Chapitre 5

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Le lendemain matin, Arian avait mal au crâne, il sortit de sa tente et fut ébloui par le soleil, il grogna dans sa barbe.

- Bonjour Arian, mauvaise nuit mon vieux ?

C'était Dorian qui le rabrouait ainsi.

- C'est pas tes oignons.

- Oh, monsieur est de mauvais poil, les adieux se sont mal passés ?

- De quoi parles-tu, quels adieux ?

- Et bien, avec Akira, qui d'autre ? Elle est venue me trouver tôt ce matin, elle voulait le cheval que tu lui avais promis. Et quand je lui ai demandé, si elle ne voulait pas te faire ses adieux avant, elle a dit que c'était déjà fait.

- Quoi, quand est-elle partie et dans quelle direction ? !

- Hé, hé... Arian calme-toi, tu l'as dit toi-même, tu ne peux pas la retenir contre son gré. Alors un conseil, oublie là, tu veux ; elle ne t'apportera que des ennuis.

Arian ne lui répondit pas, il fit demi-tour et retourna sous sa tente. Elle était partie comme ça, sans rien dire ! Il avait tout gâché hier soir. Bon sang, quel idiot ! Dorian avait raison, elle était libre de ses choix et quant à lui, son devoir était de ramener ses hommes à bon port. Mais il doutait de pouvoir l'oublier aussi facilement. Cette femme avait boulversé sa vie d'une manière qu'il ne pouvait expliquer. Il avait peur pour elle, il ignorait pratiquement tout d'elle, mais il était évident que quelqu'un en avait après elle. Il n'avait souhaiter qu'une chose, la protégée. Mais visiblement, elle n'avait besoin de personne et surtout pas d'un crétin comme lui. Arian était déçu, mais il ne pouvait rien y faire.  Il se dirigea vers une bassine pleine d'eau  y plongea la tête et s'ébroua. Il était parfaitement réveillé à présent. Il alla donner ses ordres et une heure plus tard, ils étaient à nouveau sur les routes.

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Akira était partie sur un coup de tête, elle le savait. Mais elle avait toujours fait ainsi, elle devait agir de la sorte, pour le bien des autres. Elle avait perdu tous les êtres qui lui étaient chers. Ça avait d'abord commencé par ses parents, il y a de cela dix ans et puis ça n'avait jamais cessé ; jusqu'il y a peu, dans ce village où la vie semblait si paisible. Tous ces pauvres gens morts, morts par sa faute, elle n'aurait jamais dû rester aussi longtemps au même endroit.

En ce qui concernait Arian, en d'autres circonstances, bien sûr qu'elle se serait laissé tenter, qu'elle lui aurait rendu son baiser. Il y avait quelque chose chez cet homme qui lui avait fait baisser sa garde. Mais elle ne pourrait plus jamais connaître ce bonheur, ce bonheur d'aimer et d'être aimée en retour. Ce qui la rendait folle de rage, c'est qu'elle ignorait pourquoi ! Était-elle maudite ? Cela venait certainement de son secret, mais qu'y pouvait-elle, elle était née ainsi, elle n'avait rien demandé à personne. Pourquoi un don aussi merveilleux devait-il lui coûter aussi cher ?

Elle talonna son cheval et partit au grand galop, il fallait qu'elle mette le plus de distance possible entre Arian et elle ; elle devait l'oublier.

Ses larmes de dépit furent emportées par le vent, tandis qu'elle filait à toute allure vers l'ouest.

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Les guerriers Ysbaliens qui avaient survécu à l'affrontement avec la garde Milyanaise, étaient au nombre de quinze. Ils arrivèrent en vue de la cité de Ramose, en Ysbal où vivait leur maître. Le Capitaine et ce qui restait de ses hommes, ressentirent de l'appréhension en pénétrant dans le palais. Ils avaient échoué dans leur mission et leur Seigneur allait être furieux.

Ils pénétrèrent dans l'enceinte de la cité et se rendirent directement à la forteresse. Celle-ci était en roche noire, la même que l'on retrouvait partout dans la cité, ce qui lui donnait un aspect lugubre et qui était encore amplifié par l'architecture des bâtisses. Elles étaient groupées massivement, sans apparat, comme taillé dans la roche elle-même, ce qui était le cas pour le palais, ou du moins en majeure partie ; il faisait partie intégrante de la montagne noire.

Les hommes pénétrèrent à l'intérieur par la grande porte, elle faisait près de quinze mètres de haut et pourtant, elle semblait petite par rapport à la magnificence de l'édifice. Le Capitaine et ses hommes mirent pied à terre et pénètrent dans la grande salle, où les attendait leur Seigneur. Celui-ci était assis sur un grand trône de marbre noir. La salle était peu éclairée, seuls quelques braseros disposés le long des murs diffusaient une faible lumière et l'atmosphère était chargée d'une fumée âcre. Les hommes se prosternèrent aux pieds de leur maître et attendirent qu'ils prennent la parole. L'individu tout de noir vêtu les observa avec un certain dégoût.

- Debout Capitaine ! dit-il d'une voix morne.

Sa voix grave résonna dans la grande salle comme l'annonce d'une mort certaine. Le Capitaine obéit, se leva, mais garda les yeux baissés.

- Vous êtes un imbécile ! Éructa l'homme en noir, portant le nom de Kadar Quadir. Vous l'aviez enfin retrouvée et vous l'avez laissée s'échapper ! Qu'est-ce qui vous a pris de vous attaquer à cette garnison ? Alors qu'il suffisait d'attendre le bon moment pour vous emparer d'elle ! Résultat, elle est de nouveau en cavale, Dieu sait où et moi, je risque de me retrouver avec ce vieux sénile de Roi Borek aux trousses ! Ce vieux fou est dangereux, son armée est redoutable et je ne tiens pas à devoir l'affronter, ou du moins pas dans l'immédiat. Pour en revenir à vous Capitaine, vous comprendrez que votre échec ne peut pas être toléré.

Kadar fit un geste à un des hommes postés derrière lui. Celui-ci se dirigea vers le Capitaine, se plaça derrière lui, le fit se mettre à genoux. Le guerrier se savait condamné à l'instant où la fille lui avait une nouvelle fois échappée. Malgré cela, il était revenu pour affronter son destin. Il inspira un grand coup, il était près et il mourait la tête haute. Il eut une dernière pensée pour les êtres qui lui étaient chers. Son bourreau leva sa hache et lui trancha la tête d'un coup net. Celle-ci s'envola jusque qu'aux pieds de son ancien maitre.

Le Seigneur des lieux était connu sous le nom de Kadar Le Tourmenteur et il se faisait un devoir de rendre hommage au surnom que lui avait donné son peuple.

- Quant à vous ! Il s'adressa au reste de ses hommes, hors de ma vue !!

Akira : Tome 1 : L'ombre du passé. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant