Chapitre 20

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Millicent

À l'approche du dîner de ce soir, je ne cessais de me mordre la lèvre inférieure en repensant au baiser que Zac m'avait offert. Même si ce dernier n'était pas en réalité notre premier baiser, à la différence de l'autre, celui-ci avait été plus sincère, plus doux. Sa bouche, son rire et sa voix me manquaient cruellement. On avait beau s'être embrassés il y a quelques heures seulement, Zac me manquait quand même beaucoup. Nous étions pourtant dans la même classe... Alors comment cela se faisait-il que j'eusse pleuré lors de notre au revoir. Je le revoyais demain, ce n'était pas comme si je lui avais dit adieu.

— Millie, on passe à table ! me fit sortir de ma rêverie, ma mère.

Sourire aux lèvres, je me levais de mon lit précipitamment.

— D'accord ! J'arrive !

***

— C'est quoi ce sourire béat qui ne quitte plus tes lèvres ? me demanda Valentin en me donnant un coup de coude dans le bras gauche.

— Hein ?

— On ne dit pas « hein ? », mais « comment ! » me reprit mon père, d'un ton exaspéré.

— Oui, pardon ! Comment, Valentin ?

— Je me demandais juste quelle était la raison qui te poussait à sourire comme une imbécile.

— Oh... Ça ne t'arrive jamais à toi de sourire, juste comme ça ?

— Si, ça m'est déjà arrivé ! Précisa mon frère en se balançant d'avant en arrière sur sa chaise.

— Ah ! Voilà qui clôt cette conversation ! m'exclamai-je, soulagée.

— Pas tout à fait, vois-tu ! La dernière fois que j'ai souri dans le vide, c'était parce que je venais d'embrasser pour la première fois Cerise, contre-attaqua-t-il.

— De plus, tu n'as pas touché à ton assiette depuis le début du repas, jeune fille. Nous n'avons rien dit, car tu ne nous fais jamais ce coup-là, mais il est évident que tu nous caches quelque chose, déclara ma mère, suspicieuse.

J'étais cuite ! Deux solutions s'offraient à moi. Soit, je décidais de manger le contenu de mon assiette et dans ce cas-là, je ne leur disais rien en prétextant que parler la bouche pleine était impoli, qui au passage était vrai ! Soit, je leur avouais tout. Après avoir installé, à mon goût suffisamment de silence, je pris sur moi en choisissant la deuxième solution. Ils ne m'auraient pas laissée tranquille, sinon.

— C'est bon, vous avez gagné... Je sors depuis seulement quelques heures avec Zacchary Euton ! annonçais-je rapidement.

— Attends une seconde ! Ce prénom me dit quelque chose... Oh, mais oui, bien sûr ! Ça ne serait pas, par hasard, le garçon avec qui tu es sortie dehors, sous la pluie, alors que tu étais simplement vêtue d'un peignoir ? souligna ma mère se massant le menton.

— Si, et pour ta gouverne, je portais un pyjama en dessous.

— Peu importe, maman.

— Hum.

— Mais non, je ne te crois pas ! Tu nous fais une petite blague, c'est ça ?

— Pas du tout, Valentin.

— Je suis désolée sœurette, mais je ne te crois absolument pas.

— Pourquoi es-tu aussi méchant avec ta sœur, Valentin ? lui demanda mon père.

— Bah, c'est-à-dire que... bredouilla, mon frère en baissant la tête.

— On t'écoute, s'impatienta, ma mère.

Tu te souviens du jour où...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant