Avant de te voir

Chapitre 35 : Chris.

« La vie des morts consiste à survivre dans l'esprit des vivants. » - Cicéron

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- Quoi ?

Ce mot sortit spontanément de ma bouche. Je n'étais pas sûr d'avoir bien entendu, mais au vu de son regard franc braqué sur moi, les mots étaient bel et bien réels.

- Ta petite sœur ? répétai-je incrédule.

- Oui.

- Mais je croyais... Tu m'avais que tu étais fille unique.

- Je le suis.

Je fronçai les sourcils, décontenancé.

- Mais je ne l'ai pas toujours été.

Durant un moment, rien ne se passa dans ma tête. Je ne compris pas la portée de ses mots dans l'immédiat. Puis j'en saisis le sens. Et je me sentis con. Inutile et stupide de lui avoir posé cette question.

Je portai à nouveau mon regard sur le cadre. Une petite fille aux couettes blondes de quatre ou cinq ans riait aux éclats à côté de son aînée qui la regardait avec amour. Elle se ressemblaient beaucoup toutes les deux et les mêmes perles brunes aux pointes dorées brillaient dans leur regard. Mon cœur se serra.

Je me tournai vers Emmy, ne sachant que dire. Quoi faire. Ma bouche s'entrouvrit pour dire quelque chose, mais je n'y arrivais pas. Son regard sur moi m'en empêchait. Alors je fermai les paupières.

- Je suis désolé.

Cette phrase ne servait à rien, mais je ne savais pas quoi dire d'autre.

Je m'excusai pour quoi au juste ? Pour lui avoir posé une question embarrassante ? Pour ne pas m'être aperçu de ça avant ? Pour sa sœur qui...

Je rouvris les yeux. Emmy me regardait toujours, mais ce n'est pas ça qui me surpris le plus.

Elle souriait. Pas de ce sourire qui étirait ses lèvres d'une oreille à l'autre en dévoilant la blancheur de ses dents. Non. Un léger sourire. Petit, simple et sublime.

Sa main se porta lentement à ma joue.

- Ne le sois pas.

- Si, je... Excuse-moi. Je ne pensais pas que... Si tu ne veux pas m'en parler, ce n'est grave, bafouillai-je lamentablement, troublé par ce joli sourire.

- Ça va. Je te le promet.

Le pire était que sa phrase était sincère. Elle allait bien. Peut-être m'étais-je trompé finalement, que sa sœur était encore de ce monde et que j'avais mal comprit.

- Je veux t'en parler. Si tu veux bien m'écouter, bien sûr.

- Évidemment que je le veux.

Son sourire s'effaça et elle prit une grande inspiration, avant de s'emparer de ma main.

- Je ne parle jamais de ça alors je ne sais pas trop par où commencer, rit-elle nerveusement.

- Prends ton temps, lui dis-je en amenant sa main à mes lèvres pour y déposer un baiser.

Elle hocha la tête et baissa les yeux quelques secondes, avant les les relever vers moi.

- Jena est née quand j'avais quatre ans. Depuis qu'elle était bébé, j'ai toujours été proche d'elle. Je ne la lâchais jamais. J'étais fière d'être une grande sœur et chaque fois qu'elle riait, je riais aussi. J'aimais la faire rire.

Emmy était plongée dans ses pensées et l'entendre parler comme ça me fit sourire moi aussi. Mais ce sourire se fana rapidement en même temps que le sien.