses muscles étant raidis par le froid. Elle croisa le regard de son geôlier. Elle n'y trouva plus une seule trace de compassion, il avait le regard fou. Et à cet instant, elle comprit que tout était fini. Elle avait voulu gagner du temps, mais c'est tout l'inverse qu'elle avait récolté.

- Tes compagnons vont partir, si tu souhaites leur dire adieu, c'est maintenant ! Ils sont dans la cour arrière, alors suis-moi. (La jeune femme fut prise de nausées). C'est ça que tu veux ?

Kadar lui jeta un petit sac, c'était celui que Dorowen lui avait donné à leur départ de la forêt de Kalimor. Akira l'ouvrit et prit une petite pincée de la plante séchée qui s'y trouvait et la mâcha lentement.

- Cette vieille sorcière avait tout prévu, on dirait, lui dit-il froidement. Aller, je n'ai pas toute la journée! lança-t-il en la précédant dans le couloir. (Akira serra les dents, la plante ne faisant pas encore effet). Dépêche-toi !

Après ce qui sembla durer une éternité, elle finit par atteindre la fameuse cour. Elle vit la première, le petit groupe formé par ses trois compagnons restant. Elle se recomposa un visage serein et se dirigea vers eux.

Arian qui était libre de ses mouvements, se précipita vers elle dès qu'il l'aperçut.

- Akira, comment va... ? (Il ne finit pas sa phrase, s'apercevant quand il la serra dans ses bras, du malaise qui l'assaillait).Qu'est-ce que... ?

- Ça va aller, j'ai encore fait une bêtise, tu me connais ? dit-elle d'une voix qui se voulait rassurante. (Il voulut dire quelque chose, mais elle posa un doigt sur ses lèvres). Dépêchez-vous de rentrer, c'est tout ce que tu peux faire pour moi, abréger cette situation...

- Je ne peux pas te laisser, il va finir par te tuer...

- Je t'aime Arian, quoiqu'il advienne de moi, je t'aimerai toujours ; je veux que tu le saches. (Il l'embrassa tendrement, elle lui rendit son baiser, chargé de tant de non-dits). Pars maintenant et ne te retournes pas!

Dorian et Eléa s'approchèrent à leur tour et la prirent dans leurs bras pour lui faire leurs adieux.

- Sois prudente ! dit Eléa.

- Prends soin de lui, tu veux ?

- Pas besoin de me le demander, dit la mercenaire avec un sourire espiègle.

- Ne profites pas trop de la situation quand même, dit Akira en lui rendant son sourire.

Elles s'embrassèrent chaleureusement.

-Tout ça est très touchant, dit Kadar nonchalamment, mais avant que vous ne partiez, j'ai encore une chose à faire. Akira, approche veux-tu ?

La jeune femme obtempérera et du coin de l'œil vit plusieurs gardes se rapprocher de ses amis. Les gardes les saisirent et les agenouillèrent dans le sable et leur lièrent les mains.

- Viens près de moi ma douce.

Le ton mielleux qu'il adopta n'augurait rien de bon. Il l'attira à lui en lui tordant un bras dans le dos. La plaquant contre lui.

- J'avais passé un contrat avec notre amie ici présente, dit-il à l'intention d'Arian et des autres. Mais comme vous vous en doutez, il y un point qu'elle n'a pas respecté.

- Ça n'a jamais fait partie du contrat, se défendit Akira.

- La ferme ! lui susurra-t-il à l'oreille.

Il lui serra un peu plus le bras, elle grimaça. De son autre main, il lui caressa l'épaule, la poitrine, pour finir par poser sa main brusquement sur son ventre.

Akira se raidi sous la douleur. Le corps de la jeune femme ce cambra vers l'arrière et elle fut prise de spasmes.

- Arrête ça ! cria Arian, impuissant. (Kadar retira sa main et la jeune femme s'écroula au sol). Pourquoi la fais-tu souffrir ? demanda Arian horrifié.

- Dis-lui !

Kadar donna un violent coup de pied dans le ventre de la jeune femme. Akira en eut le souffle coupé.

Arian et les autres se débattirent de plus belle.

- On dirait que ta chère et tendre à quelques difficultés à s'exprimer, dit Kadar en s'approchant d'Arian. Tu vois, elle m'a déçu, j'avais de grands projets pour elle.

Il leva la main et Akira se recroquevilla au sol, en proie à une douleur atroce.

- Arrête, je t'en supplie ! dit Arian d'une voix brisée.

- Non, pas avant de lui avoir enlevé cette chose si précieuse qu'elle tente de protéger.

- Tue-moi alors, arrête de la faire souffrir !

Kadar ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Tu crois que c'est toi, cette chose si précieuse ?

Arian regarda dans la direction d'Akira. La jeune femme se redressait péniblement. Elle était prise de légères convulsions. Elle était en sueur et avait les yeux rougis par les larmes. Elle posa une main sur son ventre et regarda Arian. Par ce simple geste, il comprit enfin.

- Non! hurla-t-il.

Kadar le saisit par les cheveux.

- Regarde Arian, regarde ton enfant mourir !

Cette fois, Akira ne put retenir ses cris de douleur, elle était comme déchirée de l'intérieur, comme si une créature immonde lui dévorait les entrailles. Elle cessa de se débattre, elle était à deux doigts de perdre connaissance.

Arian était en proie avec une rage folle. Kadar fit signe à un des gardes qui le frappa durement derrière le crâne. Le guerrier fut presque assommé, mais resta conscient. D'un regard vitreux, il vit Kadar s'approcher d'Akira.

Gork se pencha sur la jeune femme et l'examina.

- C'est fini, Maître, l'enfant est mort.

Arian gémit. Eléa et Dorian ne purent cacher leur effroi. Arian fixait désespérément sa compagne. Elle ne bougeait plus et le sable sous elle ce souillais de sang.

- Tu les as tués, ordure !

- Pas tous les deux Arian, (il retourna Akira du pied), Elle, elle m'est encore utile.

Il fit signe aux hommes qui devaient accompagner Arian et les autres. Ont les fit monter sur les dromadaires, où on les attacha solidement. Arian fut assommé pour de bon, pour plus de sécurité et on leur fit franchir les portes menant vers le désert.

Akira lutta pour reprendre brièvement conscience, pour voir ses amis disparaître, ne laissant qu'un nuage de poussière derrière eux.

- Tu...

Mais Akira n'entendit pas la suite de la phrase de Kadar. Elle s'effondra au sol et sombra pour de bon dans l'inconscience.

Akira : Tome 1 : L'ombre du passé. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant