Chapitre 12

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Zacchary

J'espérais sincèrement que Millie allait avoir la réponse à sa question.

Je n'avais jamais aimé Alexandre et depuis qu'il s'immisçait dans la vie de Millie, en faisant tout pour qu'elle me voie le moins possible, je ne pouvais ressentir que de la rancœur envers lui.

Lorsque la soirée d'Halloween s'était terminée, j'avais fait comprendre à Romane qu'il fallait qu'elle m'oublie, pour notre bien à tous les deux. Au début, elle s'était mise à pleurer comme une madeleine puis, en analysant la situation, elle s'était vite rendu compte que c'était mieux ainsi. À l'heure actuelle, elle devait sans doute être en train de dormir dans son lit, à Lille, vu qu'elle avait pris un train de nuit, directement après la fête.

En ce qui concernait Matthi, lorsque je lui avais demandé pourquoi il avait invité Romane sans me prévenir, il m'avait simplement répondu qu'il souhaitait me faire la surprise et surtout, il pensait que ça allait me faire plaisir. Comme ça partait d'un bon sentiment, je ne pouvais pas lui en vouloir. Toutefois, une autre question était venue me tarauder l'esprit. Comment se faisait-il qu'il ait encore le numéro de Romane ? Gêné, il m'avait avoué que c'était parce qu'il n'avait jamais pensé à le retirer de ses contacts. J'avais préféré laisser tomber l'affaire tellement je la trouvais stupide. Enfin, pas si stupide que ça, quand on pensait à la réaction de Millie. D'ailleurs, j'avais adoré sa tête lorsque je lui avais dit que je ne lui confierai pas mon secret.

***

Millicent

Peu de temps après le départ de Zac, je m'étais douchée pour me rendre chez Alex. Ce fut en fin de matinée que je me trouvais devant son immeuble. Je ne me sentais pas bien du tout et il y avait vraiment de quoi. Deux cas se présentaient. Soit Zac m'avait menti au sujet de mon meilleur ami et à ce moment-là, je n'aurai pas d'autre choix que de l'ignorer comme au bon vieux temps, même si ça faisait mal. Dans le cas contraire, et je préférais ne pas y penser, je me voyais difficilement pardonner à Alex à moins qu'il me fournisse une bonne explication.

Alex vivait depuis peu dans son propre appartement. Il avait pris cette décision un jour où il avait failli en venir aux mains avec son père à cause d'un désaccord de trop. Néanmoins, grâce au salaire assez élevé que touchait la famille Dumont et aussi parce que c'était, pour le moment, le dernier de la lignée des Dumont, il recevait en secret chaque mois de la part de sa mère, la somme de deux mille euros pour argent de poche. La vérité, c'était qu'il comptait encore sur eux pour déployer pleinement ses ailes, mais qu'il n'avait pas suffisamment de cran pour se réconcilier avec eux.

Je sonnais chez lui, l'estomac noué.

***

— Tu te fiches de moi, hein ?

— Non, Millie, je suis désolé que tu l'apprennes comme ça, ou que tu l'apprennes tout court d'ailleurs, mais j'ai effectivement menacé du regard Zacchary, le soir de ton anniversaire pour le forcer à partir.

— Mais ce n'est pas vrai ! Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ?

— Je voulais te protéger ! Depuis qu'il t'a embrassé, je sais qu'il pourrait à nouveau te faire du mal.

— Non, mais arrête, Alex ! Je ne suis plus une petite fille ! m'énervai-je de plus belle.

— Je sais, mais tu es ma meilleure amie.

— Ce n'est pas une excuse. Qu'as-tu fait d'autre encore ?

— Je crois qu'il ne vaut mieux pas que tu le saches.

— Tu as intérêt à me le dire si tu ne veux pas que je parte !

— Je... Eh bien, ce n'est pas un hasard si tu ne vois pas spécialement Zacchary en dehors des cours, m'avoua-t-il.

— Génial ! Maintenant, tu m'empêches de le voir ! Ce n'est pas la peine de me surprotéger, tu sais. J'ai aussi dix-sept ans, je te rappelle !

— Mais de toute façon, vous êtes dans la même classe. Je ne comprends pas ta réaction, sérieux.

Je sursautais lorsque je le vis taper du poing la table basse de son salon.

— Tu me déçois, Alex. Tu me déçois beaucoup. Non, attends ! Je crois que le pire c'est que tu trouves ça normal et que du coup, tu ne daignes même pas t'excuser, dis-je en sentant des larmes affluer.

— Pardon. s'exclama Alex, d'un ton presque forcé.

— Pff. Tu le détestes et alors ? Sais-tu au moins pourquoi ?

— Millie, il t'a embrassé de force.

— Je...

En repensant à ce fâcheux moment, j'en perdis mes mots. Je ne pouvais pas reprocher à Alexandre de vouloir me protéger.

— Tu comprends pourquoi je ne porte pas Zac dans mon cœur, maintenant ? – Il me vit acquiescer de la tête avant de poursuivre – Bien, au point où on en est, autant que je t'avoue quelque chose.

— Je t'écoute.

— J'aime Clarisse. fit-il la tête baissée.

— Mais moi aussi, je l'aime.

— Non pas comme ça, me contredit-il d'une voix douce en relevant la tête pour me montrer son sourire béat.

— Oh, répondis-je, étonnée.

Waouh.

Eux deux, c'était comme une évidence.

Je m'assis aux côtés d'Alex, sur le canapé, car la nouvelle que je venais d'apprendre fut, à mon goût, assez épique.

— Tu sais qu'elle ne tombe pas facilement amoureuse, lui rappelai-je.

— Oui, mais comme tu le sais, on ne choisit pas qui on va aimer. L'amour, ça ne se décide pas. Tu te souviens du jour où, pour changer de nos habitudes, je m'étais approchée d'elle pour lui faire un câlinours ?

— Comment l'oublier ?

— Eh bien, ce jour-là, lorsque sa tête s'est posée en dessous de la mienne, j'ai ressenti une douce chaleur émaner de mon corps. À ce moment-là, j'ai compris... et ce n'est pas tout. Je fonds lorsqu'elle est franche, car elle s'en veut à chaque fois à mort d'avoir menti, même si c'est un tout petit mensonge. Elle me fait aussi craquer quand elle remet ses lunettes sur son petit nez, car en faisant ça, elle incarne la mignonnerie.

— OK, c'est très mignon, tout ça, mais je pense que tu devrais redire tout ça à Clarisse, pas à moi ! Ça serait une belle déclaration d'amour.

— Oui... Mais j'ai peur de la perdre.

— Qui ne tente rien n'a rien.

— C'est sûr. D'ailleurs en ce qui concerne ce que je t'ai dit tout à l'heure, sache que je suis désolé, Millie ! Promis, je ne recommencerai plus. À l'avenir, je te laisserai gérer ta vie comme tu le souhaites, même si cela implique que je dois te laisser sortir avec Zach.

— On n'en est pas encore là, loin de là... Mais merci, j'apprécie !

— Donc tu éprouves des sentiments pour lui ?

— Peut-être.

— Bon, je me tais. Comme je l'ai si bien dit, on ne choisit pas qui on aime.

— Exactement.

— Alors, tu me pardonnes ?

— Oui, gros bêta, affirmai-je en ébouriffant ses cheveux bruns.

Les larmes aux yeux, il me remercia en m'avouant qu'il ne savait pas ce qu'il aurait fait s'il m'avait perdu. Il avait de la chance que je ne sois pas assez rancunière pour que je foute en l'air six ans d'amitié. 

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant