Chapitre 31

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Millicent

Un après-midi de la mi-janvier, le temps d'un intercours, nous prenions connaissance de la date du concours de danse. À travers les haut-parleurs, résonnait une voix grave et claire d'un lycéen qui nous informait que le concours avait finalement lieu le vendredi 15 février. À cette entente je me crispais, car je me rendis compte que le bac blanc approchait de plus en plus. Les épreuves de celui-ci se déroulaient mi-mars. Il y avait ensuite le bal puis les épreuves du vrai baccalauréat.

— Millie ? Ça va ? s'inquiéta Zac en me caressant les joues.

— Hum ? Oh oui, ça va.

— Si tu le dis. On aurait dit que tu rêvassais.

— Je... Vivement les vacances d'été ! m'exclamai-je.

— Les vacances...

Je ne laissais pas le temps à Zach de terminer sa phrase, car ça n'avait aucun intérêt à mon goût. J'avais préféré le couper en déposant un baiser sur ses lèvres.

— C'était quoi ça ? réagit Zac en fronçant les sourcils.

— Un bisou.

— Non, sans blague.

Maintenant, il croisait les bras.

— Tu n'as pas aimé ? Tu en veux d'autres peut-être ?

— Ce n'est pas ça. Tu m'as...disons...déconcerté.

— Ah oui ?

— Oui. Je parlais et pouf.

Sans qu'il s'y attende, je renouvelais mon action après son « pouf ».

— Pouf, enchaînai-je en souriant.

— Pouf ? répéta Clarisse en arrivant bras dessus, bras dessous avec Alex.

— Oui, pouf. fit Zac amusé.

— OK. Ils ont sûrement un langage codé. glissa Clarisse à Alex.

— Je pense aussi, lui répondit-il.

Un langage codé, hein ? On avait vraiment tout entendu. Je me retins de rire en croisant le regard de Zac. Afin d'écourter cette conversation, nous nous abstenions de tout commentaire et par conséquent, nous n'essayâmes pas de démentir les propos de Clarisse.

D'ailleurs, en parlant de ma meilleure amie, ça me rappelait qu'elle et Alex faisaient partie de nos concurrents pour le concours.

De mon côté, je n'avais pas trop de soucis à me faire, car ma chorégraphie avec Zach était fin prête. Nous avions réussi à nous mettre d'accord sur la musique il y a quelques jours de cela, ce qui signifiait qu'il nous restait les achats à effectuer pour la tenue du concours.

***

Les cours de la journée venaient tout juste de s'achever et contrairement à d'habitude, je rentrais uniquement avec Clarisse ce soir-là.

— Millie, j'ai une grande nouvelle à t'annoncer !

— Ah, je t'écoute.

Pendant que Clarisse me parlait, nous entrâmes dans le tramway.

— Tu connais ma passion pour la natation.

— Oui.

— Fin avril, les épreuves sportives auront lieu.

— Je sais. admis-je.

— Eh ben, figure-toi que des directeurs techniques nationaux seront présents le jour de mon épreuve du baccalauréat. m'annonça-t-elle.

— Oh, mais c'est formidable ! m'enthousiasmai-je.

— Oui ! Tout ça pour te dire que si je suis sélectionnée, j'aurai peut-être la chance de pouvoir réaliser mon rêve !

— Devenir nageuse professionnelle, précisai-je.

— Exactement !

— C'est génial, Clarisse !

Je ris en venant entourer mes bras autour des siens. Rien n'était joué d'avance pour Clarisse, car d'autres élèves de Terminale travaillaient aussi dur qu'elle depuis plusieurs années dans l'espoir d'être repérés ce jour-là. En somme, la concurrence était extrêmement rude, mais un brin de bonheur ne faisait pas de mal.

— Je ne te le souhaite pas, mais au cas où tu ne serais pas choisie, as-tu pensé à un plan B ?

Clarisse fit mine de réfléchir en marmonnant son traditionnel « hum », puis reprit la parole.

— Si jamais je ne faisais pas l'affaire, pour ne pas dire « échouer », je pensais faire une licence Langues étrangères appliquées.

— D'accord. C'est bien, je trouve. Quelle que soit ton orientation, ça aura un rapport avec l'une de tes deux spécialisations.

Après ma réflexion, Clarisse hochait la tête. Nous parlions ensuite de tout et de rien durant le reste du trajet, en omettant bien sûr le sujet du concours.

***

Ma mère avait insisté pour payer ma tenue de danse.

J'avais dans un premier temps décliné son offre puis grâce à mon frère, j'avais fini par céder.

Valentin m'avait dit que s'il y avait un jour où je devais être ravissante, pour ne pas dire sexy, c'était bien ce jour-là. Un tango ne pouvait être parfait que si le couple jouait toutes ses cartes. Zac avait opté pour une chemise blanche avec un gilet de costume noir en laine mélangée, un pantalon à pinces gris et des chaussures souples en cuir d'un coloris bicolore noir et blanc. De mon côté, j'avais choisi une robe à bretelles en velours et à dentelle italienne noir et blanc. La présence de magnolia sur le bas de la robe m'avait aidé à la choisir. Pour les chaussures, j'avais pris des escarpins beige rosé en cuir. Il fallait que je me montre forte, car des chaussures de tango comme celles-ci avaient huit centimètres de talons !

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant