Frénésie

Chapitre 13

Le printemps est vraiment ma saison favorite. Adieu froid et neige et bonjour chaleur et soleil ! La douce fin de journée au coin du feu, emmitouflée dans les couvertures, ne suffit pas à me faire aimer l'hiver. Je préfère amplement me prélasser au soleil en regardant le ciel bleu avec au coin de l'œil les arbres qui bourgeonnent.

Vêtue d'une robe rouge pétante et d'escarpins noirs, j'attends patiemment Jade qui finit de se maquiller en regardant Los Angeles.
Après avoir cherché dans mon dressing pendant un temps incroyable, mon amie est tombée sur la robe que je porte à présent et je n'ai pas eu d'autres choix que de la mettre. Elle peut être légèrement tyrannique sur les bords ce petit bout de femme.

Cette dernière accroche la dernière pince dans son chignon négligé et se retourne vers moi avec un air triomphale.

- Tadaaam ! chantonne-t-elle gaiment, visiblement enjouée à l'idée de cette soirée.

- Splendide, je ricane en arquant un sourcil, l'air moqueur.

Elle me tire la langue en prenant un air faussement boudeur. La chaise roulante recule d'un mètre tandis que la jeune femme se propulse sur ses pieds. Ses yeux malicieux me montrent qu'elle a une idée derrière la tête et cela m'inquiète.

- Jade, qu'est-ce que tu nous as prévu ?

- Une soirée en boite, c'est tout, dit-elle de façon innocente, le regard fuyant.

Je fronce les sourcils mais n'insiste pas car elle s'empresse de me saisir le bras, l'enthousiasme retrouvé, et se dirige vers la sortie.

- Dépêchons nous, Nathan doit déjà nous attendre ! s'exclame Jade en joignant le geste à la parole et en pressant le pas.

Je soupire, déjà ennuyée et amusée à la fois par l'excès d'énergie de mon amie. L'air triste, je regarde mon lit et lui promets silencieusement de revenir au plus vite avant de fermer la porte de ma chambre.
En effet, à l'extérieur nous attendait Nathan, les mains dans les poches de son jeans, vêtu d'un haut noir simple, à côté de sa voiture. Une Mercedes qu'il avait pu se payer l'année dernière grâce à son travail de journalisme.

Bien vite nous arrivons au centre ville et pas loin de là, nous nous garons avant de marcher jusqu'à la boite de nuit conseillée par l'amie de Jade. Nous atterrissons devant un vieil immeuble aux briques claires avec en gros sur la palissade le nom de l'endroit. Avec Nathan nous nous échangeons des regards méfiants en voyant les personnes autour de nous, personnes toutes louches.

- Si un jour je l'oublie, rappelez moi que je ne souhaite pas rencontre tes amis Jade, marmonne Nathan alors qu'un homme le bouscule tandis que nous nous plaçons dans la queue.

- Arrête de te plaindre mauviette, se moque la jeune femme en lui lançant un sourire malicieux par-dessus son épaule.

- Pour une fois je suis d'accord avec la mauviette, je lâche en distinguant dans une ruelle sombre non loin de nous un groupe d'hommes accompagné de quelques filles dénudées.

Je sais bien que ma robe est peut-être mi-cuisse, mais tout comme mon décolleté, ça reste respectable moi ! Ces filles gloussent et se déhanchent devant ses hommes aux airs répugnants, j'ai envie de vomir. J'ai traîné dans des endroits louches, ça m'a même amusé, or je trouve ça dégoûtant à présent. En remarquant que je parle comme ma mère, je fronce les sourcils. Pitié, je ne veux pas devenir comme elle.

- Oh on se calme avec les "mauviette" ou je me casse et je vous laisse crever ici, maugrée Nathan, légèrement irrité.

Je glousse, accompagnée de Jade, avant de poser une main sur son épaule. Il lève les yeux au ciel, comme si il implorait le seigneur de le sortir de cet endroit avant de revenir à la réalité et de poser son regard sur nos deux personnes.