Brahim - « Tout était écrit »

38.

« Soit heureux frère w'Allah »

« Soit heureux frère w'Allah »

« Soit heureux frère w'Allah »

« Soit heureux frère w'Allah »

Cette phrase elle tourne en boucle dans ma tête depuis un bout d'temps, j'revois son visage aussi, sa sale mine, ses yeux éclatés rouges sang... J'en deviens paro, je dors plus la nuit limite j'en fais des cauchemars. J'm'en suis longtemps voulu, ouais j'me dis que tout aurais pu être éviter si je l'en aurais empêcher mais j'me dis aussi que j'aurais rien pu faire. C'était son mektoub à Sofiane... C'est sûr que j'aurais espérer un meilleur avenir pour lui, il méritait mieux que de finir toxico, dépressive. Il méritait mieux que de finir en bas d'un immeuble de vingt étages, gisant sur le sol dans son sang. Mais c'est le destin ce foutu destin qui nous a prit notre frérot Sabry, qui nous a enlever de nombreux autres frères et maintenant So'. C'est tellement facile de dire que c'est le destin, de "relativiser" et de se dire qu'ils seront mieux ailleurs tout ces gens partit trop tôt. C'est sûr que cette vie est éphémère et qu'on a tous notre jour où on partira, c'est la vie et on doit l'accepter. Puis on naît pour mourir à la fin. Mais qu'on le veuille ou non lorsqu'on perd une personne à qui on tenait on est mal très mal, on en veut à la terre entière on maudit même se foutu mektoub. C'est normal, tu perds un être pour qui tu pourrais donner ta vie ou tout simplement que t'aimais ou t'appréciais beaucoup tu peux pas lutter contre ta peine et ta colère dans ces moments-là.

Le jour où So' s'en est aller nos cités on craquer, c'était devenu le zbeul que ça soit dans ma cité où celle de Sofiane. Y avait beaucoup de tensions, beaucoup de descentes et de règlement de compte, beaucoup d'amitié qui volait en éclat aussi. Qui dis descentes dis interpellation et qui dis interpellation dis beaucoup d'gens qui sont partit en zonz. Dans ma cité la moitié des gars d'mon âge était partit en zonz, c'était vraiment la merde. Moi et Nono on était pas encore à ce stade là mais on s'y préparait parce que ouais on était à l'abris de rien et ça pouvais nous arriver à nous aussi. Je redoutais pas le fait d'aller en prison, j'veux même pas faire le mec zehma aller en prison c'est rien ou j'm'en fou d'aller en prison etc mais si j'dois y aller j'y irais, c'est la vie. Si j'dois y aller c'est que je l'aurais mériter sans doute aussi. Moi c'que je redoute c'est de laisser Amal et Yanis, déjà j'peux pas les laisser, ils sont trop petits. Qui va s'occuper d'eux ? Sah j'peux ap les laisser. Ces deux petits là c'est mon sang, c'est ma vie, j'meurs pour eux. C'est la prunelle de mes yeux ces deux-là. Putain ! Juste de savoir que j'vais peut-être les laisser solo ça me casse les couilles surtout que qui s'occupera d'eux wesh. J'peux ap les confier à quelqu'un moi déjà qu'ils ont plus de darone là leurs seul pilier il s'en va, ils vont faire comment wesh ?! Non sérieux j'peux pas.

Deux mois plus tard... 13h45

Cette après-midi j'accompagne le frérot chercher ces parents à l'aéroport pour ceux qu'ils le savent pas ou qui s'en souvienne ap les parents de Nono sont partit habiter au de-blé. Ça faisait longtemps qu'ils étaient pas revenu c'est parents depuis la mort de Farah Allah y rahma c'était la petite sœur de Nono. Dans la voiture personne parlait, tout le monde était dans ces pensés. J'pense que Nono il appréhendait tah les fous de revoir ces parents. Déjà ça faisait longtemps qu'ils étaient partit et aussi parce que ces darons ils l'ont laisser solo en France alors que Nono aussi il avait besoin d'eux... J'suis son-per pour juger le choix des gens mais c'était pas la meilleure chose à faire surtout dans des moments comme ça. Arrivée à l'aéroport on s'est garer puis on est sortit de la voiture et on les a attendu devant l'aéroport pour qu'on galère pas à les chercher etc. Ils savaient qu'on devait venir et qu'on les attendait dehors.
J'roule mon joint vite fait, on s'le partageait avec le frérot histoire de faire passer l'time.