Chapitre 25

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Millicent

2014 touchait déjà à sa fin. Je tirais le rideau de ma fenêtre pour contempler le coucher du soleil. Je soupirais en me demandant ce que l'avenir allait me réserver.

Ma vie avait changé en l'espace de deux mois. Que serait-elle si Zach ne m'avait pas embrassée pour son pari ? La question n'avait pas lieu d'être, puisque je connaissais la réponse. Je serais sûrement restée la Millie timide, entourée de ses deux amis d'enfance et passerais alors ma soirée en compagnie de ma famille. Oui. Pour la première fois de ma vie, je n'allais pas fêter le Nouvel An avec mes parents. Valentin ne le fêtait plus avec nous depuis qu'il sortait avec Cerise, autrement dit depuis deux ans. J'avais accepté l'invitation de Matthias, qui souhaitait sûrement faire plus ample connaissance.

Le 31 décembre, j'optais généralement pour une tenue qui sortait de l'ordinaire pour l'occasion. En ouvrant mon armoire, je découvris la fameuse robe noire à strass blanc brillant que j'avais portée lors de la soirée karaoké de Zac. Je souris en repensant à cette soirée, et je choisis en deux temps trois mouvements ma tenue de ce soir, que je balançais sur mon lit. J'enfilais en premier un collant couleur chair, avant de me tenir le bas du dos, qui me faisait de nouveau souffrir à cause de mes règles. Je m'arrêtais un instant pour souffler un coup, puis je mis un short en jean, une chemise bleue avec de fines bandes blanches et un blazer court couleur blanc cassé. J'appliquais ensuite de l'eye-liner noir pour faire ressortir mes yeux.

Pour impressionner Zac, je m'étais rendue chez le coiffeur dans la matinée pour me faire teindre des mèches en rouge pivoine. Cette couleur permettait de raviver mes longs cheveux bruns. Au moins, je n'avais pas à m'en faire pour la coupe. Lorsque j'étais revenue à la maison, je devais avouer que je m'étais préparée à entendre tout et n'importe quoi de la part de mon frère sauf : « waouh, t'es canon ! ». Son compliment m'avait tellement surprise qu'il m'avait permis de prendre un peu plus confiance en moi.

***

— Tu n'es toujours pas prête ?

L'intrusion si soudaine de mon frère me fit sursauter. Il serait entré dans ma chambre une minute plus tôt, il aurait passé un sale quart d'heure avec mon crayon.

— Non, répondis-je en sortant un sac Duffle noir en coton de mon armoire.

— Tu sais... tu pars seulement une nuit.

— Sans blague ! Il faut quand même que je prenne un pyjama et un change.

— Pas forcément besoin de tenue pour dormir, déclara Valentin en s'appuyant contre mon armoire.

— Euh... Qu'est-ce que tu sous-entends par-là ?

— Eh bien... Non, en fait, oublie, veux-tu ?

Ok. Il se retenait de me dire quelque chose. Il ne se pincerait pas les lèvres sinon et n'essaierait pas non plus de sortir en douce de ma chambre.

— Valentin !

— Excuse-moi. J'avais oublié que ton histoire avec Zac était récente. Je...bafouilla-t-il.

— Tu ? Oh ! C'est bon, je viens de comprendre. Génial, je suis toute rouge maintenant.

— N'en parlons plus, OK ? Ni vu ni connu. Hein, sœurette ?

Je n'en revenais pas de parler de ça avec lui. Même si pour le moment, ça n'avait pas été plus loin que les sous-entendus, c'était assez gênant. Une question me taraudait. L'avait-il fait ?

— Dis-moi, Valentin... Est-ce que Cerise et toi...

— Oui, me coupa-t-il.

— Elle a eu mal ? demandai-je en mettant des habits dans mon sac.

— Tu tiens vraiment à avoir ce sujet de conversation avec moi ? me questionna Valentin d'une petite voix.

— À ma connaissance, tu n'es plus puceau.

Je retirai mes chaussons pour les placer dans mon sac.

— Et ?

Je relevais immédiatement la tête et le suppliai du regard.

— Valentin, s'il te plait ! Fais un effort !

— Bon OK. Je vais commencer par répondre à ta question — il marqua un temps d'arrêt avant de poursuivre — non, Cerise n'a pas souffert, mais ce n'était pas la grande joie, non plus. C'était notre première fois à tous les deux, alors forcément, on ne savait pas trop comment s'y prendre.

— Attends, je crois que je préférerais ne pas connaître la suite, si cela ne te dérange pas.

— Bah alors, Millie ! Je pensais que tu voulais tout savoir dans les moindres détails.

Sa remarque m'offusqua. Je lui donnais un coup sur le torse sans réfléchir, ce qui le fit instantanément grogner.

— Outch, se plaignit-il.

***

Cinq minutes plus tard, je descendis les escaliers, sac à la main, pour rejoindre le salon. Mes parents m'attendaient sagement sur le canapé... Peut-être un peu trop d'ailleurs. J'aurais dû m'y attendre après tout.

— Bon Millie.

— Oui, papa ?

Je grimaçais en le voyant se lever.

— Tu me promets de ne pas faire de bêtises.

— Que veux-tu que je fasse ? m'exaspérai-je.

— La vraie question est : Pouvons-nous te faire confiance ? Papa souhaitait s'en assurer, en fait, intervint ma mère.

— Oui, ne vous inquiétez pas.

Bonjour la confiance.

Je vis du coin de l'œil mon frère rire comme ce n'était pas permis. Je me retenais de lui écraser le pied pour ne pas être privée de sortie.

— Bien. Amuse-toi bien alors, Millie, dit finalement mon père en m'embrassant sur la joue gauche.

— Merci ! lançai-je.

— Allez, salut ! ajouta Valentin d'un ton enjoué, équipé de son sac à dos noir sur les épaules, en ouvrant la porte.

Ma mère hocha furtivement la tête puis s'approcha de moi pour me faire un bisou. Sans attendre plus longtemps, je rejoignis mon frère et marchais avec lui jusqu'au bout de la rue avant de l'enlacer pour lui dire au revoir.

C'était bizarre, mais l'idée de fêter le Nouvel An sans eux provoquait en moi un pincement au cœur. Non, il fallait que je me ressaisisse, car dehors un autre monde m'attendait.

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant