Les robes aux multiples couleurs couvrent le sol de leur tissu unique et hors de prix, les costards ramènent quant à eux plus de simplicité. Les coupes de champagne s'entrechoquent dans un son familier qui se fond avec celui des rires et de la musique jouée par l'orchestre dans un coin de la salle. Au dessus de la tête des invités, dans la salle de bal, se porte fièrement un lustre en cristal illuminant les danseurs. Les plus vieux parlent du bon vieux temps, les plus jeunes parlent des derniers potins et des prochaines soirées à venir, tandis que ceux au centre profitent de l'occasion pour parler affaire.
Dans un coin sombre de la pièce, je me tiens, moi, Maia Davis, tandis que l'homme à mes côtés tente d'attirer mon attention. Pensive, je me contente d'hocher de temps à autres de la tête en lui accordant lorsqu'il rit un sourire forcé. Je précise que je suis là contre mon gré, que c'est ma prison dorée et que l'on m'a forcé à sortir de ma chambre se trouvant à l'aile opposée de la salle de bal. Cameron, le fils d'un bon ami à mon père, ne semble pas offusqué du peu d'attention que je lui accorde. Malheureusement, les histoires des derniers profits de son paternel ou bien les ragots de son école ne m'intéressent guère.
Mes fesses ne supportent plus d'être posées sur cette chaise et me prient en me faisant souffrir de bien vouloir me dégourdir les jambes. De toute façon, cela me permet d'éviter une énième histoire du jeune homme gringalet à lunettes assis sur la chaise voisine, tout aussi seul que moi. Je ne peux contredire sa gentillesse évidente et son intelligence qui lui a valu d'intégrer une des meilleures écoles des États-Unis, mais ce n'est pas vraiment avec lui que je souhaite passer le reste de ma soirée.
Pour m'excuser, je lui offre un sourire qu'il me rendit après m'avoir dévisagé un court instant, puis m'en vais vers le buffet en contournant la foule dansante. Un homme m'offre une coupe que j'accepte volontiers avant d'enfourner dans ma bouche un petit four.
Les yeux noisette de la goinfre que je suis balayent les personnes accaparant ma maison et je maudis une fois de plus la richesse de mes parents, ainsi que leur popularité auprès des bons partis. Comment ne pas les adorer après tout ? Ma mère est une grande avocate qui fait partie de diverses associations pour les femmes et les enfants battus, ainsi que pour les personnes malades. En plus d'être magnifique, elle est toujours souriante et bienveillante. Mon père ? Un homme d'affaires honnête et je peux vous assurer que c'est rare. C'est aussi un homme qui a gâté peut-être un peu trop sa fille unique, ce qui lui a valu de se coltiner une sacrée crise d'adolescence de sa fille unique, le pauvre. Il est aussi un homme qui donne aux autres et qui se trouve dans le top vingt des hommes les plus influents du monde selon le Times, rien que ça.
L'honneur de cette soirée ? Une nouvelle amitié avec une famille du nom de Henderson, ce qu'on peut autrement nommer comme très bons partis. C'est surtout que mon père et Monsieur Henderson ont des projets en communs dirons-nous.
- Maia, enfin je te trouve, m'appelle une voix claire à travers la foule.
En soupirant, je reprends la coupe que j'avais posé sur la table couverte d'un drap blanc puis me tourne vers ma mère plus resplendissante que jamais.
- Que fais-tu ici toute seule ? se donne-t-elle la peine de me demander tout en me souriant de ses dents immaculées.
- Je me désaltère, répondis-je en lui mettant sous le nez le verre de champagne à moitié plein.
Un court instant, je la vois froncer des sourcils avant de lisser les plis de sa longue robe en soie rouge. Travail achevé, elle relève ses yeux verdoyants vers moi, le sourire disparu.
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Frénésie
RomanceLa frénésie ... Elle peut se présenter comme un simple enthousiasme très vif qu'on ressent à la fin d'un spectacle émouvant. Elle peut être un état d'exaltation violente, d'égarement, menant aux pires excès. Et il y a pour finir ce qu'on peut désign...