Chapitre 5

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Millicent

Sûrement parce que nous avions seulement deux ans d'écart, Valentin et moi avions toujours été proches. Il avait beau être plus jeune, il me dépassait de dix centimètres et se montrait protecteur envers moi. Il n'aimait pas me voir triste comme ça avait été le cas à de multiples reprises l'an dernier. Voilà pourquoi dès qu'il fut rentré de sa soirée avec son amoureuse, il voulut savoir comment s'était déroulée ma journée. Nous nous installions sur mon lit et je lui déballais la scène du baiser. Énervé, il serra d'abord ses poings, puis il se calma un peu lorsque je lui relatais la venue de Zac. Il ne le connaissait pas, mais il me promit d'être là pour moi si jamais les choses tournaient mal. Je me sentais chanceuse d'avoir un frère comme lui.

— Merci, mon valou.

***

Lorsque le jour-j arriva, j'inspirais un coup avant d'ouvrir la porte de mon armoire. L'air dehors était encore agréable et j'eus envie de porter la plus belle robe qui se trouvait dans mon dressing. Elle était noire avec des strass blancs brillants. J'avais assorti cette tenue en enfilant une paire de ballerines couleur bleu nuit à paillettes et passé un coup de fer à friser à mes cheveux bruns, histoire de les rendre moins ternes, car à mes yeux ils l'étaient. J'avais prévenu mes parents que je sortais avec Clarisse et Alex sans entrer dans les détails. Un bip sonore en prévenance de mon téléphone retentit. Mes amis venaient d'arriver dans ma rue et m'attendaient.

À peine sortie de ma maison, j'entendis Clarisse et Alex complimenter ma tenue ainsi que ma nouvelle coupe de cheveux. Je souris, et pris le gloss rose donné par Clarisse afin d'être plus jolie, ce qui ne manquait pas de faire rire Alex. Je leur retournais le compliment après avoir prêté attention à leur apparence.

J'imaginais Alex appliquer devant son miroir du gel à la vue de ses cheveux bruns gominés et en observant Clarisse, les cheveux blonds mi-longs, je sais qu'elle a fait un brushing lisse, après nos longues heures si souvent passées dans la salle de bains à discuter. Elle avait l'art d'incarner l'élégance en toute simplicité, en déposant du mascara sur ses cils naturellement longs, pour faire ressortir ses pétillants yeux bleus clairs cachés derrière ses lunettes de vue de couleur violette.

Vêtu d'un jean blanc et d'un t-shirt gris Hollister, je trouvais qu'Alex faisait la paire avec Clarisse, car elle portait un legging blanc et une chemise violette à carreaux.

Tandis que nous nous dirigeâmes vers la station de tramway la plus proche, Alex proposait une idée saugrenue.

— Bon, si l'un de nous trois a envie de partir, il dira « octobre ».

— Octobre ? Pourquoi octobre ?

— Eh bien, parce que ton anniversaire tombe le 1er octobre par exemple, se justifia Alexandre.

— Euh... Ok. Ça me va, rétorquai-je en riant.

— D'ailleurs, qu'as-tu prévu de faire pour fêter tes dix-sept ans ? me demanda Clarisse.

— Euh, à vrai dire, je n'y ai pas vraiment réfléchi. Je dirais nous trois devant la cheminée en train de faire griller des guimauves.

— Hum.

— Ne t'inquiète pas Clarisse ! Je vais prendre le temps d'y réfléchir et je vous en reparlerai.

— D'accord ! dirent mes amis en chœur.

***

Zacchary

Il était presque 18 h 00 et voilà que je commençais à stresser, de peur que Millicent ne vienne pas. OK, on se disait en ce moment « bonjour » dans les couloirs, mais ça ne voulait rien dire.

Je pris soudain conscience que nous aurions pu être amis. Nous étions dans le même lycée depuis trois ans. Il fallait que je me ressaisisse. Remuer le passé ne servait à rien. Le but de la soirée était de m'excuser auprès d'elle et c'était justement ce que je comptais faire !

Je sursautais en entendant la sonnette retentir.

Pendant que ma gentille et belle maman finissait de préparer des petits fours sucrés fait maison, je me hâtais d'ouvrir la porte aux invités. Les premières personnes à arriver furent bien évidemment Blaise et Matthias. Il y eut ensuite toute une foule d'élèves avec qui je m'entendais bien, mais où l'entente s'arrêtait souvent là. Bien sûr, et je disais ça sans me vanter, au vu de ma popularité actuelle, des gens comme Tessie et Enza s'étaient vues conviées à ma fête.

— Salut ! C'est chouette chez toi, me murmura à l'oreille Tessie.

— Merci.

— M'enfin, c'est carrément moins cool que chez moi, affirma-t-elle tout en claquant bien fièrement son chewing-gum à la fraise.

— C'est ça ! Toujours aussi franche à ce que je vois.

— Ouaip. En même temps, tu l'as bien mérité.

— Oui... Bon, si c'est pour me dire ça que tu es venue, tu peux très bien retourner dans ton merveilleux chez-toi, ironisai-je.

Tessie ne me répondit pas et se contenta d'entrer dans mon salon en me lançant un regard des plus glacials.

Ding Dong !

Ah ! Peut-être que c'était Millie et sa bande. J'ouvris la porte et bingo, c'étaient bien eux. Je leur souris et leur empoignais la main pour leur souhaiter la bienvenue.

***

Le moment tant attendu par Matthias, et donc le pire instant de ma vie, finit par arriver aux alentours de 18 h 30.

— Mesdames et Messieurs, veuillez s'il vous plait accueillir notre très cher Zacchary Euton ! annonça en souriant à pleines dents Matthias debout sur le banc de mon jardin.

— Très drôle, lui chuchotai-je.

— Oh allez, fais pas ton timide Zac, se moqua Blaise.

— Mais vous allez arrêter de vous foutre de moi !

Contre toute attente, les applaudissements dans mon jardin fusèrent de part et d'autre. Tandis que Matthias descendait de mon banc, je montais dessus pour le remplacer.

On avait branché mon ordinateur sur la table du jardin. Dès que Matthias appuierait sur la chanson de son choix, j'allais devoir chanter.

Je fronçais les sourcils en entendant une musique grave, puis je secouai la tête en reconnaissant « Tomber dans ses yeux » de 1789, les amants de la Bastille.

— Génial ! Merci, mec ! Je crois que tu ne pouvais pas faire mieux ! lançai-je à l'attention de Matthi.

— Mais il n'y a pas de quoi ! ironisa-t-il.

Sur ce, je me mettais à chanter, sous le regard d'une trentaine de personnes. Ma voix sonna étrangement plus grave que la normale.

— Je sais bien que tout nous sépare...

***

À la fin de la chanson, je scrutais le visage de Millicent avant de prendre de nouveau la parole.

— Millicent. Je m'excuse pour ce que je t'ai fait, en te dédicaçant la chanson !

Elle bredouilla un bref « merci » sous les nombreux regards des invités qui globalement murmurait un « Qui c'est Millicent ? ». Alexandre se contenta de réprimer un juron, tandis que Clarisse sautillait de joie auprès d'une Millicent rougissante.

— Bon, il faut croire que ce n'était pas si dur que ça... et on se demande bien pourquoi, me taquina Matthi.

Un sourire naissait sur mon visage, car je savais que Matthi fait allusion à Millicent. 

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant