Avant de te voir

Bonus 3 : Emmy.

Cinq ans plus tard

- C'est bon ! Les filles sont couchées, m'exclamai-je en fermant la porte de notre chambre.

- Pas pour longtemps, marmonna Chris en continuant de taper sur son clavier d'ordinateur, adossé à la tête de lit.

Je retirai mon pantalon de pyjama et m'allongeai près de lui, sous la couverture.

- J'ai allumé sa veilleuse, le prévins-je.

- Et tu crois que ça va changer quelque chose ? rit-il en me jetant un coup d'œil amusé.

- On verra bien !

Je réglai rapidement mon réveil sur mon téléphone et regardai l'écran de l'ordinateur.

- Tu fais quoi ?

- Je calcule les moyennes des élèves.

- Et ça donne quoi ?

- Catastrophique ! soupira-t-il.

Chris, comme une grande majorité des professeurs de la planète j'imaginais, adorait son métier mais ne saisissait pas pourquoi les étudiants ne comprenaient rien à sa matière. Comme partout, il y avait des exceptions, bien entendu, mais ça ne suffisait pas à mon mari.

- Tu comprends enfin ce que ressentaient tes profs au lycée ! ris-je en voyant sa mine dépitée.

- Je sais que le français c'est compliqué, mais quand même ! Regarde, dit-il en me pointant une ligne sur l'écran. Hannah a seulement trois et demi de moyenne, alors que Elliott a presque dix-huit. C'est que c'est pas si compliqué, non ?

Une fois de plus, j'explosai de rire devant son mécontentement et son incompréhension. C'était toujours le même discours !

- Eh oui, Chris. Tes élèves ne sont pas tous bilingues.

- Ils devraient.

Je fermai l'ordinateur et m'en emparai pour le poser sur la table de chevet.

- Si tu continues à regarder ça, tu vas en faire des cauchemars, dis-je sérieusement.

- Vas-y, moque-toi, soupira-t-il en levant les yeux au ciel.

Un sourire se dessina néanmoins sur ses lèvres et il s'allongea dans le lit, un bras replié sous sa tête. J'en profitai pour passer une jambe par dessus les siennes et m'installer à califourchon au dessus de lui. Sa main se posa immédiatement sur ma hanche et un sourire sexy se dessina sur ses lèvres.

- Je ne risque pas de faire de cauchemar, là, murmura-t-il en me fixant intensément.

- Je vais m'en assurer, ne t'inquiète pas, lui souris-je avant d'enfouir mon visage contre son cou pour embrasser sa peau.

- Je n'en doute pas, répondit-il dans un soupir de satisfaction.

Ses deux mains passèrent sous mon tee-shirt pour caresser mon dos nu et me rapprocher de lui. Je continuai mon chemin de baisers en descendant le long de son cou, passant sur sa clavicule, puis sur son torse. Un éclair lumineux filtra soudainement à travers les volets puis le tonnerre gronda fortement au loin. J'interrompis alors mon geste et relevai la tête. La même air blasé s'affichait sur son visage. Je m'affalai alors sur la matelas, à contrecœur, pendant que Chris entamait le décompte :

- Cinq. Quatre. Trois. Deux...

La poignée de la porte de la chambre s'abaissa violemment et la porte tapa contre le mur lorsqu'une petite tornade blonde en pyjama mauve entra dans la pièce en hurlant.

- Maman ! Papa ! Le Père-Noël est encore en colère !

Elle se hissa difficilement sur le lit et se jeta littéralement entre Chris et moi, rabattant la couverture sur sa tête tout en serrant son doudou contre son petit cœur.