Tu te souviens du jour où...

Chapitre 11

Millicent

La première chose à laquelle j'avais eu le droit en me réveillant, de la part de ma mère, n'était non pas un : « Bonjour, ma chérie, tu as bien dormi ? Tu avais l'air catastrophée hier, en rentrant de la soirée ! D'ailleurs, comment c'était ? » ... Mais plutôt un : « Millie ! Tu as osé faire une séance de manucure sans m'en parler ! Comment as-tu pu me faire ça ?! » C'était à ce moment précis que mon père avait choisi d'intervenir en disant : « Abigail ! Quand cesseras-tu de te comporter comme une gamine de cinq ans ? Tu en as cinquante, merde. » Et voilà que je n'avais pas eu le temps d'en placer une. Exaspérée, je choisis de me recoucher.

***

En jetant un œil à mon téléphone portable, j'eus la joie de constater que j'avais dix messages non lus, deux appels manqués et un message vocal. Je choisis d'écouter ce dernier pour savoir ce que Zach avait voulu me dire.

« Euh... Salut... Millie, je ne sais pas quoi te dire. Tu es partie tellement vite que... » entendis-je avant d'appuyer sur le bouton 2.

« Message effacé ».

À quoi bon écouter la suite puisque comme il le disait si bien, il n'y avait rien à dire. Il avait embrassé cette fille et c'était tout. En ce qui concernait les messages, huit d'entre eux provenaient de Clarisse, un d'Alex et un autre de Zach. Décidément.

Ding Dong !

Qui pouvait bien sonner chez nous, un jour férié ?

— Millie, il y a un certain Zacchary qui voudrait te parler ! hurla ma mère, du bas des escaliers.

Il le faisait exprès ou quoi ? La première fois qu'il était venu, j'étais en peignoir et là, je portais un pyjama.

— Tu n'as qu'à lui dire que je ne suis pas là !

— Ça ne va pas être possible. Tu as crié tellement fort ma chérie qu'il sait maintenant que tu es là.

Génial. Je mourrais d'envie de me cacher sous terre à cet instant précis. Ma mère n'en loupait pas une.

— Tu as gagné, j'arrive.

Je passais dans la salle de bain prendre mon peignoir et l'enfilais agacée. Je préférais qu'il me voie en peignoir. Il était hors de question qu'il me découvre vêtue d'un pyjama Minnie. Dès que j'arrivais à sa hauteur, je l'emmenais immédiatement dehors afin d'être tranquille.

— Millie, qu'est-ce que tu fais ? Tu vas attraper froid ! En plus dehors... s'exclama ma mère, avant que j'eusse fermé la porte d'entrée.

— Il pleut, terminai-je sa phrase en ressentant la fraîcheur de l'automne.

— Pas faux.

— Oh toi, ça va ! D'ailleurs qu'est-ce que tu fais là ?

— Bah... Je suis venu clarifier la situation, m'avoua-t-il en fixant ses pieds.

— Hum.

— As-tu écouté mon message vocal ? Je n'ai pas eu de réponse donc...

En disant ces mots, je remarquais ses yeux bleu-vert tristes.

— Une partie, oui, dis-je en croisant les bras.

— Millie, m'implora-t-il.

— Déjà, c'est Millicent et pas Millie.

À voir sa tête, on aurait dit que je l'avais profondément blessé, car il venait d'ouvrir en grand sa bouche.

— OK, si tu le prends comme ça... Je pensais qu'on était plus proches que ça.

— Je... Bah moi aussi, figure-toi !

— Laisse-moi au moins t'expliquer !

— Bon allez, je t'écoute ! dis-je en touchant nerveusement mes cheveux.

— Merci ! Voilà, il y a longtemps, je n'étais pas le genre de mec qui draguait à droite et à gauche. Non, j'étais fou amoureux d'une fille. Cette fille-là s'appelait Romane. Son rire communicatif m'a tout de suite fait craquer. Ses cheveux bouclés rouges aussi. On a très vite sympathisé et finalement, on a fini par sortir ensemble. Malheureusement, un jour, elle m'a fait part de son déménagement. Sur le coup, ça m'avait brisé le cœur, car ça allait faire un an que nous étions ensemble. Tu ne peux pas savoir à quel point elle me comblait de bonheur. Pour éviter de trop souffrir, après un commun accord, nous avons décidé de rompre. Cela n'a pas été facile au début, mais avec le temps, j'ai fini par m'y faire. Aujourd'hui, ça fait deux longues années que je ne l'ai pas revue. Enfin, c'était le cas jusqu'à hier, puisque l'ange démoniaque que tu as aperçu à la soirée d'Halloween, c'était elle.

— Waouh !

— Elle ne m'avait plus donné de ses nouvelles. Je savais juste qu'elle était partie à Lille... Et là, elle débarque et m'embrasse.

— Ah, fis-je en ne sachant pas quoi dire d'autre.

— Comme tu dis. Elle voulait que l'on se remette ensemble, m'avoua, Zach.

J'essayais tant bien que mal de montrer un quelconque enthousiasme.

— Oh, mais c'est formidable, non ?

— Pas spécialement. Elle vit toujours à Lille et puis même si elle était mon premier amour, je suis passé à autre chose maintenant.

Il est passé à autre chose. C'est maintenant ou jamais Millie.

— Je vois. Tu as réussi à tomber de nouveau amoureux, depuis ?

Je n'osais pas croiser son regard. Pourquoi ? Je ne sais pas.

— Peut-être, me répondit-il les yeux brillants.

Nous y voilà.

— Elle est... sympa ?

— Je ne peux pas te le dire. C'est un secret et puis tu m'as récemment fait comprendre que nous n'étions pas si proches que ça.

— Oh, c'est vrai. Oublie, veux-tu... Maintenant que je connais la vérité.

— Non, et justement puisque tu parles de vérité, va voir ton soi-disant meilleur ami et peut-être qu'après, on reparlera de ce secret.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire ?

— Demande-lui si je n'étais réellement pas libre le soir de ton anniversaire, me souffla Zac avant de partir.

— Mais...

— Salut Millicent.

Le cœur lourd, je me retrouvais seule sur le seuil de la porte d'entrée à me demander si je connaissais réellement mon meilleur ami, comme me l'avait sous-entendu Zac. Quant à lui, je crois que je m'étais trompée sur son compte, car on dirait qu'il tenait à moi bien plus que je ne l'aurais pensé. Pour une douche froide, c'en était une.