« Effacer le passé, on le peut toujours : c'est une affaire de regret, de désaveu, d'oubli. Mais on n'évite pas l'avenir. » - Oscar Wilde
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Reste.
Un seul petit mot qui avait réussi à me faire succomber et lâcher prise. Totalement.
C'était déroutant de constater à quel point le côté raisonnable de ma personnalité prenait le large en présence de Chris. Ou plus précisément, en présence des lèvres de Chris sur les miennes.
Il avait mis tellement d'énergie dans ce baiser hier soir que je n'avais pas eu le temps de me poser de questions, ou de comprendre ce qu'il se passait. Mon corps avait réagit à ma place, répondant passionnément à ce baiser, sans que je ne puisse le contrôler d'une quelconque manière. Ça ne m'était jamais arrivé jusqu'à hier soir. Ou plutôt, jusqu'à la semaine dernière, lors du premier baiser que j'avais souhaité reproduire à plus d'une reprise ces derniers jours.
Mais je n'aurais pas dû. Je n'aurais pas dû le laisser m'embrasser la première fois, ni l'embrasser la seconde fois, et encore moins le laisser prendre possession de ma bouche comme il l'avait fait quelques heures auparavant. Et je n'aurais définitivement jamais dû me réveiller dans son lit ce matin.
Toutes mes convictions - aussi infimes puissent-elles être - avaient prit le large et m'avaient lâchement abandonnées à mon sort. C'est ce qu'elles faisaient depuis plusieurs jours. Tout comme mon libre arbitre d'ailleurs. Je n'étais plus maitre de moi et de mes décisions depuis que Chris m'avait vue. Peut-être même avant. Je ne me rappelais pas à partir de quand j'avais commencé à m'attacher à lui à ce point. Et ça me terrifiait.
Mais en ce moment, je n'étais plus terrifiée, mais pétrifiée. Je n'avais jamais fait ça auparavant, quitter l'appartement d'un homme au petit matin après avoir passé la nuit dans son lit. J'avais imaginé faire comme dans les films, c'est-à-dire, prendre mon sac et mes chaussures à la main et sortir silencieusement. Mais dans quel film le frère jumeau de l'homme en question au sommeil très léger dormait sur le canapé, situé juste à côté de la porte d'entrée, fermée à clé ?
Prise sur le fait, et rouge de honte, je m'étais retrouvée assise sur une chaise de la cuisine, un chocolat chaud fumant entre mes mains, alors que deux billes bleues me fixaient intensément comme si elles étaient capables de pulvériser sur place.
- Tu allais partir.
Ce fut sa première phrase. Ce n'était pas une question, mais je répondis tout de même en ne lâchant pas son regard ardant des yeux.
- Oui.
- Pourquoi ?
- Ça ne te regarde pas Andrew. Tu ne voudrais pas me donner les clés s'il te plait ?
- Pas avant que tu ne répondes à mes questions.
- Et si je ne veux pas ? le défiai-je.
Les clés en question, qu'il tenait entre ses mains depuis cinq bonnes minutes juste sous mes yeux, venaient de disparaitre dans la poche de son jean, qu'il s'était donné la peine d'enfiler avant de me rejoindre dans la cuisine.
- Pourquoi tu as voulu partir comme une voleuse ?
- Parce que.
- Vous ne sortez toujours pas ensemble ?
- Non.
- Donc hier soir, en boite, c'était seulement une danse sexy et un baiser sensuel entre vous sans signification aucune ?
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Avant de te voir
Romansa« Les choses profondes sont toujours préparées et enveloppées par une certaine obscurité : les étoiles n'apparaissent que dans la nuit. » - Gustave Thibon, L'échelle de Jacob. *** « Je voulais la voir. De plus en plus. Plus les jours passaient, plus...