Avant de te voir

Chapitre 43 : Chris.

« J'ai aimé jusqu'à atteindre la folie ; ce que certains appellent la folie, mais ce qui pour moi, est la seule façon d'aimer. » - Françoise Sagan

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J'avais mis longtemps à comprendre que j'aimais Emmy, et j'ignorais exactement à quel moment j'étais devenu à ce point dépendant d'elle. Quand on avait dansé ensemble la toute première fois, en boite ? Quand elle avait dormi dans mes bras ce même soir ? A notre premier rendez-vous entre amis au restaurant ? Ou alors quand j'avais posé mes mains sur son visage pour la regarder, que j'avais exploré chaque millimètre de sa peau, que j'avais senti des frissons naitre sur ses bras et que je m'étais retenu tant bien que mal de déposer mes lèvres sur les siennes. C'était probablement à cet instant que son prénom s'était gravé en moi et que plus rien m'importait, tant qu'elle était au près de moi.

Mon frère l'avait compris avant moi, et j'ignorais pourquoi je tenais tant que ça à le nier. Sûrement parce que j'étais aveugle. Mais maintenant que je voyais parfaitement clair, j'étais sur le point d'assister à une scène que je n'aurais jamais voulu imaginer : Emmy voulait partir. Sortir de ma vie. Mais je ne pouvais pas la laisser faire.

Je caressais sa joue avec mon pouce, mes autres doigts posés sur sa nuque et je gardais mes yeux rivés au siens. Maintenant que je lui avais accidentellement dit ce que j'éprouvais pour elle, je ne pouvais plus faire demi-tour.

- Je suis tombé amoureux avant de te voir Emmy. Avant même de pouvoir regarder tes jolis yeux, j'étais déjà raide dingue de toi.

Elle semblait sous le choc et à la fois effrayée. Surprise par mes mots, indécise sur ce qu'elle devait faire, et aussi silencieuse qu'immobile. Même ses paupières ne bougeaient pas. J'avais peur de l'avoir perdue. Tellement peur que mes mains commençaient à trembler et je me retrouvai à la supplier une fois de plus. Peu m'importait l'air désespéré que je devais avoir, je ferais n'importe quoi pour qu'elle reste.

- Mon Ange, ne me laisses pas... soufflai-je faiblement pour tenter de la faire réagir.

Elle y parvint après quelques secondes de silence et baissa les yeux.

- Tu ne dois pas m'aimer, murmura-t-elle.

- C'est trop tard pour ça.

Ma phrase eut le pouvoir de la faire sortir de sa trans et elle recula vivement de deux pas, rompant tout contact entre nous.

- Emmy...

- Non, fit-elle en secouant violemment la tête. Je ne suis pas pour toi Chris et j'aurais dû partir depuis longtemps. C'est ce que je vais faire et je te demande de me laisser partir et de m'oublier.

Sur le coup, j'eus envie de rire. Elle me demandait seulement de la laisser s'éloigner de moi à jamais et d'oublier le moindre souvenir d'elle et de mes sentiments pour elle ? C'était tout bonnement impossible ! Ne se rendait-elle vraiment pas compte de ce qu'elle provoquait en moi ? De ce que je ressentais pour elle ? Ne voyait-elle pas à quel point j'avais mal en ce moment à l'idée qu'elle puisse disparaitre d'une seconde à l'autre ?

- Ce que tu me demandes...

- Tu le feras, me coupa-t-elle durement. Tu le feras parce que tu n'auras pas le choix.

Sur ces mots, elle se mit à genoux et referma sa valise quasiment vide.

- Tu penses vraiment que je suis capable de t'oublier du jour au lendemain ? D'oublier que ce que je ressens pour toi ? Tu es naïve à ce point ?

Elle se remit debout et me défia du regard. Ses yeux étaient si sombres, je n'avais jamais vu ça. Sauf hier, lorsqu'on avait parlé de sa potentielle grossesse.