Chapitre 8 : Emmy.

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« Lorsqu'on est enfant, on pense que quand on grandit on n'est plus vulnérable, mais grandir c'est accepter sa vulnérabilité et être en vie, c'est être vulnérable. » - Madeleine L'Engle

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Pourquoi fallait-il que je finisse à dix-huit heure le vendredi ? C'était le seul jour de la semaine où je finissais aussi tard et je détestais le vendredi. C'était aussi le jour le plus long de mon emploi du temps qui comptabilisait à lui seul neuf longues heures de cours.

Juste après le cours de philosophie, j'ai rapidement dis au revoir à Julia et j'ai quitté l'amphithéâtre. Elle était beaucoup trop lente pour ranger ses affaires et sortir de cours, alors je l'ai laissée sur place, un sourire entendu pendu à ses lèvres. Je lui avais raconté que j'allais voir Chris ce soir alors elle fut hystérique toute la journée. J'ai même dû lui promettre de tout lui raconter, mais ça, je m'en serait doutée.

De mon côté, j'étais stressée. J'étais déjà sortie avec quelques garçons, mais aucun comme lui. Je pense que passer une soirée avec lui jouerait largement en ma faveur étant donné que j'étais mal à l'aise en public, et encore plus avec un homme. Le fait qu'il ne puisse pas me voir m'arrangeait beaucoup. Aussi, Julia avait-elle peut-être raison...

En arrivant chez moi, j'ai seulement sorti mon ordinateur de mon sac pour qu'il ne soit pas encombré de quelque chose d'inutile. Avant de partir, je suis tout de même passée par la salle de bain pour voir de quoi j'avais l'air et je me suis contentée de retoucher le fin trait noir sur mes paupières, puis je suis sortie pour aller rejoindre Chris. Je lui avais dis de venir devant le bâtiment de biologie puisque je savais que c'était un lieu qu'il connaissait.

Mes sept minutes d'avance m'ont permis de penser à cette soirée en l'attendant. Je me demandais vraiment où nous pourrions aller. Il m'avait dit que nous irions manger quelque part et j'espérais sincèrement qu'il ne me proposerait pas un fastfood. Je détestais ces endroits. Rien n'était mangeable selon moi. Sauf peut-être une petite exception pour les salades, et encore ! On ne savait jamais comment ils fabriquaient tout cela...

En voyant Chris arriver, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'il avait beaucoup de classe, tout de noir vêtu. Ses cheveux bruns en bataille bougeaient à chacun de ses pas et ses lunettes de soleil ajoutaient beaucoup de charme et de mystère malgré le temps qui n'était pas vraiment au beau fixe. Seule sa canne blanche détonnait dans sa tenue sombre, et d'ailleurs, si cet objet n'était pas en sa possession, on aurait pu trouver étrange de voir un mec porter des lunettes noires aujourd'hui.

Quand il arriva à ma hauteur, je l'ai salué, le sourire au lèvres.

- Emmy, tu vas bien ?

Depuis la seconde fois où on s'était vu, il reconnaissait ma voix, ce qui m'impressionnait à chaque fois, même si ce devait devenir une habitude pour lui.

Il tendit la main pour la poser sur mon épaule et se pencha un peu pour me faire la bise. Quand sa joue toucha la mienne, sa courte barbe piqua légèrement ma peau mais ce n'était pas pour déplaire. Au contraire ! Et puis, grâce à cette proximité, j'avais sentir les effluves de son parfum que j'adorais. C'était peut-être étrange, mais j'aimais percevoir le parfum des personnes quand elles étaient proches de moi. Cet élément, dont peu de monde faisait attention, faisait partie de la personnalité en quelques sortes. Ou peut-être étais-je la seule à penser cela, et donc, la seule à être très bizarre. Mais bon, j'avais l'habitude de me différencier des autres. Je n'étais plus à ça près !

- Super et toi ? lui répondis-je.

- Pareil, me sourit-il. Est-ce que tu connais le petit restaurant au bas de l'avenue ? L'océan ?

Avant de te voirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant