Chapitre 32 : Emmy.

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« Celui qui, par quelque alchimie, sait extraire de son cœur, pour les refondre ensemble, compassion, respect, besoin, patience, regret, surprise et pardon, crée cet atome qu'on appelle l'amour. » - Khalil Gibran

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Depuis ce week-end, je n'avais toujours pas osé demander à Chris son avis sur mes tatouages. Du moins, deux d'entre eux étant donné que les autres, il ne les avait pas vu. Il n'en avait pas eu le temps.

En me téléphonant, ma mère avait brisé ce cocon dans lequel nous nous étions enfermés. Cocon dans lequel le désir primait sur tout le reste. Mais en répondant, j'avais tout fait explosé et je m'en voulais encore aujourd'hui.

Toutefois, j'avais pensé que ses yeux sur moi m'auraient dérangé, mais ce ne fut le cas qu'au début seulement. Juste pendant les trois petites secondes qui s'étaient écoulées avant qu'il ne pose sa main sur moi. Trois secondes interminablement longues. Puis une seule avait été nécessaire pour que je daigne enfin à ouvrir les yeux pour regarder les siens, rivés sur mon ventre. Aucune trace d'animosité, aucune lueur de dégoût, encore moi de la peur. Seulement de l'envie et du désir émanait de lui, alors je m'étais complètement abandonnée à lui.

Quand ses lèvres avaient rejoint ses mains sur ma peau, ce fut une explosion à l'intérieur de moi. Incomparable à cette fois où il avait regardé mes tatouages lorsqu'il ne voyait pas. Bien au dessus de tout. Là, il me voyait. Réellement. Et je pouvais le voir moi aussi. Voir ses yeux briller d'envie, ses dents mordre sa lèvre inférieure comme s'il se contenait tant bien que mal. Le voir lui, tout simplement.

Mais ma mère avait fait son apparition, et puis plus rien. Il était parti quelques minutes plus tard pour rentrer chez lui, et je m'étais endormie seule. Comme il commençait les cours plus tôt que moi, il ne voulait pas devoir me réveiller. Je me fichais un peu de me lever une heure plus tôt mais peut-être n'avait-il tout simplement pas envie de rester. Surtout après avoir été rejeté de la sorte... Qu'est-ce j'étais stupide ! Julia aurait été à mes côtés, elle aurait hoché la tête en approuvant mes dires.

Pourtant, malgré ma réaction pendant cet instant magique, Chris m'avait demandé de rester chez lui ce soir. Je n'hésitais plus désormais, puisque je savais ce que je voulais. Et depuis que j'avais vu son regard sur moi, je lui faisais un peu plus confiance. Petit à petit, je réussissais à lui accorder ma confiance. Mais je craignais toujours sa réaction sur certains points qu'il ignorait.

- C'est parce que tu réfléchis que tu n'écris plus depuis cinq minutes ? se moqua Chris.

- Oui.

- Tu mens.

- Non.

- Très bien. Alors à quoi tu réfléchis ? demanda-t-il en posant son ordinateur pour se tourner vers moi.

- À nous.

Je recommençai à taper sur le clavier quand l'absence de réponse de la part de Chris m'interpela. Je me tournai vers lui. Il me regardait étrangement et ne souriait plus. Je me rendis compte qu'il avait mal interprété ce que je venais de dire et je commençai à m'affoler.

- Non non, c'est... Je réfléchissais seulement à notre relation et...

Il fronça les sourcils. Je m'enfonçais...

- Je pensais seulement à la confiance que j'ai envers toi.

Il s'installa un peu plus confortablement pour m'écouter attentivement.

- Je t'avais dit que j'essaierai de te faire confiance, et je commence à y arriver. Petit à petit. Je ne sais pas si tu le vois mais c'est le cas.

Avant de te voirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant