Chapitre 6

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Millicent

Le lundi matin rimait avec Philosophie. Non pas que je n'aimais pas cette matière, contrairement à la majorité des gens de ma classe, mais démarrer la semaine avec Aristote ou Socrate ne réveillait aucunement mon cerveau encore endormi à 8 h du matin. Je m'apprêtais à sortir ma trousse de mon sac quand je vis Zacchary se pencher vers moi.

— Je peux m'asseoir à côté de toi ?

— Euh... Si tu veux, murmurai-je avec un sourire gêné.

Personne ne s'asseyait à la même place lors de ce cours. Tout dépendait de notre humeur à vrai dire. Notre professeur n'y voyait aucun inconvénient du moment qu'on ne faisait pas de bruit.

— Merci. Sinon tu as passé un bon week-end ?

— Oui. Ça va et toi ?

— Ça va, ça va, me répondit-il avec un clin d'œil.

À part la chanson qu'il m'avait dédicacée, il ne s'était rien passé de plus samedi dernier. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder derrière moi. En tournant brièvement la tête vers Enza et Tessie, je vis sans réelle surprise qu'elles me jetaient un regard noir. Je ne pouvais que sourire face à la situation. Mes deux pires ennemies me détestaient encore plus, car Zacchary s'était assis à côté de moi. Un brouhaha régna quand soudain un claquement de porte se fit entendre.

— Bonjour à tous ! J'espère que vous avez passé un bon week-end ! s'exclama Monsieur Raoult, notre professeur de Philosophie.

— Bonjour !

— Aujourd'hui, je vais commencer le cours en vous demandant de décrire votre voisin de table en un seul mot. Je sais qu'il est encore tôt, mais on ne se démotive pas. Vous avez maximum dix minutes pour faire cet exercice ! fit-il en regardant sa montre.

Décrire Zacchary en un seul mot, hum ? Cette tâche semblait au premier abord facile, mais il valait mieux que je prenne le soin de réfléchir un peu. J'aurais d'abord dit « arrogant », mais si je faisais ça, il risquait de très mal le prendre. Non j'allais plutôt dire « populaire », car c'est ce qu'il était.

***

— Le temps est écoulé ! Vous allez maintenant dire à votre voisin ce que vous pensez de lui en un seul mot.

Zacchary m'observa avec son sourire enjôleur avant de se lancer.

— Timide !

— Hum, grognai-je.

— Bah quoi ? Sans vouloir te vexer, je trouve que ce mot te définit plutôt bien.

— Mouais. J'ai pensé à populaire pour toi.

— C'est assez vrai !

Et il souriait en plus. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi canon ? Alors qu'il se trouvait juste à côté de moi, j'eus soudain envie de caresser ses cheveux noirs. Je me retins de le faire et souris en pensant à ce qui m'arrivait. Il y a un mois, je le voyais simplement parce que nous étions dans la même classe et encore, je le connaissais simplement de vue. Aujourd'hui, et ce depuis le jour où il m'avait embrassée, je lui adressais la parole, et on pouvait d'ailleurs se demander pourquoi je le faisais, ce qui m'amenait à penser que rien n'était impossible.

— Plutôt ironique comme situation, tu ne trouves pas ? osai-je lui demander.

— Tu dis cela parce qu'un gars populaire et une fille timide parlent ensemble ? Je n'utiliserais pas le mot "ironique", non.

— Non ?

— Eh ben, non. On a commencé à se rapprocher un peu. Je trouve ça bien, au contraire ! Cela prouve que, quelle que soit notre cote de popularité, on peut très bien réussir à se parler normalement.

— Oui ! J'avoue avoir apprécié ta chanson de l'autre soir, ainsi que nos quelques SMS échangés !

Je vous voyais venir, mais nos conversations étaient courtes et n'avaient commencé que le lendemain de la fête. Sans doute parce qu'il doutait de ma réaction, il m'avait demandé comment j'allais après sa chanson dédicacée. Je lui avais répondu que cela m'avait touchée et que je m'en étais remise, contrairement à ce qu'il aurait pu croire, mais que je lui en voulais toujours pour le baiser. Bref.

— Haha, tu vois ! dit Zacchary en me donnant un petit coup de coude, ce qui me fit grandement rougir.

— Bien, bien ! Je pense que vous avez eu largement le temps de discuter ! Je vais dès à présent vous écrire le sujet de la dissertation que vous allez devoir me rendre sur feuille pour la prochaine fois, nous interrompit Monsieur Raoul.

— OOOH !

— Allez, on arrête de râler et on se motive, s'il vous plait ! Le sujet sera : percevoir une personne telle que vous l'imaginiez, est-ce la connaître réellement ? énonça-t-il tout en l'écrivant au tableau.

Waouh ! Quel sujet ! Je m'empressais de l'écrire dans mon agenda quand je vis Zach lever la main.

— Oui, Zacchary ?

— Monsieur, pouvons-nous prendre pour support notre voisin de table ?

— Vous pouvez, oui ! C'est d'ailleurs une idée que je recommande fortement à tous de suivre ! Merci, Zacchary.

— Il n'y a pas de quoi.

Sa remarque me fit lever mes yeux au ciel. Il n'était pas du tout modeste.

***

Huit heures plus tard

Alors que je venais tout juste de rentrer dans ma chambre, un bip en provenance de mon téléphone portable se fit entendre. C'était Zacchary.

Zacchary Euton : Salut, Schtroumpf timide !

À la vue de ce surnom, je devins rouge écarlate.

Moi : Hé ! C'est quoi ce surnom ?

Zacchary Euton : Oh, allez ! Si on ne peut même plus rigoler... Décoince-toi un peu, douce Millie ! (Tu préfères que je t'appelle comme ça ?)

Moi : Euh... Je t'interdis de me parler comme ça !

Non, mais il plaisantait j'espère ! Il se prenait pour qui ? Mon meilleur ami ? J'en avais déjà un et pour le coup, lui me connaissait vraiment. Je décidais alors de ne plus répondre à ses SMS et préférais me concentrer sur mes devoirs. Ce fut seulement après avoir terminé de rédiger ma dissertation que je jetais un œil au MMS que j'avais reçu. Zacchary m'avait envoyé un dessin qu'il avait brillamment réussi. Dessus se trouvait le schtroumpf timide avec à ses côtés mon portrait, qui pour le coup, me ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Moi : Chapeau l'artiste !

La réponse ne se fait pas attendre.

Zacchary Euton : Merci, douce Millie !

Ah... Quel charmeur, ce Zac, tout de même ! Et voilà, que je me mettais moi aussi à l'appeler par son diminutif. Oh et puis après tout, cela me semblait plus simple. 

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant