Chapitre 30

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Zacchary

Je rêvassais au chaud dans le tramway. Le mois de janvier démarrait tranquillement sous les flocons de neige. J'aimais la ville de Bordeaux pour son paysage, son architecture, ses boutiques et l'ambiance qui y régnait. Je me sentais vraiment chez moi ici et lorsqu'il faisait ce temps-là, je l'adorais ! Les épreuves de Bac approchaient à grands pas et contrairement à la majorité des élèves de Terminale, j'avais plus que hâte de les faire. Ça pouvait paraître bizarre de m'entendre dire ça, mais à force de réviser je voulais savoir ce que je valais. Matthias n'avait pas spécialement hâte. Blaise non plus d'ailleurs, mais tous les deux ne stressaient pas pour autant. L'année dernière, la chance devait sûrement être de notre côté pour les épreuves anticipées puisque nous avions tous les trois obtenu quelques points d'avance.

En parlant de Matthi, je le voyais justement cet après-midi après les cours pour assister à sa séance d'entraînement de saut à la perche.

***

La neige avait cessé de tomber. Cela importait peu mon meilleur ami puisque durant l'hiver, les entraînements avaient lieu dans le gymnase de l'école. Avant de s'y rendre, il nous avait emmené Millie et moi chez lui pour s'assurer que son chien Étonnant n'avait besoin de rien.

— Voilà, je crois que tu en auras suffisamment assez pour le reste de l'après-midi au moins. s'adressa-t-il à sa boule de poils dans la cuisine en posant près de lui un bol en plastique rempli d'eau.

— Il est trop mignon ! s'excita Millie.

— Normal, c'est un Carlin.

— Et encore, vous ne l'avez pas vu prendre des bains ! Il adore ça ! Il est tout simplement à croquer dans l'eau.

— OK. Bon, on y va ? demandai-je.

— Oui, ne t'inquiète pas, Zac - Matthias murmura une phrase à Millie - Il est jaloux de mon chien, à mon avis.

— Hé, je t'ai entendu ! râlai-je.

Je roulais des yeux en les voyant rire. Je n'allais tout de même pas leur avouer ma jalousie envers Étonnant. Petit et mignon à la fois, il avait tout pour plaire.

***

Après avoir obtenu l'accord du professeur de Matthi pour assister au cours, je m'assis avec Millie dans les gradins. Déjà vêtu d'un short moulant noir et d'un t-shirt au motif dégradé confectionné à base de laine respirante, Matthi évitait les vestiaires et mesurait directement le nombre de pas à parcourir jusqu'au butoir. Au top départ, il courut à toute allure sur la piste avec sa perche tenue à la verticale, effectua un « présenté-piqué » puis termina par un renversement et un retournement.

Lorsque Matthi se releva de sa zone de chute, nos respirations bloquées se transformèrent en des cris de joie. La barre positionnée à une hauteur de quatre mètres n'était pas tombée ! Il venait de réussir son saut à la perche. Ses doigts ne l'avaient même pas touchée !

— OUI ! s'écria-t-il.

— Bravo Matthi ! m'exclamai-je.

Millie le félicita en l'applaudissant, sourire aux lèvres.

Avec ce saut réussi, il pouvait seulement espérer obtenir une note entre 10 et 12/20.

Il revint ensuite au début de la piste d'élan pour effectuer cette fois-ci un saut de quatre mètres dix.

***

C'était la deuxième fois en deux ans que je venais encourager Matthi et pour le coup, j'étais bluffé.

Il avait réussi la quasi-totalité de ses sauts. Pour obtenir une note supérieure ou égale à 18/20, Matthi ne devait pas faire tomber la barre horizontale à une hauteur de quatre mètres quarante.

Jusqu'à ce jour, il échouait malheureusement à chaque fois à cette hauteur. Avec un peu de chance, le jour de l'épreuve il réussirait peut-être. Quoi qu'il en soit, je l'admirais, car je trouvais que le saut à la perche n'était pas un sport facile.

***

— Franchement, mec, félicitations ! Tu as assuré.

— Merci.

Matthi s'assit à nos côtés, dépité, tout en buvant une gorgée d'eau.

— Waouh l'autre, tu me dire d'où vient cet air de chien battu ? demandai-je.

— Oh. Je suis déçu. Après autant d'heures de saut à la perche pratiquées, je ne comprends pas pourquoi je rate toujours le saut à quatre mètres quarante. répliqua Matthi.

— Mec, ce n'est pas la fin du monde si tu as en dessous de 18/20 à cette épreuve. Respire, OK ? le rassurai-je.

***

Le quatre cents mètres haies n'allait pas tarder à commencer.

Blaise et ses concurrents se tenaient sur la ligne de départ.

Après un coup de sifflet lancé, j'entrelaçais mes doigts à ceux de Millie. Je souris en la voyant rougir. Même en prenant une teinte rosée sur ses joues, elle restait toujours aussi mignonne.

***

Blaise pouvait être fier de lui, car il avait réussi à franchir dix haies d'une hauteur de quatre-vingt-quatre centimètres sur une longueur de quatre cents mètres. Il avait certes fait un temps égal à cinquante secondes, mais il était surtout arrivé troisième ! Il était heureux et rien d'autre ne pouvait me faire plus plaisir.

Tout le monde allait obtenir son baccalauréat cette année. J'avais envie de penser positif et j'espérais ne pas me tromper. 

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant