Chapitre 34

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Une vive lumière vient me sortir de mon sommeil avec toute la mauvaise humeur du monde. Ce réveil brutal m'arrache un long grognement et je parviens à peine à remuer, comme si mon corps était encore endormi. S'installe alors en moi un mauvais pressentiment qui ne fait que croître au fil des secondes qui passent. Peu à peu, je regagne de la mobilité et sous moi se trouve non pas un simple lit mais une chaise en bois, d'où ma douleur dans la dos. Ensuite je tente de bouger désespérément mes bras or ces derniers sont joins à l'arrière et mes jambes entre elles.

Je parviens enfin à soulever mes paupières bien plus lourdes qu'à leur habitude et découvre la pièce dans laquelle je me trouve : un espace clos fait de murs en plaques métalliques. La panique me consume et, sans réfléchir, je me mets à crier à l'aide, espérant de découvrir un visage familier et qu'on me dise que ce n'était qu'une mauvaise blague.

Mes appels durent un temps pendant lequel j'essaie de me défaire de mes liens, écorchant mes poignets mais cela n'avait pas d'importance. Un cliquetis en direction de la seule porte de cet petit espace vient me clouer le bec. Mon cœur accélère et je retiens ma respiration alors que la lourde porte s'ouvre dans un long bruit désagréable.

À la vue des personnages, je lâche un hoquet de stupeur tandis que ma dernière soirée me revient en mémoire, surtout la partie avec Dave. Ce dernier, avec un air gêné peint sur le visage, se colle dans un des coins en silence. Je voulais un visage familier, je l'ai eu. Néanmoins, il n'est pas tout seul. Alors que je digère à peine de le voir lui, ici, je remarque à ses côtés deux autres personnes dont une attire particulièrement mon attention.

- Je t'ai manqué mon cœur ?

Une grimace se dessine sur mon visage alors que je le dévisage de haut en bas. Cet homme mélange aussitôt en moi diverses émotions avec l'aide de Dave, cependant une en ressort en particulier ... La colère. Non, la haine.

- Vous êtes de vrais fils de pute, je leur crache soudainement lorsque ma peur s'est envolée.

Le premier coup est parti sans que je n'ai eu le temps de rajouter autre chose et dieu seul sait tout ce que j'avais à leur dire. Ma joue prend rapidement une teinte rouge pétant et je devine que l'on distingue la trace de la main de Daniel. Ce dernier s'accroupit pour être à ma hauteur et je le regarde avec des envies meurtrières comme jamais. Arborant fièrement son sourire en coin et son bandana bleu, il m'observe avant de passer la langue sur ses lèvres ce qui m'arrache une seconde grimace de dégoût.

- Tu es une véritable salope, mais une salope de qualité, conclut-il en détaillant mon corps toujours vêtu de la robe de hier. Je comprends pourquoi Ash tiens tellement à ta petite personne.

- Et je comprends pourquoi tu peux pas lui revenir, t'as vraiment une sale gueule, je réponds en lui crachant de nouveau à la figure.

J'ai juste le temps de voir son visage se métamorphoser en une colère fulgurante avant que le poing soit dégainé et atterrisse de plein fouet sur mon visage. Je lâche un long râle tout crachant du sang sur le sol. Mon regard haineux se tourne à nouveau vers l'homme lorsque je remarque le liquide pourpre sur le sol.

- T'attends quoi de moi ? je lui demande beaucoup moins railleuse, la voix grave.

- J'ai des tonnes d'idées de ce que je pourrais faire de toi, ricane-t-il.

La lueur sombre et mesquine que je perçois dans son regard m'horripile et me dégoûte à la fois. Ses sous-entendus me donnent envie de le massacrer, mais même les liens défaits, je ne pourrais pas faire le poids face à lui et ses hommes ...

- Pour l'instant, tu vas attendre sagement, c'est tout ce qu'on te demande. Tu t'en croies capable ?

- Va te faire foutre ! je balance, hargneuse.

- Reste aussi arrogante, ça me plait, m'avoue le chef des Blue Devils.

Cette lueur malsaine se lit une fois de plus dans son regard et j'ai fortement envie de vomir. Cet homme, aussi beau soit-il, me répugne comme jamais auparavant. Il a cette façon d'être qui me donne sans cesse envie de lui cracher à la gueule et de l'empêcher d'avoir une descendance.
N'empêche, cette fois je ne rajoute rien de plus et me contente de le regarder sortir de la pièce avec toute la haine de l'univers.

- Dave, j'appelle d'une voix ferme.

Le métisse se tourne vers moi alors qu'il allait s'en aller l'air de rien. Pendant un temps, je le détaille de mes yeux sombres. Lui aussi me dégoûte à présent. Moi qui me suis fait du soucis pour lui alors qu'il devenait étrangement distant, cet homme fraternisait en vérité avec nos ennemis. Sûrement préparait-il depuis le début cet enlèvement. Dans tous les cas, je suis convaincue de deux choses : il m'a drogué en m'offrant de l'eau et c'est le pire des traîtres.

- Quoi ? lance-t-il d'une petite voix qui ne me fait pas le prendre en pitié.

- Crève en enfer, connard.

Une étrange lueur vient voiler son regard un court instant avant que ce dernier s'assombrisse à nouveau.

- Tu vas crever dans tous les cas, t'es au courant ?

Je prends une inspiration en regardant le sol avant de déposer mes yeux à nouveau dans les siens.

- Je suis au courant, mais tu crèveras avec moi, sous ma main ou sous celle d'Asher. T'es au courant de ça ?

- Je suis au courant, répond-t-il froidement.

- Sauf que moi je vais mourrir en pauvre victime et toi en un putain de traitre. Peut-être te laisser vivre est plus intéressant ? Je te connais assez maintenant. Tu es prêt à vivre avec ça sur la conscience ? En temps que traitre ? Après avoir trahi ton meilleur ami ? T'es pire que con ; tout ça sans raison. Peut-être tu espérais juste devenir le nouveau chef des Angels ? Alors t'es encore plus con que je le pensais. En tout cas, tu vas souffrir d'une manière ou d'une autre, j'ai confiance en Asher pour ça. Je t'espère tous les malheurs du monde sale fils de pute et, si t'es pas au courant, t'as aucune chance avec les Blue Devils. Sur ce, dégage de ma cellule pauvre con avant que ton maître se rende compte que tu n'es plus là, sale chien.

Il m'a laissé finir ma tirade dont je n'étais pas peu fière même si mes parents en auraient horreur. La pensée de mes géniteurs à cet instant, dans un tel moment, m'arrache un sourire en coin que Dave ne semble pas comprendre. Je m'attends à un coup après mes sales paroles mais je ne reçois rien. Le traitre se contente de tourner les talons, tête haute, l'air de rien, et sort de la pièce en me laissant seule à nouveau.

Bon sang, Asher soit le prince charmant pour une fois et vient me chercher ...

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Pas corrigé ... M'en voulez pas !

FrénésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant