Chapitre 18

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Millicent

À l'approche des fêtes de Noël, de nombreux commerçants ouvraient leur boutique le dimanche matin. Clarisse réfléchissait encore à l'avenir de sa relation avec Alex. Ce n'était peut-être pas très malin de ma part de leur proposer une virée shopping, aujourd'hui, mais je tentais le coup en leur demandant de me rejoindre dans l'une des rues les plus vivantes de Bordeaux, la rue Sainte-Catherine.

***

Ils avaient accepté ma proposition. Notre amitié n'avait pas changé et ça me rassurait.

***

Ils arrivèrent quasiment en même temps. L'atmosphère semblait un peu différente de d'habitude, notamment lorsque Clarisse salua Alex sans faire de bise, mais je choisis d'y faire abstraction. Ils souriaient, et c'était la seule chose qui m'importait. Je pouvais discerner dans les yeux d'Alex un éclat si pur que c'en était renversant. Aucun doute n'était possible. Alex craquait véritablement pour Clarisse.

Ma meilleure amie ne changerait pas. Elle s'arrêta un instant pour baver devant un panier, rempli d'alléchantes viennoiseries, exposé en vitrine d'une boulangerie. Je riais aux éclats avec Alex face à cette scène.

***

Certaines personnes pouvaient se sentir oppressées d'être entourées par d'innombrables touristes, mais en ce qui me concernait, je raffolais de ce genre de situation. Après la natation, le shopping était l'une des principales activités dans laquelle Clarisse se sentait dans son élément.

— Tu comptes faire tes achats de noël, aujourd'hui, ou comment ça se passe ? me demanda Alex.

— Eh bien figure-toi que oui.

— D'où les produits cosmétiques, les nombreux coffrets DVD, les romans et... Le skate, il est pour qui, au fait ?

— Pour Valou, lui rappelai-je en souriant.

— Oh oui, c'est vrai ! Bien, bien. Bon, j'espère que Clarisse se décidera bientôt.

Lorsque mes yeux croisèrent ceux d'Alex, je comprenais instantanément que notre amitié n'en sortirait pas indemne si Clarisse refusait de lui donner une chance. Il n'était pas dupe. Il se doutait que j'avais dû jouer les entremetteuses. Autrement, Clarisse n'aurait probablement jamais débarqué à l'improviste chez lui.

— Je l'espère aussi.

***

Nous étions, Alex et moi-même, assis sur un fauteuil depuis désormais une demi-heure. Clarisse avait, à notre plus grand dam, craqué pour un nombre assez important de vêtements. Voulant respecter un certain budget, elle n'arrivait pas à faire un choix malgré nos : « Cette robe te va mieux que les autres » ou bien, « franchement, que ce soit ce pantalon ou un autre, qu'est-ce que ça change ? Un jean reste un jean, non ? » ou encore « tu sais, ta vie n'est pas en jeu, là, alors choisis une bonne fois pour toutes, mais par pitié, fais vite ! ». La dernière phrase avait été prononcée par Alex. Il fallait le comprendre, aussi ! Avant cette séance de « torture », nous nous étions rendus dans une boutique de chaussures pour femmes. Le temps que Clarisse fasse « le choix de sa vie », je me confessais à Alex.

— Hum, Alex, promets-moi de ne pas t'énerver.

— Je ne peux rien te promettre.

— OK, euh... Zac est amoureux de moi, lui avouai-je, rougissante.

Je le voyais serrer des dents au moment même où j'avais terminé ma phrase.

— Tu m'avais promis, Alex !

— Oui, je sais, mais c'était avant que ce soit vrai. m'interrompit Alex en levant la tête vers moi.

— Quoi ? m'écriai-je en essuyant une larme qui me menaçait de couler.

— T'inquiète pas. J'accepte de ne pas m'en mêler avec pour seule condition : que tu me laisses lui refaire son portrait à la moindre souffrance qu'il te fera endurer.

— Alex !

— Millie.

— Bon, merci, dis-je en lui donnant un coup sur le torse.

— Ça y est, j'ai fait mon choix ! annonça Clarisse en sortant de la cabine d'essayage.

— ENFIN ! Qu'est-ce que tu prends finalement ? lui demanda Alex.

— Rien.

Dépités par sa réponse, Alex et moi-même restâmes sans voix.

***

Comme convenu, ce fut au tour d'Alex de faire la tournée des boutiques de son choix.

Dès qu'il fut décidé, on entrait tous les trois dans un prêt-à-porter pour hommes. Il visualisa les alentours d'un bref coup d'œil puis se pencha de plus près vers un rayon exposant des pulls cachemire.

Au bout d'un moment, je croisais en marchant dans la boutique, un jeune homme aux cheveux courts lisses et blond très clair qui portait une frange sur le côté gauche de son visage. C'était Blaise. Il était dans la même classe de terminale L que Clarisse et était ami avec Zac. Je souris en les voyant se saluer, car j'aimais penser qu'une connaissance commune pouvait peut-être venir apaiser des relations.  

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant