Chapitre 27

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Millicent

Une fois et une fois seulement que j'eus lavé mes cheveux, les nouvelles résolutions pouvaient démarrer.

Matthias mit à disposition son micro dans le salon pour ceux qui souhaitaient faire part de quelque chose d'important pour bien commencer l'année à venir. Étonnamment, ce fut Blaise qui choisit de se lancer en premier. En voyant Alex boire son sirop au citron, je me retins de rire. Si jamais Blaise annonçait ce que je pensais, je n'osais même pas imaginer la réaction de mon meilleur ami.

— Salut, tout le monde ! Hum, ce que je m'apprête à vous dire risque de vous déplaire fortement, mais vous savez quoi ? Je m'en fiche un peu.

OK. Je ne me trompais pas. Il allait le dire. Après une pause d'une nanoseconde, Blaise reprit la parole. Il était nerveux, mais il n'avait vraiment pas de quoi à mes yeux.

— Je suis gay, annonça-t-il difficilement.

À la suite de cette révélation, je crus mourir de rire, car la scène qui se déroulait sous mes yeux était tout simplement hilarante. Elle l'était, dans un premier temps, car comme je l'avais prédit, Alex recracha sa boisson, puis dans un second temps parce que de nombreuses filles, sans doute raides dingues de lui, hoquetèrent en apprenant la nouvelle. Enfin, et je crois que c'était ce qui me rendait vraiment heureuse, tout comme Zac et Matthias, un mec s'était approché de Blaise pour lui donner son numéro de téléphone. De nombreux applaudissements fusèrent ensuite dans la bonne humeur ce qui le fit pleurer de joie.

***

Alex posa son verre pour prendre à son tour la parole.

— Clarisse, pour que tu comprennes ce que ressens pour toi, j'ai eu envie de lire le poème « quand tu me dis je t'aime » de Victor Hugo.

— Oh, mais c'est trop mignon, Clarisse ! m'enthousiasmai-je.

— T'as vu ça, me répondit-elle, gênée.

— Quand tu ris, sur ta bouche l'amour s'épanouit, commença-t-il.

***

Alex se dirigea après vers Clarisse pour l'embrasser, ce qui eut pour effet de créer un tonnerre d'applaudissements, ainsi qu'un sifflement de ma part. Matthias lança ensuite la chanson « Toi et moi ».

— Si Madame veut bien se donner la peine pour venir danser avec moi.

Je rougis en découvrant Zach s'agenouiller devant moi.

— Oh. Bien sûr ! J'accepte avec grand plaisir mon amour.

Je souris en prenant une main de Zach sous les yeux amusés de Clarisse. Ce fut sous un « Toi et moi » chanté par Alex que je dansais « la valse anglaise » avec Zach. Cette danse particulièrement lente faisait tambouriner mon cœur, tellement j'étais proche de lui. J'avais tout d'abord posé ma main gauche derrière son épaule droite, puis mis mon autre main dans la main gauche de Zach. Ce dernier avait placé sa main droite sur mon omoplate gauche. Durant toute la valse, nous étions restés droits comme un i en collant nos corps. Mon Dieu, heureusement que je ne portais pas de robe, car c'était déjà assez dur comme ça pour moi de maîtriser mon souffle. Le moment le moins supportable à mes yeux fut lorsque Zac s'était penché vers moi pour me faire basculer vers l'arrière. À cet instant précis, ses yeux bleu-vert s'étaient mis à briller d'une intensité inimaginable que ça me faisait fondre de bonheur. Un baiser torride s'ensuivit pour terminer la danse en beauté.

***

Aux alentours de vingt-trois heures, des petits groupes s'étaient formés. Après nous avoir dit : « Je reviens ! », Matthias s'était éclipsé du salon pour se rendre dans la cuisine. Depuis cet épisode, nous étions cinq à patienter bien sagement.

— Bon, qu'est-ce qu'il fout ? Ça fait déjà dix minutes qu'on l'attend, s'exaspéra Zac.

— C'est vrai que c'est bizarre. Tu veux qu'on aille le voir ? Ah non, c'est bon. Il arrive ! s'exclama Blaise.

Après les mots de ce dernier, on se tourna tous vers l'intéressé. En voyant Matthias porter un plateau contenant six verres remplis, je souris.

— Je m'excuse pour l'attente.

Matthias déposa son plateau sur la table basse et s'assit.

— C'est bon mec, tu es tout excusé. Que nous as-tu préparé de bon ? demanda Zac.

— Si vous aimez la fraise, l'ananas et l'orange, je pense que le cocktail « Afterglow », que je viens de faire, vous plaira.

— Hum... ça m'a l'air délicieux ! s'enthousiasma Clarisse en voulant prendre un verre.

— Minute, papillon. Pour y goûter, il faudra jouer au jeu « je n'ai jamais ».

— Quoi ? m'écriai-je.

Mon intervention fit écarquiller les yeux de chacun. Non pas que j'avais quelque chose à cacher, mais je n'avais pas spécialement envie de me mettre à nu.

— Ne t'inquiète pas, Millie. Ça va bien se passer, me susurra Zach en me caressant les mains à l'aide de ses pouces.

Lorsque mon regard croisa celui de Clarisse, je fus en quelque sorte rassurée de la voir aussi peu convaincue que moi par ce jeu. Je vis ensuite Matthias lancer l'application « je n'ai jamais » sur son téléphone.

— Allez, c'est parti ! On va démarrer en mode « soft ».

Il enclencha le jeu et tomba sur « Je n'ai jamais pété et accusé un autre à la place ».

Tout le monde se regardait tour à tour sans effectuer le moindre mouvement jusqu'à ce que Blaise boive cul sec son cocktail.

— Vous n'allez pas me faire croire que personne parmi vous n'a jamais fait ça ?!

Il avait raison. Sans réussir à maîtriser notre fou rire, chacun but après Blaise.

— Vous êtes aussi dégueu que moi, j'adore ! Allez, on continue. — Il appuya sur le jeu — « Je n'ai jamais raté un train ». Bordel, à ce rythme-là, on aura fini en un rien de temps ton cocktail Matthi.

L'ambiance était joviale, et même si je n'avais pas vraiment bu d'alcool avant, je prenais plaisir en participant à ce jeu. Le deuxième verre fut vidé d'un trait et les questions s'enchainèrent. On apprenait à se connaître en s'amusant. Plus les minutes passaient et plus on arrivait à se détendre grâce au cocktail.

— Je n'ai jamais perdu à « Pierre, feuille, ciseaux ».

— Je n'ai jamais pleuré en lisant un livre.

— À la tienne, Millie, trinqua Clarisse en riant.

— J'en peux plus, avouai-je en séchant mes larmes.

Les mecs burent à la question « je n'ai jamais joué à la console de jeu bourré », Clarisse à « je n'ai jamais mangé un paquet entier de bonbons devant un film », et comme beaucoup d'entre-nous, je bus à « je n'ai jamais pris soin de moi pendant plus d'une heure dans la salle de bain.

— Allez ! On passe au mode « sexy », annonça Matthias.

Le jeu allait se corser. Mon corps était brûlant et je redoutais encore plus les questions.

— Je n'ai jamais été dans un village naturiste. OK. J'y suis allé une fois avec mon père. — Il but et se plia en deux de rire en lisant la question suivante. — Je dois être un peu beaucoup éméché, car c'est même pas drôle, je vous assure. Il se reprit et lut « je n'ai jamais mis de... string ».

Je rougis en buvant, sous les acclamations des mecs et souris à Clarisse qui m'accompagnait.

— À ton tour, Millie, me rappela Blaise.

— Très bien. — J'appuyai sur le téléphone et lus à haute voix « je n'ai jamais fait l'acte en pleine nature ».

Alors que je pensais que personne ne boirait, mon cœur rata un battement lorsque je vis Clarisse boire.   

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant