Chapitre 17

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Millicent

En marchant vers la piscine du Grand Parc, située à quelques rues de ma maison, je sentis mon sac polochon vibrer. Je m'arrêtais un instant pour connaître la raison de cette notification et souris en apercevant le prénom de Zac sur mon téléphone. Matthias fêtait ses dix-sept ans et savoir qu'il avait apprécié son cadeau me ravit. Je me souvenais du jour où Zach était venu vers moi pour me parler de ce qu'il avait en tête. Touchée par sa confiance, je lui avais demandé si Matthias aimait les chiens, et lorsqu'il me raconta sa rencontre avec son meilleur ami, sans hésiter, je lui avais dit de foncer. Je tapais en vitesse mon « Génial 😉 » et rangeais mon téléphone, de bonne humeur, même si rejoindre Clarisse ne m'enchantait guère.

Elle avait choisi la natation comme pratique sportive et avec les épreuves qui approchaient, le stress montait en elle. J'avais accepté de l'accompagner à son entraînement pour l'encourager. Elle passait cette discipline au mois d'avril, comme tous les élèves de Terminale du Lycée Vespucci. Je n'avais jamais été une grande nageuse alors le temps que Clarisse finisse de s'exercer, je préférais rester dans le petit bassin pour patauger en toute tranquillité.

Dans la vie, il y avait deux sortes de personnes. Celles qui réussissaient à affronter leurs peurs et celles qui, au contraire, les redoutaient. Je faisais malheureusement partie de la deuxième catégorie.

Quand j'avais sept ans, le maître-nageur qui nous donnait des cours nous avait ordonné de sauter, un jour, du plongeoir. J'avais beau l'avoir supplié du regard pour lui montrer mes craintes, il n'y avait rien à faire. Il avait préféré suivre son instinct et me pousser. Ne sachant pas, à l'époque, retenir suffisamment longtemps ma respiration, ni même particulièrement bien nager, je risquais fortement de couler dans le grand bassin. L'exercice était pourtant simple. Il suffisait, pour le réussir, de sauter puis, de remonter à la surface pour ensuite nager une longueur. Seulement voilà, dans mon cas, je n'avais accompli que la première étape. Alors que j'étais censée remonter rapidement à la surface pour à nouveau pouvoir respirer, je me laissais tomber, à la place, vers le fond de la piscine, en avalant petit à petit de l'eau. Au lieu de réussir l'exercice, j'échouais lamentablement. J'avais cessé de lutter à la seconde même où je compris que mes efforts étaient vains. Tandis que je pensais ne plus jamais revoir la terre ferme, je sentis une perche en aluminium venir à moi. Étant, à ce moment précis encore consciente, je m'étais agrippée à elle du mieux que je pouvais. La scène qui suivit cette action fut bien évidemment de recracher toute l'eau absorbée, sous le regard apeuré de mes camarades et du maître-nageur. Tout ça pour dire que depuis ce jour, je n'avais jamais retenté de nager sous l'eau.

J'enviais Clarisse ! C'est vrai quoi, quand je la voyais faire une longueur aller-retour en 1min10, il y avait vraiment de quoi rêvasser. Je devais faire la même pour le petit bassin. Sa phobie à elle était la paralysie.

***

Dès que son entraînement touchait à sa fin, elle me rejoignit dans le petit bassin.

— Tiens, que me vaut cet honneur ? demandai-je en souriant.

— Je commençais à saturer... Et puis, je voulais discuter avec ma meilleure amie !

— En compagnie des petits ?

— Oh, Millie ! Fais-moi confiance, toi aussi, un jour, tu seras comme un poisson dans l'eau, soupira, Clarisse.

— Ouais, ben en attendant ce jour, il faut que je te raconte un scoop.

— Ah... Je t'écoute, fit Clarisse en soufflant dans l'eau avec son nez.

— Zac est amoureux de moi !

Ne s'attendant pas à une telle révélation, Clarisse s'étouffa avec l'eau qui était accidentellement rentrée dans ses narines. Je tapotais alors son dos pour l'aider à aller mieux.

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant