Chapitre 38

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Zacchary

Comme chaque année, l'été était passé beaucoup trop vite, à mon goût, mais bon cette fois-ci je devais penser « positif ». D'ici une petite heure, j'allais débuter mon année de MANAA. Millie faisait sa rentrée demain. Je n'avais aucune envie de la laisser, mais je n'avais pas le choix.

Avant de l'embrasser, je repensais aux deux mois qu'elle avait dû endurer. Durant la majeure partie de cet été, même si elle ne l'avait pas tout le temps passé aux côtés de Clarisse, les vacances avaient été éprouvantes pour elle. La famille Guérin, trop prise par son travail, ne prenait habituellement pas ou peu de vacances l'été, voilà pourquoi Millie avait tenté le tout pour le tout auprès des parents de Clarisse pour essayer d'organiser quelque chose pour leur fille. Touchés par la preuve d'amitié que donnait Millie, Carole et Sébastian s'étaient rendu le plus rapidement possible dans une agence de voyages. Même si l'espoir d'obtenir des places à bord d'un bateau de croisière pour le parcours Garonne-Dordogne était mince, il fallait croire que la bonne étoile était avec eux puisqu'ils ont pu réserver pour la première semaine du mois d'août. En guise de remerciement, les parents de Clarisse avaient offert une place à Millie pour partager leur séjour. Émue, Millie avait accepté sans hésiter. Durant cette semaine passée sur l'eau, Clarisse avait réussi à mettre du baume au cœur à Millie en ravivant la joie chez elle. Millie avait passé le reste de l'été avec sa famille ou auprès de moi. Oui, on avait su s'accorder quelques jours en amoureux.

***

Je réveillai en douceur ma Millie. Cela pouvait paraître bizarre qu'elle soit venue dormir chez moi et non l'inverse, vu qu'elle ne rentrait que demain. En fait, si je l'avais invitée c'était pour la praticité des choses et surtout parce que je voulais l'avoir auprès de moi, car j'avais un mauvais pressentiment. Quelque chose en moi me disait que la rentrée ne se déroulerait pas comme je le souhaiterais.

— À quoi penses-tu ?

— Bonjour, Millie. fis-je en souriant.

— Zac, insista-t-elle en soupirant.

— Je ne pensais à rien de spécial. Je suis juste un peu anxieux vis-à-vis de la rentrée.

Peu convaincue, Millie fronça les sourcils.

— Tu veux un câlin, c'est ça ? me demanda-t-elle tout en s'étirant.

— Oh oui, un câlin ! Et pas n'importe lequel, si tu vois ce que je veux dire !

Je m'approchais alors d'elle, sourire coquin aux lèvres.

— Oh Zac. Pas forcément ce câlin... et puis si tu ne veux pas arriver en retard, ce n'est pas conseillé.

— OK, comme tu voudras, mais alors tu auras le droit aux chatouilles.

— Ah non. Tout, mais pas ça !

— Trop tard.

Je ris en commençant à la gratouiller au niveau de ses côtes.

***

Un moment rempli de tendresse par les nombreux baisers échangés et de fous rires me mettait de bonne humeur. Après une douche prise ensemble, nous franchissions le seuil de la porte d'entrée à huit heures.

***

Rien ni personne ne pouvait gâcher cette belle journée qui s'annonçait. Rien, à part Romane peut-être. À peine avais-je traversé la porte qui menait à un amphithéâtre que mes yeux tombèrent sur elle. Et voilà, pouf, je sentais ma bonne humeur se volatiliser en un rien de temps. J'allais sans hésiter une seule seconde à sa rencontre.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Si elle s'était attendue à une salutation bienveillante de ma part, elle se trompait sur toute la ligne. Je la foudroyais du regard en attendant sa réponse.

— Oh, mais quel accueil Zac ! Bonjour à toi aussi !

Romane n'avait plus les cheveux longs bouclés, mais un carré plongeant. En revanche, pour ce qui était de la couleur, elle demeurait toujours rouge.

— Réponds à ma question, insistai-je.

— Eh bien si je suis venue ici c'est dans le but d'étudier les arts appliqués.

— Non, sans blague !

J'entendis Romane soupirer avant de m'avouer la vérité.

— Je m'étais dit que si j'étais acceptée dans ma ville natale pour faire la MANAA, alors je sauterai sur l'occasion pour revenir à Bordeaux.

N'appréciant pas sa réponse, je me pinçais l'arête du nez, pensif.

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans « il faut que tu m'oublies » ?!

— Tu vas m'en vouloir toute ta vie d'être partie, c'est ça ?

Même si je ne portais plus Romane dans mon cœur, la voir pleurer à cause de moi ne me fit guère plaisir.

— Non. Non, ce n'est pas ça, mais à un moment donné, il faut savoir tourner la page.

— Tu as raison.

Sur ces derniers mots, je la laissais pour rejoindre une autre rangée que la sienne. Lorsque je m'assis, une évidence s'imposait à moi. Plus je me trouvais loin d'elle et mieux je me portais.

***

Si on oubliait l'incident avec Romane, je pouvais dire que la prérentrée s'était bien passée. On nous avait tout d'abord exposé en détail la MANAA à l'aide de projections, puis les professeurs s'étaient à tour de rôle présentés.

Je me réjouissais d'avance d'avoir choisi cette formation, car elle proposait entre autres des cours dans des salles possédant des MacBook pour étudier le design graphique et également des cours dédiés aux dessins de modèle vivant.

Pour l'heure, je ressentais le besoin urgent de parler avec mon père au sujet de Romane. 

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant