Chapitre 14

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Millicent

La nouvelle ne fit évidemment pas plaisir à mes parents.

Apprendre que leur grande fille, d'habitude si sage, venait de se prendre deux heures de colle pour avoir répondu à un professeur ne fut guère apprécié. Bah quoi ? Je n'allais tout de même pas leur dire la vraie raison ! Si je n'avais pas daigné bouger, que se serait-il passé ?

Ma mère, d'habitude si gentille avec sa fille chérie, s'était montrée particulièrement froide avec moi, ces derniers temps. Je ne parlais même pas de ce matin, quelques minutes avant que mes deux heures de colle n'aient lieu. Elle ne m'avait même pas adressé la parole, ne serait-ce que pour me dire bonjour.

Ma mère n'avait jamais été du matin, mais là, c'était le pompon !

Mon frangin s'était littéralement moqué de moi lorsque je lui avais avoué la vérité.

Il ne comprenait pas pourquoi j'avais raconté un tel mensonge aux parents plutôt que de me contenter de la vraie version. Je lui avais simplement rétorqué que je trouvais cela plus judicieux.

J'avais tout de même eu le droit à des félicitations de la part de Valentin puisque généralement, je me faisais tout de suite démasquer dès que je tentais de mentir.

La mine fatiguée, je marchais doucement vers le lycée et j'espérais ne pas trop souffrir !

***

Non seulement j'étais collée un samedi matin, mais en plus j'avais été convoquée pour recopier 300 fois la phrase : « Je ne dois pas être violente en cours et ce envers mes camarades ».

Je longeai le couloir qui menait à la salle de permanence pour découvrir avec amertume des sièges quasiment tous vides. Je regardais une dernière fois mon téléphone portable qui indiquait tout juste huit heures et je soupirai en silence en l'éteignant, avant de le ranger dans mon sac.

Allez Millie, tiens bon. Dans deux heures, tu seras libérée.

Je m'approchais de Romain, assis derrière son bureau, qui était surveillant depuis quelques années maintenant.

— Bonjour Millicent. Tu prends juste de quoi écrire et tu poses le reste de tes affaires près de moi. Quand tu auras terminé ton devoir, tu pourras signer et partir.

— D'accord.

Stylo bleu en main, je m'assis le plus loin possible d'Enza qui écrivait en silence.

***

Les minutes passèrent et je copiais les lignes avec la certitude que tout irait bien.

— Allez, avoue. Je t'ai rendu un service en embrassant Alexandre.

Je choisis de faire abstraction de la présence d'Enza, mais elle ne céda pas. Je la vis s'asseoir à côté de moi et m'observer.

— Fiche-moi la paix !

— Alors ? J'attends ta réponse, insista-t-elle.

— T'es lourde. Non seulement, je n'ai pas à me confier à toi car d'une part je ne suis pas ton amie et d'autre part, il me semble que tu n'as pas terminé ta punition. — Je levai la tête et remarquai avec agacement l'absence de Romain. — Où est-il passé ?

— Aucune idée.

— Bon allez, laisse-moi tranquille.

— Sinon quoi ?

Les poings serrés, je me retenais de dire un mot de trop, quand Romain revint.

— Enza. Les heures de colle ne sont pas faites pour discuter. Je te conseille de revenir à la table où tu étais assise au début, à moins que tu n'aies fini de recopier la phrase en question 300 fois.

Je souris en voyant Enza se rasseoir sans un mot à une plusieurs rangées de moi.

Lorsque dix heures sonnaient, je me hâtais de sortir pour rentrer au plus vite chez moi.  

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant